vendredi 31 décembre 2010

Playlist #6 : The December Sound

Pas trouvé mieux que le groupe de shoegaze bostonien pour donner son nom au titre ce mois de Décembre, passé à beaucoup réviser, à souvent avoir froid, à parfois boire un peu trop, et à fêter comme les traditions l'exigent. Une ambiance qui pousse, allez savoir pourquoi, à se réfugier dans le shoegaze le plus brumeux et enveloppant, et autres pop-songs qui incitent plutôt à rester chez soi. Malgré la date du post, ce ne sera donc probablement pas la playlist de votre soirée de réveillon, mais plutôt celle du lendemain matin ... L'image du mois, c'est une vue de Stockholm, en prévision d'un road trip qui s'annonce magique, au mois de Juin (et ça va être long d'attendre).


1/ Teenage Fanclub - Sometimes I Don't Need To Believe In Anything (sur l'album Shadows, sorti chez Pema en 2010)
En mode "daydreaming" ...

2/ The Harvest Ministers - Six O'Clock Is Rosary (sur le single Six O'Clock Is Rosary, sorti chez Sarah Records en 1992)
Déluge de cordes, et de beauté.

3/ Beach House - Norway (sur l'album Teen Dream, sorti chez Bella Union en 2010)
Bon, mes billets d'avion sont direction la Suède, mais c'est pas grave, la Norvège c'est joli aussi.

4/ Allo Darlin' - My Heart Is A Drummer (sur l'album Allo Darlin', sorti chez Fortuna Pop! Records en 2010)
Petite exception dansante (et génial clip en carton, au sens propre).

5/ The Ropers - Waiting (sur le single Sunbathe, sorti chez Slumberland Records en 1993)
Paroles incompréhensibles, bonheur indescriptible.

6/ Secret Shine - Loveblind (sur le single Loveblind, sorti chez Sarah Records en 1993)
Le bruit court.

7/ The December Sound - Truth Hurts (sur l'album Silver Album, auto-distribué en 2008)
Tempête de neige à l'horizon ...

8/ Jeniferever - From Across The Sea (sur l'album Choose A Bright Morning, sorti chez Drowned In Sound Recordings en 2006)
... et tempête de sentiments, aussi.

9/ Ask For Joy - Swoon (sur l'EP Swoon, sorti chez Infinitely Recursive Records en 2005)
"If the stars had a sound it would sound like this", comme on dit chez Mogwai.

10/ M83 - Kim & Jessie (live pour Pitchfork.tv au Juan's Basement, en 2008)
Nappes synthétiques, composition lumineuse, et solo orgasmique en conclusion ...

mardi 28 décembre 2010

Un single #14 : Fitness Forever - Mondo Fitness EP [2010]

Le truc sympa avec ce qu'on a tendance à appeler "l'internationale indie-pop", c'est qu'on peut y situer des pays pas forcément reconnus pour leur scène musicale. L'Italie est un bel exemple, tant on peine à citer des groupes qui en seraient originaires. Mais il y a des activistes un peu partout, au premier rang desquels le napolitain Carlos Velderrama (sacrée référence footballistique), garçon participant à d'innombrables projets, et qui a réuni avec lui "Big Tony" Fresa (aux claviers), Scialdone (à la basse, ou la guitare), et la jolie brune Paster (au chant) pour fonder Fitness Forever. Ce sont les espagnols d'Elefant Records (vive l'Europe) qui vont les sauver de l'anonymat, en publiant en 2009 leur premier album, Personal Train, puis en 2010, ce single, Mondo Fitness (pourtant enregistré depuis 2007). Chargés d'influences 60's, ils délivrent une sunshine pop irrésistible, témoin d'une Italie idéalisée, et ensoleillée. De quoi, en plein hiver, déconnecter un peu de la neige et du verglas ...


La face-A nous amène donc du côté du Mondo Fitness. Batterie coquine, cuivres malicieux, la chanson démarre sans tarder avec un couplet au chant souriant, qui assume son côté kitsh (comme le clip totalement improbable d'ailleurs). Mais le plus important, c'est que l'ensemble donne une folle envie de sauter partout, de manger des glaces au bord de la plage, et d'avoir des lunettes de soleil ridicules. Et même quand les violons débarquent pour soutenir un refrain à la mélodie doucement sucrée, ça sonne plus joyeux qu'autre chose, avec une montée éclatante en prime. On peut aussi profiter de la discrète guitare électrique qui éclaire les couplets, et de nombreux autres détails tant la production est absolument parfaite (et à ce sujet, je conseille d'aller plus loin que le clip ci-dessus, dont la qualité de l'encodage sonore ne rend pas complètement justice à la chanson). Un groupe, et une chanson, loin d'être prétentieux, loin d'être sérieux, mais plaisants au possible.

On serait presque surpris par le caractère quasi-tragique des cordes qui ouvrent la face-B, Diego Mon Amour (=>). Mais elles se trouvent bien vite intégrées à un balancement très bossa-nova du plus bel effet. C'est tout d'un coup le Brésil d'Edu Lobo qui remplace l'Italie, et ce malgré des paroles, en français dans le texte, auxquelles on ne comprend rien (si ce n'est "les Champs Elysées" et "les bateaux mouches"). Toujours est-il que les arrangements sont aussi voluptueux que somptueux, et qu'on goûte à une vraie sensualité, image à peine jaunie mais délicieuse d'un temps révolu. La mélodie s'impose lentement pour devenir entêtante, et à nouveau, une foule de détails infimes (tourbillons de violons, interventions d'une flûte distraite, choeurs épurés ...) rendent la composition ravageuse. De quoi se déhancher un peu, tout en légèreté, en attendant les beaux jours ...

vendredi 24 décembre 2010

Chez Sarah #7 : The Sweetest Ache - If I Could Shine [SARAH 36]

Je vais vous l'avouer, j'ai bien peu d'éléments pour vous présenter The Sweetest Ache (dont le seul nom pourrait d'ailleurs être à lui seul un résumé parfait de l'esprit du label). Comme un bon nombre de formations signées chez Sarah Records, les gallois furent plutôt discrets, et ont connu une existence pour le moins écourtée (à peine plus de 3 ans). Tout juste le temps de laisser trois singles et un album à Bristol, avant de passer par Sunday Records et Watercolour (pas non plus des labels monstres, c'est le moins qu'on puisse dire). Le premier élément de cette maigre discographie était ce If I Could Shine, sorti chez Sarah à l'automne 1990. Les six garçons dévoilaient, derrière un artwork très Smithien, une musique vaporeuse entre indie-pop et shoegazing, d'une pâleur sensible.

La face-A consiste donc en If I Could Shine (=>). L'atmosphère s'impose, dès le départ : les arpèges forment un épais brouillard, la batterie s'entend à peine, la basse s'étale dans une mélodie flottante et majestueuse. Cette langueur va demeurer tout au long du morceau, comme pour nous glisser dans une paresse contemplative, une inertie mélangeant magie et désespoir. Et l'entrée de la voix, douce et effacée, de Simon Court, va encore un peu plus marquer ces impressions. Il chante, comme fatigué, des mots qu'on peine à déchiffrer ("I saw you standing by the sea ...", ouverture au symbolisme poignant). Alors, les yeux mi-clos, on imagine, on se raconte une histoire un peu triste, mais fondamentalement belle. Puis on l'écoute s'élever un peu pour porter ce qui ressemble à un refrain, dépassant tout juste la tête, et suggérant dans ses paroles une douleur profonde ("If I could be the one to make you smile ..."). Et la composition de se poursuivre dans un final instrumental toujours aussi perdu, où les guitares avancent sans autre but que de s'épuiser à pleurer. Magnifique.

