mercredi 21 juillet 2010

Un album #3 : Wild Nothing - Gemini [2010]

Jack Tatum est jeune, et Jack Tatum est tout seul pour mener l'un de ses multiples projets, nommé Wild Nothing. Un nom énigmatique, pour un album, intitulé Gemini, qui ne l'est pas moins, tant il semble sortir de nulle part, le bonhomme ne s'étant révélé que tard en 2009 avec son premier single. La trajectoire est donc météorique, et peut-être faut-il simplement aller chercher les raisons à celà dans la musique de l'américain (en tous cas, pas dans un artwork un peu douteux) ...

L'ouverture est confiée à Live In Dreams (=>), qui pose assez clairement les lignes du son des quarante minutes à suivre : fade-in, nappes synthétiques douillettes, guitare froide, voix discrètement plaintive (un peu comme si Alec Ounsworth, se mettait à chuchoter). Mais surtout, mélodie éclatante et séduisante qui porte une composition baignée de candeur adolescente ("Because our lips won't last forever, and that's exactly why I'd rather live in dreams and I'd rather die."). La claque est assez magistrale, et on se prend donc à rêver. D'autant que c'est le très bon single Summer Holiday (=>) qui prend le relais, laissant entrevoir une noisy-pop ensoleillée, encore une fois assez naïve, faite de ces guitares qui tournoient longtemps dans les têtes. Il est cependant compliqué pour un être humain d'enchainer beaucoup plus de tueries sans faiblir un seul instant. Idée malheureusement confirmée par la suite de l'album. Si Drifter (=>) peut encore soutenir assez bien la comparaison, avec ses arpèges malicieux, son synthé très 80's et son refrain bousculé, on peine à trouver un réel intérêt à Pessimist (noyée chez 4AD, mais sans la maitrise), O, Lilac (bancale et réchauffée), ou Bored Games (qui ne décolle jamais vraiment). Un signe d'immaturité, tant le ressort mélodique demeure malgré tout intéressant.



L'aérienne Confirmation (=>) rassure néanmoins dans la foulée, avec sa guitare touchée de la grâce d'un Johnny Marr, et sa basse agile qui rappelle un peu The Wake (pensionnaires de Sarah Records et de la Factory, rappelons-le). On ne retiendra que partiellement My Angel Lonely, exercice de style sur le drum beat de Be My Baby, et ses couplets tout aussi poussifs que son refrain est agréable. The Witching Hour (=>) traine en terres électroniques décadentes une mélancolie un peu trop pesante, là encore seulement éclairée par un refrain saccadé mais grandiose. La vitalité fait son retour sur l'entrainante Chinatown, qui va chercher chez Even As We Speak une énergie et une fraicheur bienvenues. L'ensemble de la composition est pour le coup tout-à-fait au niveau du refrain qui domine le tout d'un oeil coquin. Même sensation de jeunesse timidement insolente sur Our Composition Book (=>), lancée façon TGV, les touches de guitare égrenant autant d'arbres trop vite dépassés, jusqu'à un émouvant passage sur un pont, qui semble surtout nous faire décoller des rails. Magique. Il est l'heure de conclure sur la chanson-titre Gemini (=>), étirée en de froides couches de synthés, venues glacer un morceau qui semble se perdre dans l'indicible. "Se perdre", c'est d'ailleurs bien la problématique de ce premier album, partagé entre évidences marquantes, et maladresses dommageables. Les mélodies restent, cependant. À Jack Tatum de nous montrer bientôt qu'il sait comment les projeter.

2 commentaires:

Choci Loni a dit…

Toujours aussi barbant (lol) à lire mais au moins la musique est bonne.

Pierre a dit…

Le retour du "(lol)" !

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