Côté B, on trouve Here Comes The Ocean (=>), qui s'aventure sur les terres de Ride (Andy Bell était lui aussi gallois, après tout), ou de Galaxie 500. Au bout d'une intro assez courte mais menée dans un joli fracas, Simon Court se trouve seul avec la basse de Dave Walters. Le chant exprime à la fois la force d'oser se tenir debout, et la fragilité inhérente à sa solitude. Tout se joue autour du contraste entre les "Under the water, under the sea.", lachés comme on se laisse tomber sur son lit, et les refrains instrumentaux qui évoquent une tempête de sentiments, de vagues incontrôlables, dans lesquelles une des guitares éclate dans un solo damné, en complète perdition. C'est dans ce soulèvement que la composition devient irrésistible, qu'une mélodie se sublime, et, comme souvent chez Sarah, que les choses prennent, indéniablement, du sens.

samedi 18 décembre 2010

Out This Week #7 : The Pains Of Being Pure At Heart - Heart In Your Heartbreak

Les coeurs purs ont tout juste eu le temps de nous manquer. Alors qu'on ne se lassait toujours pas de la sucrerie estivale Say No To Love, alors que leur premier album éponyme, pourtant maintes fois écouté, refuse toujours de céder sa place sur les platines, voila donc le quatuor New-Yorkais engagé dans l'aventure du second album, Belong, qui sortira en Mars, toujours chez le très respectable maison Slumberland Records. D'ici là, pour ouvrir le bal, ils nous envoient en éclaireur ce single intitulé (tout un programme) Heart In Your Heartbreak. L'occasion de s'apercevoir que The Pains Of Being Pure At Heart ont découvert le travail avec un producteur, donc ont quelque peu vu les lignes de leur son bouger. Mais côté compositions, on retrouve bien vite les ingrédients qui les ont portés jusqu'ici ...

L'introduction de Heart In Your Heartbreak (=>) dévoile un exemple parfait de cette évolution. Oubliée la fuzz crémeuse dont on se délectait jusque là, c'est la section rythmique qui porte la chanson, et de façon plutôt musclée. Ceci dit, les fondamentaux qui portent habituellement la musique des Pains ne sont pas laissés de côté : on entend quelques arpèges délicats, et la voix superbement timide de Kip Berman évoque une rupture fatale, dans une mélodie ravageuse. Le refrain déboule ensuite en coupant le souffle. On goûte à ce sentiment si particulier, l'envie de danser tout en chantant des paroles fondamentalement tristes ("She was a tear in a rainstorm", ligne d'une évidence terrible). Le solo de guitare, coquin, joue à s'avancer puis s'arrêter, comme pris de convulsions. Suit un pont à l'émotion palpable, toujours la voix de Kip en étendard, dans une montée qui débouche sur un silence fatal, puis un dernier refrain comme une envolée, pour ne rien oublier de dire, pour laisser le synthé s'échapper, la mélodie s'épanouïr, les sentiments se déverser ...

La face-b est confiée à The One (=>), bombinette indie-pop sucrée comme pas permis. En plus de s'appuyer sur la section rythmique, on trouve une guitare soliste vraiment inhabituelle, mais qui prend en main une mélodie au coeur brisé. La voix de Kip est noyée d'effets qui la rendent fragile et perdue, et l'on se balade avec lui dans une chanson faite d'un amour démesuré, d'une fêlure magnifiée par un ton doucement acidulé. Comme toujours avec les Pains, cette ambiguïté délicieuse se dégage d'une composition qui ne choisit jamais son camp, mêlant toujours à l'excitation souriante une pointe de tristesse et de nostalgie. Le charme fou opère dans ces couplets qui coulent trop vite, ces refrains qui lèvent les yeux vers les étoiles, ou encore ce pont désarmant de simplicité. The Pains Of Being Pure At Heart sont donc toujours particulièrement en forme, à l'approche de leur second album. Et rien qu'à voir le niveau des chansons qu'ils posent en face-b, les espoirs les plus fous semblent permis ...

dimanche 12 décembre 2010

Un single #13 : Wild Nothing - Summer Holiday [2009]

Il s'est passé bien des choses en un an. Demandez à Jack Tatum : fin 2009, il sort son premier single, ce Summer Holiday, chez Captured Tracks. Sans probablement s'attendre à ce qui va suivre. Car le garçon, qui a tout bidouillé seul chez lui, tombe à pic pour séduire tout ce que la toile a de fans d'indie-pop. L'album Gemini, sorti au printemps, ne fera que confirmer les dispositions de ce jeune venu d'un trou perdu de Virginie dans l'art de composer ça et là des chansons marquantes, fatales. Et alors qu'aujourd'hui, il squatte pas mal de tops de fin d'année (c'est la saison), ça méritait bien un coup d'oeil dans le rétroviseur : elles étaient comment, déjà, ces vacances d'été ?


Et bien, elles commençaient par des accords lâchés avec excitation. Des accords qui créent une mélodie impossible, à la beauté lumineuse. La batterie rentre elle aussi en courant, tête en l'air et cheveux au vent, sans plus se soucier que ça du lendemain (quel lendemain ?). La voix, par contre, est un peu plus du genre contemplative. Elle s'attarde un peu, se pose des questions, accélère soudain, mais pas franchement, et toujours dans un détachement délicieux. Le temps d'un refrain sans paroles, on peut se laisser aller à fredonner une exalatation passagère. Plus loin, on s'aventure sur un pont magistral : arpèges éclatants entrecoupés d'accords épurés, break de batterie sur lequel on peut danser timidement, et qui débouche sur une ligne de basse élastique et libérée. Magistral. Et autant le dire, dans votre vol pour très loin, dans le train pour ailleurs, ou même encore sur l'autoroute vers n'importe où, et puis même en restant chez soi pour trainer dans le quartier les soirs où il fait trop chaud, on tient là une composition tout simplement parfaite, qui traine cette mélancolie qui rend certains étés inoubliables.

Retourner le 7' permet ensuite d'embarquer dans Vultures Like Lovers (=>). Le paysage y est sublime, tout autant que déroutant : une guitare éclatée comme un ciel étoilé par un delay halluciné, un beat tremblant, épuisé. Si la voix semble peiner à se faire une place, elle souligne surtout la fragilité de l'ensemble, sorte de miracle permanent, à la touchante précarité. La mélodie ondule, se courbe, la lumière perce parfois au milieu d'un brouillard enveloppant. La limite entre intime et infini se trouble terriblement, les perspectives se brouillent, les répères s'éparpillent. Quels sentiments sont ici exprimés ? Qu'importe, serais-je tenté de répondre : chacun peut trouver là ce qu'il ressent, et s'approprier véritablement la composition, ces images floues, mais simplement belles. Quant à la suite de l'histoire de Jack Tatum, vous la connaissez sans doute aussi bien que moi.

lundi 6 décembre 2010

Un single #12 : Camera Obscura - Eighties Fan [2001]

Camera Obscura est, indéniablement, un de mes sujets de prédilection. J'ai été touché dès la première écoute par le groupe de Glasgow : je ne sais pas trop s'il s'agissait des compositions, touchantes et amoureuses, de ce son empreint d'un classicisme d'un autre temps, ou peut-être plus simplement de la voix de Tracyanne Campbell, hégérie indie-pop impensable, réservée mais magnifique. Bref, je pourrais en parler longtemps, donc, je l'ai d'ailleurs déjà fait. Mais Camera Obscura, j'y reviens régulièrement, sans même avoir besoin d'un motif. Parfois, je reprends tout au début, parfois j'enclenche par la fin, ou je prends les choses en cours. Qu'importe, j'ai posé cette fois-ci mes oreilles sur leur troisième single, le désormais culte Eighties Fan, sorti chez Andmoresound Records en 2001. C'était avant même que ne sorte le LP Biggest Bluest Hi-Fi, et cela restera comme le seul single à en être extrait. Et c'était bien.


Eighties Fan occupe donc la face-A, et s'ouvre dans un clin d'oeil appuyé aux Mary Chain (ou à Phil Spector ?), avec l'utilisation du beat de Be My Baby des Ronettes. Mais pas de guitare stridente à l'horizon : seulement Tracyanne Campbell, quasiment a capella, tout juste soutenue par une basse minimaliste. Les paroles sont malicieuses, et l'amosphère reste un peu suspendue jusqu'à l'arrivée de la guitare acoustique sur le refrain. Les choses se mettent en place doucement, un peu comme si la chanson se réveillait lentement. Pourtant, après le second refrain, une pluie de cordes soulève le morceau, soulignant superbement la mélodie. On ne s'en remettra pas, tant le romantisme et la classe transpirent de cette envolée digne des grands moments de Belle & Sebastian (l'affiliation entre les deux groupes est à l'époque évidente). C'est dans un sourire timide que Tracyanne conclut par des "I'm gonna tell you something good about yourself./I'll say it now and I'll never say it about no one else.", tandis qu'on se délecte encore quelques secondes d'arrangements subtils et délicats.

Sur la face-B, on trouve deux sucreries délicieusement twee-pop. La première se nomme Shine Like A New Pin (=>), qui fait d'emblée sautiller. On fait ici sans les violons, mais le synthé, discret et mélodieux, remplit son rôle à merveille. Tracyanne y chante de son naturel un peu effacé, sans jamais forcer, comme dans un murmure à peine élevé. Sa mélodie vocale est ensoleillée, et le soutien des choeurs de John Henderson apporte une profondeur intéressante. On se laisse aller à perdre un peu la raison sur un pont long mais justifié, pendant lequel s'invite notamment une guitare électrique intense. Puis on glisse vers un final plaisant et relaché, qui coule un peu comme quand on a pas envie que le morceau finisse parce qu'on danse avec une jolie fille ... Let's Go Bowling (=>), elle, est bien plus mélancolique. Habillée d'une acoustique intimiste, on y ressent assez bien l'ambiance de chambre d'étudiant un matin pluvieux, de ceux qui font se demander où vont les choses, et les relations avec les autres (ce qui semble être le thème évoqué). La guitare est chaleureuse, et semble être jouée avec une forme de paresse ... qui la rend irrésistible. Encore une fois, Tracyanne éblouit le morceau en chuchotant, accentuant ainsi la sublime fragilité d'une composition tendrement nostalgique. En connaisseur, John Peel ne s'y était pas trompé : dès cette époque, Camera Obscura avait un bel avenir.

mardi 30 novembre 2010

Playlist #5 : November Starlings

"Up and down" ce foutu mois de Novembre, avec quelques réussites totales et quelques epic fails aussi. Rien de bien original me direz-vous, et vous n'aurez pas tort. Reste par contre qu'il commence à faire beaucoup trop froid (même dans le sud), mais que j'ai un anorak très 90's pour survivre comme il se doit. Bon et puis j'ai pas grand chose de plus à raconter (ou du moins qui ait sa place ici), à part que je vais rentrer en période de révision ce qui, paradoxalement, devrait me laisser un peu plus de temps pour chroniquer de bonnes choses, comme par exemple le nouveau single de The Pains Of Being Pure At Heart qui sort le 14 Décembre ... L'image du mois, en live depuis mon appart : toujours plus de disques, mais plus vraiment de place pour les ranger ...


1/ Mogwai - Rano Pano (sur l'album Hardcore Will Never Die, But You Will, à paraître chez Rock Action Records en 2011)
Bientôt le nouvel album, et les choses ne s'annoncent pas mal du tout.

2/ Ride - In A Different Place (sur l'album Nowhere, sorti chez Creation Records en 1990)
Romantisme shoegaze.

3/ Teenage Fanclub - Everything Flows (sur l'album A Catholic Education, sorti chez Paperhouse Records en 1990)
Mélodie ultime, refrain magique.

4/ Tralala - Never Understand (The Jesus & Mary Chain Cover) (sur l'album Tralala, sorti chez Audika Records en 2005)
Les Mary Chain version girly-bubblegum. Irrésistible.

5/ Crystal Stilts - The City In The Sea (sur l'album Alight Of Night, sorti chez Slumberland Records en 2008)
Influences marquées, et chansons sacrément bien écrites.


6/ Acid House Kings - Anorak Days (sur l'EP Play Pop!, sorti chez Marsh-Marigold Records en 1992)
Parce que je suis tout content de mon anorak.

7/ The Pains Of Being Pure At Heart - Heart In Your Heartbreak (sur le single Heart In Your Heartbreak, à paraître chez Slumberland Records en 2010)
Ils sont de retour, chronique à suivre bientôt, ici même (ce teasing de base, j'ai honte).

8/ Trembling Blue Stars - November Starlings (sur l'album The Last Holy Writer, sorti chez Elefant Records en 2007)
Une chanson d'automne. Tout simplement.

9/ The Go-Betweens - Bachelor Kisses (Acoustic) (live à Brisbane en 2005, sur le DVD That Striped Sunlight Sound, sorti chez Tution en 2006)
Grant n'est plus, et comme si c'était pas assez triste, cette version est totalement désarmante.


10/ The Magic Numbers - Forever Lost (live au T In The Park, le 9 Juillet 2005)
Pour finir, un peu perdus, mais avec un sourire.

vendredi 26 novembre 2010

Live Report #4 : Teenage Fanclub @ Théâtre Garonne

Il y a des soirs comme ça où on a bien besoin de réconfort, et où comme par miracle, 4 ou 5 bonhommes, avec des guitares, une basse et une batterie, viennent d'assez loin pour jouer des chansons impossibles, juste à côté. C'était le cas ce Jeudi 25 Novembre, où j'ai tout juste eu à prendre 15 minutes et à traverser la Garonne vers 20h15, afin de me rendre au Théâtre du même nom. Le vent était glacial sur le pont St-Pierre, la lune se reflétait sur le fleuve, j'étais légèrement tout seul ... Tout ça pouvait paraître un peu déprimant, et pourtant, ça me semblait simplement trop beau, et pour cause : le Teenage Fanclub était au bout du chemin. Et je n'étais pas le seul à les attendre impatience : sans être sold-out, la salle était bien pleine, majoritairement de trentenaires (voire quadragénaires), certains anglosaxons, l'air globalement fébriles à l'idée de retrouver un grand groupe de leur jeunesse. Un bon nombre de jeunes aussi cependant, beaucoup plus relax d'ailleurs, sans doute parce qu'ils ne mesuraient pas pleinement à quel point le TFC peut être un groupe générationnel pour ceux qui étaient là au départ.

Qu'importe donc, nous aurons en tous cas attendu assez longtemps (et sans première partie), pour que vers 21h30 (après qu'un roadie plus tout jeune mais marrant comme tout ait tout accordé) débarquent cinq écossais souriants, devant un public très chaleureux. Et nous voila conquis d'emblée par Start Again qui ouvre le set en dévoilant ce qui sera le thème de la soirée : mélodies parfaites, compositions d'orfèvres, harmonies sublimes ... et les éclairs signés des solos de Raymond McGinley. Ces impressions ne seront à aucun moment démenties par la suite, où vont s'enchainer les petites dernières à retrouver sur l'album Shadows sorti cet été (Sometimes I Don't To Believe In Anything, ou Baby Lee, seront de vrais grands moments), et de glorieuses anciennes comme une Don't Look Back émouvante, ou encore Your Love Is The Place Where I Come FromNorman Blake nous sort son xylophone. Le fait marquant, c'est sans doute cette improbable magie qui permet de naviguer entre les songwritings (et donc les chants) de McGinley, Blake et Love, chacun légèrement différent, mais tous cohérents, et d'un niveau invariablement élevé. Mais on navigue aussi entre les époques et les albums, sans trop y faire attention, tant les chansons n'ont pas vieilli, tant leur écriture pop n'a pas pris de ride. Norman, petit par la taille, cardigan et lunettes sérieuses, est gentil comme tout, drôle comme un gamin, très agréable, et si les autres sont plus discrets et concentrés, la bande dégage pourtant une forme de joie de vivre plaisante. Je serais bien incapable de reconstituer toute la set-list, mais qu'importe, les tubes ne manquaient pas, et ce qu'ils ont joué nous a largement comblé.


La fin de set est marquée par la doublette fatale Sparky's Dream/The Concept. La première est une référence power-pop joussive dont on ne se lasse pas, et sera, comme toutes les compositions de ce bon Gerard Love, particulièrement saluée. La seconde est elle un véritable hymne générationnel qui va provoquer la jubilation de la salle, qui reprend en choeur les "Oh Yeah" avec Norman. Je sais pas pourquoi, ça doit être la mélodie, mais j'ai envie de pleurer de bonheur tellement c'est bon. Je me retiens cependant pour mieux chanter tout ça, et prendre un plaisir fou à savourer l'outro désarmante. Forcément, le rappel est demandé et accordé : il commence de mémoire avec Sweet Days Waiting, romantique au possible, et se termine un peu plus loin avec la quasi-shoegaze Everything Flows, tout premier single du groupe, composition lumineuse comme peu le sont, avec ses guitares affolées et son refrain intemporel, où éclatent les sentiments. Les trentenaires sautent partout comme s'ils avaient 17 ans, tout le monde semble très très heureux d'être là. Le final instrumental est intense, et on aurait aimé qu'il dure des heures, que le toit de la salle s'échappe et nous laisse avec les étoiles. En rentrant chez moi, je repasse par le même pont qu'à l'aller, et je m'y attarde à nouveau. En fait, ce n'était pas simplement trop beau : c'était parfait.

mercredi 24 novembre 2010

Out This Week #6 : Girls - Broken Dreams Club EP

Enfin de retour ! Après avoir passé plus d'un an à parcourir le monde pour soutenir sur scène (dont une très jolie première partie au Bikini en Juillet) leur premier album (le bien nommé Album), Girls repointent enfin le bout de leur nez côté studio, avec cet EP, intitulé Broken Dreams Club, qui sort cette semaine chez True Panther Sounds, avec un artwork dans la droite lignée de ce à quoi ils nous avaient habitué. Attention cependant, rien de complètement nouveau sous le soleil de San Francisco, puisque sur les six compositions proposées ici, quatre ont été abondamment dévoilées en concert ou autres sessions acoustiques, jusqu'à d'ailleurs susciter un vrai suivi, pour ne pas dire une attente, chez les fans. Qu'importe, tant le fait de retrouver Christopher Owens et sa bande est un plaisir inlassable.

Première rencontre pour commencer avec Thee Oh So Protective One (=>), qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère carrément 50's (délicieux abus de reverb). La surprise est constituée par une section de cuivres, qui sans se montrer envahissante, vient souligner une ligne mélodique d'un fort classicisme, puis prendre en main un solo déchirant. "Déchirant", qui est d'ailleurs le qualificatif le plus approprié à la description du songwriting de Christopher Owens, encore et toujours sensible ("They never know about the times you cried to the movies/They never know about the times you cried to the music ..."). Déjà le déluge de sentiments donc, malgré une ambiance ensoleillée. Magique. Et l'on enchaine avec Heartbreaker (=>), que Ryan Lynch (désormais intronisé lead guitarist) embrume d'un phaser matinal. Le morceau m'avait clairement enthousiasmé quand j'avais vu le groupe en concert, et la qualité se confirme ici, autour d'une mélodie limpide, d'un Christopher légèrement en retrait (et en douceur) mais qui porte le refrain, puis d'un solo magistral. Le rythme est soudainement ralenti avec l'arrivée de la chanson-titre Broken Dreams Club (=>), grimée début 60's dans sa forme (cuivres discrets, clavier retro, reverb éclatante). Le chant est plus beau et touchant que jamais, surtout sur un refrain au romantisme brisé. Le fait est qu'on se laisse complètement bercer, puis envouter par cette mélancolie à fleur de peau, qui transpire d'une composition instinctive, superbement fragile.



C'est Alright (=>) qui ouvre la face-B, avec une ligne de basse groovy, élastique, et dansante, qui entraine avec elle une instrumentation qui mêle acoustique et éléctrique, avec une production aux petits oignons par ce bon Chet White. Le tout coule avec une aisance déconcertante et un peu tête en l'air avant un final ralenti où la batterie se permet un solo sensuel au milieu d'une pluie de détails ravissants. Le contraste est saisissant quand survient la solitude de Christopher qui entame Substance (=>) seul avec sa guitare aux accords joués avec une lenteur exquise. La composition est simple et évocatrice, un peu perdue, doucement désespérée (le "Guitar solo, come on!" est glissé d'une manière si particulière, comme en équilibre), même si l'espoir fait son chemin dans les dernières lignes, où intervient un choeur féminin. En fait, tellement de choses sont mélangées ici qu'on est en droit d'hésiter à se laisser aller dans un sourire discret, ou à pleurer un peu parce que ça réveille quelques petites choses en nous. Pour finir, Carolina (=>) étend d'abord une longue introduction lunaire et dévastée, avant de se laisser hanter, avec l'arrivée d'une batterie puissante, par des figures shoegazing. Christopher chante la première moitié du morceau d'une voix grave, fatiguée et sombre, assez inhabituelle il faut bien l'avouer. Puis soudain, la lumière du petit jour apparait, et les paroles chantées se trouvent évoquer l'envie d'ailleurs, exprimée avec un amour sans mesure. Car il est bien question d'amour et de coeurs brisés chez Girls, avant toute autre chose, et mis en valeur par une écriture foudroyante, élégante, intemporelle. Qui sait où ces compositions peuvent mener Girls ? Loin, très loin, serais-je tenté de réponde, tant ils confirment là les espoirs placés en eux. "Sky is the limit", comme on dit là-bas.

jeudi 18 novembre 2010

Out This Week #5 : The Radio Dept. - Never Follow Suit

On avait laissé The Radio Dept. sur une intervention inattendue au mois de Septembre via un New Improved Hypocrisy très politique. Ceci dit, on avait surtout retenu le magnifique album Clinging To A Scheme, sorti lui en Avril, véritable perfection d'indie-pop synthétique. Et c'est en soutien de ce disque qu'arrive donc dans nos oreilles ces jours-ci (tout ça pour dire que je fais un "Out This Week" sans savoir vraiment s'il est sorti cette semaine, puisque j'ai lu des dates diverses, mais enfin c'était, au pire des cas, la semaine dernière) le single Never Follow Suit. On y trouve la chanson-titre accompagnée de trois petites nouvelles (une placée avant, deux après), et d'un remix signé Pistol Disco.

L'entrée en matière est confiée à The One (=>). Sur la base d'un beat 80's (légère reverb) mais presque hip-hop, viennent se coller un par un les éléments qui vont construire la composition. Basse sous-terraine, synthé bizarre, puis piano à la mélodie aérienne. Duncanson rentre, pose sa voix anormalement aigüe, force même un peu. Le balancement se prolonge, pas vraiment dansant, mais par lequel on se laisse porter avec légèreté, en bougeant presque au ralenti. Comme souvent chez les Suédois, la chanson fourmille de détails instrumentaux, que ce soit la batterie qui parfois sursaute avec fracas, ou des petites touches indéfinissables mais magiques qui prennent leur envol dans le final. Une belle introduction, suivie donc par le titre phare Never Follow Suit (=>), déjà chroniqué en ces pages, mais sur lequel il ne peut pas être mauvais de s'attarder à nouveau : il est une convocation ravissante de Saint-Etienne en plein trip reggae au baléares. Et ça marche du tonerre, entre un beat éclatant, une basse dont la mélodie porte tout simplement le morceau, des accords extatiques, des nappes sonores estivales et la voix de ce bon Johan qui traine, flemme à peine mélancolique. La petite surprise que constitue le pont, où s'invite un extrait du film culte Style Wars (via une citation de Skeme, dont le pseudo se cache en référence dans le titre du troisième album de groupe, d'ailleurs), relance parfaitement la chanson vers le statut qu'elle mérite, celui de miracle pop d'un solstice d'été.

On passe ensuite par Stay Off Route (=>), interlude très shoegaze, qui fait penser à ces transitions qu'avaient l'habitude de construire My Bloody Valentine (pour la brume matinale du départ), ou Rocketship (pour le rayon de lumière final). C'est imparable, dans le sens où cela crée une forme de curiosité chez l'auditeur, avant de l'engager dans une ouverture mélodique parfaite pour enchainer avec On Your Side (=>), dynamique et colorée, qui joue sur les paroles de Never Follow Suit, dans une boucle magistrale, qui évolue tout en subtilité jusqu'à un étincelle finale amenée par un synthé qui sonne comme des violons enjoués, chatoyants et incandescents. Pour finir, Never Swallow Fruit, le remix signé Pistol Disco, s'avère sympathique mais un peu long, et n'apporte pas grand chose d'important, même si mettre en valeur la superbe ligne de basse est une vraie bonne idée. Toujours est-il que ce nouveau single impose The Radio Dept. comme un groupe sûr de sa force, qui s'il ne propose pas ici de nouveauté bouleversante, sait construire une discographie sans faux-pas, dispensant encore une fois des mélodies irréprochables. Pourvu que ça dure.

dimanche 14 novembre 2010

Live report #3 : La Petite invite Les Nuits Sonores @ Théâtre Garonne

La curiosité mène parfois à des nuits courtes, ainsi qu'à de belles découvertes. En somme, c'est le constat de l'invitation donnée par l'asso toulousaine La Petite au festival lyonnais Les Nuits Sonores (La Petite invite chaque année un festival différent à programmer un long week-end dans la ville rose). Un dénominateur commun pour ces deux soirées au Théâtre Garonne les 11 et 12 Novembre : la musique électronique, sous des formes variées, mais en présence de pointures (Pantha du Prince en particulier, après le rendez-vous manqué pour cause de trains défaillants lors des Siestes Electroniques en Juin). Autant cependant souligner d'emblée que contrairement aux Siestes, institution plutôt ouverte et relax, on nageait Jeudi comme Vendredi en plein délire arty et largement poseur, dans lequel on se sentirait vite mal à l'aise. L'installation très art contemporain de la salle-buvette avait de quoi surprendre (avec deux illuminés qui jouaient de la musique -toujours le même morceau, ou à peu près- avec des Nintendo DS devant un projecteur qui diffusait des vidéos de skateboard et permettait de jouer à Pac-Man ou Space Invaders), alors que la salle de concert proprement dite s'avérait elle d'une sobriété presque inquiétante. Point positif : malgré ses défauts, le public sera les deux soirs entièrement acquis à la cause des artistes, encourageant copieusement, et dansant dès que le son s'y prêtait.


Jeudi 11 se présentait donc en premier lieu Francesco Tristano, pianiste barcelonais venu en quasi-voisin. Le garçon, au physique rappelant Luke Ridnour dans ses meilleures années à la fac d'Oregon (la parenthèse basket est refermée), parait, mais ça doit être l'instrument qui veut ça, complètement habité sur scène. Faut bien avouer que sa façon de faire nécéssite une concentration certaine dans la mesure où jouer du piano, gérer des samples sur un PC, triturer à la main des pédales d'effets et jouer du synthé, en même temps, n'est pas chose aisée. Son set va longtemps peiner à décoller, la faute à des progressions particulièrement lentes, et à un passage en mode Explosions In The Sky, joli mais qui n'avait rien à faire là. Car quand le jeune homme lâche ses beats et livre des accords lumineux, les mélodies sont accrocheuses, et l'ensemble séduisant. Les premiers pas de danse sont esquissés dans une atmosphère sympathique et colorée (à signaler que les light-shows furent plaisants les deux soirs). Le renversement est donc complet lorsqu'il faut accueillir ensuite le live de la DJ française Chloé. Car la techno de la demoiselle évolue dans des sphères très sombres, où la noirceur prend le pas sur la lumière, et où les mouvements s'inscrivent plus en moiteur qu'en sourires. Malgré l'âpreté mélodique de la chose, très monolithique (mais pourtant en perpétuelle évolution), le public prend possession de ce dancefloor des ténèbres. Les beats glauques et froids parlent avant tout au corps, et relèguent peut-être un peu loin les nappes diaphanes et les passages chantés d'une voix perdue par Chloé elle-même. Mon camarade de concerts (qui connaissait bien mieux son sujet que moi, venu quasi-sans rien connaitre les deux jours, je l'avoue) regrettera la durée trop courte du set, en outre marqué par un pain dommageable. C'est en tous cas sur ces constatations que s'achève la première soirée.


Vendredi 12, pas moins de cinq noms à l'affiche, même si seulement trois d'entre-eux parviendront jusqu'à nos oreilles. En effet, un problème de videur peu compréhensif (ai-je vraiment l'air d'avoir 16 ans ?) nous fait manquer l'ouverture assurée par Dunst. Notre soirée débute donc avec les français de Cercueil, premier et seul groupe à structure "rock" (batterie-synthé-basse) du festival. Ils jouent, devant une salle encore un peu clairsemée, un post-punk froid, bruyant, porté par des samples à mon sens trop présents, et par une batteur bon mais trop fort en volume. La chanteuse a une belle voix (quand on l'entend), est plutôt jolie, mais manque pas mal de charisme, aussi. Leurs chansons sont souvent brouillonnes (dont une, présentée comme nouvelle, sur laquelle ils s'y prendront à deux fois), partent un peu dans tous les sens, et manquent d'une ligne mélodique claire. Bref, à part un dernier morceau enfin engageant, pas la joie. Tout le contraire de la suite, qui nous amène en complets ignorants devant El Guincho, trio catalan amené par Pablo Diaz-Reixa aux synthé et sampler, accompagné d'un bassiste et d'un guitariste. Inspirés et à l'enthousiasme contagieux, les trois garçons vont être la claque de ma soirée. On pourrait décrire leur musique comme un road trip d'Animal Collective entre la feria de Pampelune et les fêtes acidulées de la Costa Brava : en résumé, c'est complètement décomplexé, ça bouge comme pas permis, les mélodies sont génialement ensoleillées, et alcoolisées façon cocktail bien fruité. Une façon de mettre les collages sonores un peu cérébraux chers à Panda Bear au service de l'éclate avant tout. En tout, une grosse heure d'un set tubesque (terminé, en rappel, par une Antillas qui ne finissait jamais ... et tant mieux, parce qu'on en aurait redemandé jusqu'au bout de la nuit !) qui nous aura amené le plein été (transpiration en prime) au mois de Novembre, chose rare s'il en est, et surtout une heure absolument fatale pour toutes les paires de jambes et de fesses mises à contribution au cours de danses frénétiques ininterrompues. Complètement joussif. C'est donc un peu sur les genoux qui nous accueilleront pour terminer notre soirée Pantha Du Prince. Et c'est avec les forces insoupçonnées qu'il nous reste que l'on va encore bouger pendant une bonne heure sur une techno minimale puissante, mêlée de relents d'ambient, quand ce n'est pas de shoegazing. Après un début très bruitiste et flanqué d'une capuche façon magicien noir, le bonhomme va mettre très en avant ses beats pour se lancer dans un set passionnant, toujours partagé entre paysages épurés sur mélodies glacées, voyages épiques, et expérimentations parfois difficiles à appréhender (mais je ne suis pas du tout familier du genre, d'où ma possible incapacité à tout intégrer). Globalement quand même, Hendrik Weber (de son vrai nom) crée une atmosphère réellement prenante, où un romantisme diffus et subtil pousse à danser les yeux fermés, à se laisser glisser entre les champs de possibilités ouverts par chaque nouveau rythme, étouffants ou exaltants, souvent entrelacés. Des applaudissements très chalereux marqueront des remerciements sincères, pour cette rencontre enfin matérialisée. C'est très fatigués mais particulièrement heureux que nous quittons donc les lieux vers 2h30 (rester pour Acid Washed qui concluait jusqu'au matin étant problématique pour diverses raisons). Et si les horizons explorés lors de ces deux jours restent encore troubles pour moi, ce fut indéniablement l'occasion, en plus de satisfaire un peu de ma curiosité, de passer de superbes moments.

vendredi 12 novembre 2010

Chez Sarah #6 : Another Sunny Day - I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist [SARAH 7]

Ouvrir le dossier Another Sunny Day, c'est immanquablement retracer une bonne partie de l'histoire de Sarah Records. Songez-donc : Harvey Williams, l'homme derrière ce projet, a également joué avec The Field Mice, Blueboy, ou encore The Hit-Parade (sans compter, mais il faut sortir de Bristol, une participation au Foxbase Alpha de Saint-Etienne). Mais non content que son (premier) projet solo ait inspiré un joli morceau à Belle & Sebastian, ce bon Harvey a surtout écrit quelques chansons absolument fantastiques, qui ont marqué, symboliquement au moins, l'histoire de Sarah. On pourrait citer l'inaugural Anorak City (tout un programme ...), mais je m'attarderai plutôt ici sur ce second single d'Another Sunny Day (déjà, alors que ce n'était que la septième référence du label), I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist, sorti en Juillet 1988.

Seule sur la face-A, on retrouve logiquement I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist (=>), dont le seul titre, à la fois malicieux et totalement désespéré, laisse présager de quelque chose dont on ne se remettra pas facilement. Et fatalement, c'est un hymne qui se joue pendant tout juste 1 minute et 38 secondes. Cela peut sembler terriblement court, pourtant tout sera dit, rien ne sera oublié. Mélodie intemporelle sur une batterie perdue, guitares superposées et belles à pleurer, l'instant est fait de magie, de cette manière qu'ont parfois les choses un peu tristes de devenir inoubliables sans qu'on sache vraiment pourquoi. Les mots, eux, sont simples, mais décrivent pourtant à merveille ces sentiments ressentis par ceux qui vivent en secret un amour impossible ("So I'll just lie and dream of the chances I've missed./I'm in love with a girl who doesn't know I exist."). Ces paroles, on a envie de les chanter à gorge déployée (ou de les murmurer dans son coin) quand ça va pas fort, quand les jambes flanchent un peu, quand les yeux sont dans le vague, ou même qu'ils sont un peu humides ... Une chanson (un archétype ?), comme un signe ultime, probablement, que Sarah savait parler aux timides ...

Sur la face-B, encore deux pépites, à commencer par Things Will Be Nice (=>), elle aussi coincée sous les deux minutes, mais qui dévoile une ligne mélodique aussi claire qu'un "autre jour ensoleillé" ... Fondamentalement simple, à peine maladroit, inévitablement touchant. Encore une fois, les paroles sont légèrement amères, mais un espoir lumineux filtre par la fenêtre entrouverte. Pour finir, on plonge dans The Centre Of My Little World (=>). Un monument d'écriture pop naïve mais incandescente, où tout va bien, puis plus vraiment, et puis tampis puisqu'on peut toujours en faire une chanson parfaite. De ces montagnes russes émotionnelles (aux arpèges éclatants ...), on ressort un peu chamboulé, mais convaincu qu'existe une place pour ceux qui écrivent ce que dicte leur coeur, seuls depuis le fond de leur chambre. Au milieu de "leur petit monde", un peu fragile, mais où tout est possible, on croise cette fille (forcément), de l'amour (nécéssairement), des déceptions (fatalement), et surtout des pop-songs magistrales, manifestes sincères de leurs histoires introverties ...

samedi 6 novembre 2010

Un single #11 : East Village - Cubans In The Bluefields [1988]

East Village. Un nom qui bénéficie d'une raisonnance bien particulière pour les amoureux de jangle-pop. Un cult-band, comme disent les anglophones, notion assez intraduisible, mais à la signification réelle : ceux qui se souviennent du quatuor lui ont gardé une place à part dans leur coeur. Car après y avoir goûté, on n'oublie pas facilement ces guitares, si fragiles, et pourtant tellement pleines de sens. Mais avant de commencer à s'épancher sur quatre chansons au classicisme terrible, encore faut-il préciser qu'ils étaient anglais, et que ce Cubans In The Bluefields, premier single d'une discographie mince mais flamboyante, est sorti en 1988, chez Sub Aqua Records.

La chanson titre Cubans In The Bluefields (=>) s'offre en première position sur la face-A. L'atmosphère automnale est perceptible dès le départ, les influences 60's également. La guitare acoustique en rythmique, qui évoque une richesse rassurante, est soutenue par cette électrique qui se joue d'arpèges abiles, ou d'accords sublimes. Les voix, qui pourraient sembler limitées, portent une émotion infinie dans l'harmonie qui les lie sur le refrain. Un décor fait d'une simplicité qui touche à la perfection, pour donner à la composition, d'une justesse impressionnante, un espace d'épanouissement. Break Your Neck (=>), qui l'accompagne, s'invite dans le registre d'une tristesse ravagée. La ligne mélodique est d'une absolue clarté, la voix tremblante de Paul Kelly (dont j'imagine qu'il était le lead-singer, même si je n'en sais rien) s'évertue à faire vivre un dernier espoir dans des mots qui soulignent sa fragilité ("I can't promise you anything/I wish I could", dans un final fatal). Car East Village ne parait tenir qu'à un fil, un équilibre miraculeux qui magnifie les harmonies, rend les guitares inoubliables, et le romantisme bouleversant.

Sur la face-B, on trouve d'abord Strawberry Window (=>). Les sensations sont enjouées, d'une douceur agréable. La mélodie dessine une composition enamourée, une beauté naturelle qui laisse un petit sourire discret mais précieux à l'auditeur. Tout semble couler de source, évidence sans artifice, limpide sans être facile, sentiments touchant par l'évocation. Pour finir, on croise la route de Kathleen (=>), qui développe encore une mélodie d'orfèvre et de magie, et alterne paroles à la sensibilité pure et intouchable ("I suppose, she said, I'll see you once again/So I got the bus and she her train/And all that was between us was the sound of the rain/In a deep and rolling sky"), et refrains instrumentaux à l'intensité éblouissante. On se surprend à monter le son pour se laisser emporter par ces instants de mélancolie infinie, ces guitares qui sonnent comme un souvenir. East Village, c'était simplement ça, des pop-songs impossibles, touchées par la grâce, et qui se sont faites une place à tout jamais dans les coeurs de ceux qui les ont rencontrées ... et en sont tombés éperdument amoureux.

dimanche 31 octobre 2010

Playlist #4 : Octobre, ou le retour de la pluie.

The Cavalcade l'ont bien compris (si j'en crois ce que j'ai lu dans Magic), la pluie est un motif indie-pop d'une rare intensité. Et comme Octobre est quand même un peu Le mois où il se met à faire mauvais sans qu'on s'y attende vraiment, on peut avoir droit à quelques moments magiques (j'en conviens, je pourrais dire ça pour n'importe quel mois de l'année, mais j'ai une préférence absurde pour l'automne). Une playlist donc, pour fêter les matins trop froids, les écharpes, les retours de l'Euroligue et de la NBA (on ne se refait pas), les anniversaires en pagaille, la pédale de fuzz qui va avec le mien, les grèves, et puis tout le reste. L'image du mois est petit bout de Suède.


1/ The Cavalcade - Meet You In The Rain (sur l'EP Meet Your In The Rain, auto-distribué, en 2009)
Chanson "de jour de pluie" parfaite.

2/ Girls - Heartbreaker (sur l'EP Broken Dreams Club, à paraître chez True Panther en 2010)
Souvenir de concert qui a enfin sa version studio. Ce que je peux l'aimer cette composition ...

3/ The Pains Of Being Pure At Heart - Stay Alive (sur l'album The Pains Of Being Pure At Heart, sorti chez Slumberland Records, en 2009)
Dans le genre mélodie fatale, ça se pose là.

4/ Ringo Deathstarr - Imagine Hearts (sur l'album Colour Trip, à paraître chez ClubAC30, en 2011)
Ah, on dirait que Kevin Shields avait oublié de nous sortir toutes les demos de Isn't Anything ...

5/ Another Sunny Day - Anorak City (sur le single Anorak City, sorti chez Sarah Records, en 1988)
Crazy fuzz-box !

6/ Pocketbooks - Falling Leaves (sur l'EP Waking Up, sorti chez Make Do And Mend Records, en 2008)
Pour sautiller sur les feuilles qui tombent.

7/ Allo Darlin' - If Loneliness Was Art (sur l'album Allo Darlin', sorti chez Fortuna Pop Records, en 2010)
You've been on your own as long as I recall/If loneliness was art I could hang you from the wall/In some Berlin hall.

8/ Summer Camp - Ghost Train (sur l'EP Young, sorti chez Moshi Moshi Records en 2010)
Parce qu'on a le droit de danser timidement, aussi.

9/ Evening Hymns - Lanters (sur l'album Spirit Guides, sorti chez Out Of This Spark, en 2009)
Et quand le matin reviendra, rien, ou presque, n'aura changé.

10/ The Field Mice - Five Moments (live au Tufnell Park Dome à Londres, le 21 Novembre 1991)
The end of the affair.

mercredi 27 octobre 2010

Un album #6 : Moscow Olympics - Cut The World [2008]

Malgré son caractère plutôt confidentiel, le mouvement shoegazing a indéniablement suscité, depuis ses origines, mais encore aujourd'hui, des vocations à travers la planète, y compris dans des pays dont la scène musicale reste pour le moins énigmatique. Pas évident, même en y réfléchissant longtemps, de citer par exemple le nom d'un groupe Philippin, malgré près de 100 millions d'habitants sur l'archipel. Mais vous pourrez désormais briller en société par l'évocation d'un quatuor au nom joliment désuet : Moscow Olympics. Signé en 2008, pour leur premier mini-album, chez les suédois de Lavender Recordings (troisième référence à l'époque pour un label qui semble aujourd'hui en sommeil), le groupe propose à travers les sept morceaux de ce Cut The World une musique envoutante et majestueuse.

L'introduction est confiée à What Is Left Unsaid (=>), dont le seul titre augure d'un ravissant moment. Les arpèges brillent d'une lumière lunaire, pâle mais sublime, alors que se débat en fond une batterie prise de spasmes habités. On croit pouvoir citer l'influence de The Wake quand arrive un synthé fatal, prêt à soulever la chanson et à la porter sur ses épaules. Pourtant, un break inattendu nous plonge dans une atmosphère plus dream-pop, brumeuse à souhait, avec une mélodie moins rentre-dedans, mais pas moins séduisante, tant elle dégage de douceur, et tant les soupirs de la voix confinent à la magie, surtout dans un final éblouissant, du genre à briser un coeur ou à faire tomber amoureux. C'est tout retourné qu'il faut accueillir No Winter, No Autumn (=>), qui nous refait le coup des arpèges en éclaireurs, et de l'influence de New Order cette fois imprégnée dans une basse possédée par l'esprit de Peter Hook. La structure du morceau, éclatée, ne masque pas pour autant les intentions mélodiques d'un ensemble qui fourmille d'idées, de détails savoureux. Petite surprise quand déboule l'introduction très Joy Division de Second Trace, qui se fond pourtant à merveille dans un éclatement shoegaze d'envergure. Vient le moment de se faire fusiller par une batterie perdue, qui lance un couplet, un refrain, ou du moins quelque chose propice à ce que se pose une voix d'ange un peu intimidé. Au fond de ce vent tourbillonant, les repères se brouillent, et quand la voix s'efface, on se raccroche à ces lignes de guitares claires et pures. Intense.



La première tentative d'écriture pop (au sens d'une syntaxe limpide) est Safe (=>), qui déploie ses guitares entremêlées et brillantes jusqu'à un couplet où entre ce chant perdu au fond d'un brouillard épais, dont on ne perçoit finalement que l'émotion (à défaut de pouvoir en déchiffrer les mots). Puis arrive un refrain admirable, qui insiste sur cette équation insoluble entre fragilité, excitation et énergie. Avant qu'une outro tremblante et mélancolique, ne s'épuise au loin. Suivront Carolyn, à deux voix, plus reposée, et surtout Ocean Sign (=>), qui semble se chercher un peu dans un paysage de désolation, avant d'être bousculée d'un refrain final épique, mur de guitares glacial en avant. Pour finir, se présente la chanson-titre Cut The World (=>), imprégnée dans ses couplets d'une hésitation qui se rapproche du doute, ou de la timidité, peut-être. Pourtant le refrain vient balayer, éblouïr aussi, dans un instant d'abandon, de dépassement des perspectives, d'évidence, probablement. Et au fond, c'est de cette évidence qu'est constituée en premier lieu la musique de Moscow Olympics, ancrée dans un contraste qui mêle ambition dans la construction, et classicisme dans la forme, entre New-Wave et Shoegazing.

jeudi 21 octobre 2010

Live report #2 : Midnight Juggernauts + Anoraak @ Le Bikini

Concert décidé au dernier moment ce Mercredi 20 Octobre, puisqu'un camarade m'a lancé l'idée d'aller au Bikini plutôt tardivement. J'avais pas du tout noté les Midnight Juggernauts sur mon agenda, et pour cause, je ne les connais que de nom. Mais face à la pénurie de concerts que connait la région toulousaine (oui, en plus de l'essence), et n'ayant toujours rien vu de scénique depuis la rentrée, je me suis laissé convaincre par le prix plutôt modique, en me disant que bon, après tout, allez savoir. Faut bien patienter jusqu'à la venue du Teenage Fanclub en Novembre ... Fatalement, je n'ai eu le temps d'écouter, 30 minutes avant de partir, qu'un single des Midnight Juggernauts (Shadows, sur leur premier album), et que 3 chansons d'Anoraak, qui ouvraient la soirée. D'où un Live Report à l'arrache.


L'arrivée se fait en retard au point de manquer la "première première partie" qui était assurée par The Red Lips, groupe d'indie-rock toulousain actif depuis suffisamment de temps pour que je les aie déjà vus 3 fois (quand je ne les croise pas à ma fac). Qu'importe, le temps d'aller chercher une bière, et l'on s'avance pour Anoraak. Halte à la tromperie, il ne s'agit pas du tout d'un groupe d'anorak-pop ! Ce qui n'empêche pas le projet de Frédéric Rivière (Carcassonnais de naissance, c'est à noter) d'avoir un intérêt certain : accompagné d'un batteur et d'un bassiste, il délivre une electro-pop synthétique très 80's (beaucoup de claviers, samplés ou non), quelque part entre New Order 84' et GTA Vice City (on a les références qu'on peut), à consommer par une nuit d'été sur l'autoroute. Si l'on peut reprocher des lignes de chant limitées, et des paroles pour le moins futiles, force est de constater que le trio impressionnait dans des passages instrumentaux de haute volée mélodique. Le bilan (outre les solos de voix au vocoder, qui ont forcé l'admiration de mon camarade, il est vrai spécialiste des solos de guitares bruités à la bouche), c'est une grosse demi-heure passée à danser (le batteur, au jeu précis et épuré, faisant des merveilles) et à se régaler de synthés kitsh mais touchants, ou d'arpèges étoilés. Belle surprise donc.


Le second acte est donc assuré par les Midnight Juggernauts, trio australien auteur de ce qu'on pourrait décrire comme une electro-rock rugueux, dansant et psychédélique. Claviers omniprésents, basse souvent ravageuse et voix à l'importance plutôt limitée, pour situer. Côté négatif, je note un batteur au look génial, mais qui est à mon sens beaucoup trop mis en avant (déjà qu'il a un jeu que je qualifierais "d'excessif", lui confier autant de solos me rend pas spécialement heureux, mais je suis un amateur de boite à rythmes, donc ce n'est que mon avis). Aussi, certaines chansons, trop foutraques, manquent de lignes mélodiques claires. Enfin, le son trop fort, mais bon, je devais être fatigué. Malgré ça, de très bons moments également, comme sur Shadows (à la ligne de basse terrible) ou Into The Galaxy (les singles, pour faire simple). Malheureusement, les transports en commun étant un passage obligé, nous raterons la fin du set en partant aux environs de la 50ème minute de celui-ci. Rien de dramatique vous l'aurez compris, même si je retiendrai de cette soirée en forme de mise en jambes qu'à défaut d'avoir déclenché les passions, elle constitua un agréable moment.

lundi 18 octobre 2010

Un single #10 : Ringo Deathstarr - Ringo Deathstarr EP [2007]

Il se dit que le premier album des Ringo Deathstarr, Colour Trip, est enregistré, et devrait sortir en Février 2011. Bonne nouvelle pour le trio texan (élargi à un quatuor en concert), venu de cette bonne vieille ville d'Austin (plus connue pour ses groupes post-rock que pour des envolées pop), et qui anime la scène shoegaze américaine depuis maintenant quelques années. Comme s'il en était besoin, une bonne occasion de (re)découvrir ce premier EP sorti chez SVC Records il y a 3 ans (c'était en Octobre), qui a éclaté sans trop prévenir à la figure de pas mal de monde. Car derrière le nom drôlesque et les figures innocentes (une grande rousse à la basse, deux guitaristes nerds juste ce qu'il faut) se cachent une bonne dose d'énergie, un bruit énorme, et surtout, des chansons fatales.

On commence par Swirly (=>), qui expose d'emblée l'équation gagnante du groupe : ce mid-tempo langoureux mélange les guitares brûlantes, chères à My Bloody Valentine, avec la voix de fantôme d'Elliott Frazier, qui semble librement s'inspirer de celle de Jim Reid, le chanteur des Jesus & Mary Chain (aussi bien dans sa beauté, que dans ses limites, qui font son charme, au demeurant). De cette introduction au léger goût d'inachevé, on retiendra surtout la curiosité naissante face à ces nappes profondes, et ces bouts de mélodie qui en appellent d'autres, plus aboutis. Après qu'un bruit énigmatique ait marqué quarante secondes de questionnement, Starrsha (=>) déboule, et l'évidence mélodique avec elle. Riff entêtant, beat déchainé, chant coup de poing, paroles d'une simplicité majestueuse ("Don't think that I feel so good/I don't know what to say or do/About you ..."), tout est là, pour danser et oublier ses oreilles perdues dans l'immensité du mur de son. Au fond, le plus dingue est cette énergie déployée, qui semble tout emporter sur son passage, sauf une forme de vulnérabilité pop, qui reste diffuse dans les intentions. Le constat vaut également pour Some Kind Of Sad, avec son clip cheap et dément. Forcément, on y pense au bruit blanc et au fracas de Psychocandy. Une noisy-pop furieuse donc, à la structure simpliste, étriquée, mais source une fois de plus d'un brûlot explosif, tant la composition semble instinctive, sauvage même.


La suite ne sera pas décevante : Down On You (=>) est un véritable monument, par son amplitude, sa grandeur. Le fait d'avoir laissé la batterie seule au début permet d'apprécier l'épaisseur des couches de bruits qui vont tout recouvrir ensuite. La puissance sensuelle de l'ensemble est absolument terrible, entre les guitares abrasives, la mélodie toute en caresses, le souffle de la voix sur des "I'm going down on you" hautement suggestifs, ou les murmures angéliques de cette chère Alex Gehring sur ce qui ressemble à des refrains d'exaltation. Pour finir, et après un interlude qui fait diablement monter la pression, on embarque pour Sweet Girl (=>), chronique sombre et intense d'une histoire d'amour enterrée, mais au souvenir encore vivace ("I think about you all the time/And it cuts like a knife."). L'atmosphère est très brumeuse, à mi-chemin entre la désolation désespérée, et la beauté d'un fond de tendre nostalgie qui refuse de s'estomper. Ainsi, un choeur féminin à peine identifiable porte-t-il la mélodie des couplets, avant que la composition prenne un envol final dans un vent de guitares prodigieux de pureté et de violence. Magistral. Et au final, si les Ringo Deathstarr pourraient, par leur enfermement volontaire dans les codes sonores shoegazing et noisy-pop, passer pour de simples copieurs, c'est bien mal évaluer la qualité de l'écriture pop qui habite leurs compositions, plus éclatantes et bouleversantes les unes que les autres.

mardi 12 octobre 2010

Out This Week #4 : Belle And Sebastian - Belle And Sebastian Write About Love

Enfin de retour. Quatre ans que la bande à Stuart Murdoch n'avait pas donné signe de vie collective, depuis un The Life Pursuit encensé par beaucoup, mais décevant pour certains (moins nombreux il est vrai) qui y voyaient un groupe ne sachant retrouver sa magie originelle que par séquences (en même temps, dix ans avaient passé). Entre temps, on avait pu s'apercevoir que cette critique n'était pas totalement infondée, en se délectant d'une exquise compilation de sessions à la BBC sur la période 1996/2001. Mais, si Belle & Sebastian, de par leur découverte d'une forme d'ambition, ne sont plus tout-à-fait le même groupe qui a sorti l'incroyable triptyque Tigermilk, If You're Feeling Sinister, The Boy With The Arab Strap (sans compter les singles superbes de l'époque), il n'en demeure pas moins que les écossais gardent encore un petit quelque chose qui fait d'eux les icones de pas mal de fans d'indie-pop, toujours sensibles à leur discours. Comme il se doit, il fallait laisser sa chance à ce Write About Love, qui sort cette semaine chez Rough Trade (et Matador outre-Atlantique).

Et ce n'est pas le très bon début de disque qui nous fachera avec le groupe. Car en premier lieu, I Didn't See It Coming, confiée à la sublime voix de Sarah Martin, se montre réellement éclatante, autant dans son couplet en retenue, à la mélodie émouvante, que dans son refrain limpide. Chaque accord de piano, chaque arpège de guitare est un vrai plaisir, et si l'on peut questionner la cohérence de l'intervention de Stuart sur un pont très 80's, sa présence pour un jeu de ping-pong sur le refrain final rend la composition réellement grande. Une réussite, donc. Et la déception n'est pas non plus à l'horizon de la breakée Come On Sister (=>), dansante et jouissive comme pas permis avec ses synthés qui pourraient sembler un peu cheap, mais qui sont génialement utilisés, dans un style déluré juste ce qu'il faut. La balade Calculating Bimbo constitue un moment agréable, assez dans l'ambiance classique du groupe. On regrettera juste qu'elle traine légèrement trop en longueur. Car suit I Want The World To Stop (=>), débridée, basse remuante en avant, et forts accents 60's sur un refrain. Et toujours, en filigrane, cette timidité tendrement touchante, et diablement irrésistible.



Mais petit problème, Belle & Sebastian pêchent ensuite par irrégularité. On pouvait douter de l'intérêt d'inviter Norah Jones, mais alors si c'est pour en plus nous sortir une chanson qui ressemble à du Norah Jones, c'est quand même pas cool du tout. Un peu plus loin, Stevie Jackson passe au travers de la seule composition qui lui est confiée sur I'm Not Living In The Real World, trop bordélique. Pourtant, et c'est aussi à souligner, on a pu s'enthousiasmer sur le sympathique single Write About Love, ou finir en beauté en dansant sur Sunday's Pretty Icons (=>), évidence plongée dans des années 80, toute en pastel, en douceur, et en ballons de baudruche multicolores. Puis, surtout, comment ne pas mentionner The Ghost Of Rockschool (=>), probablement la plus belle réussite du disque, où Stuart et ses camarades retrouvent sur quatre minutes et demi la grâce qui a fait d'eux un groupe générationnel. On revoit, en se laissant bercer par cette trompette rêveuse et cette mélodie d'une pureté chavirante, les images d'une histoire que le groupe a su construire avec notre intimité, nos sentiments. La voix est fragile comme au premier jour, et la chambre dégage cette chaleur rassurante. Car au fond, si ce Write About Love comporte ça et là de malencontreux errements, il montre aussi que Belle & Seb savent toujours nous parler. D'un murmure tellement singulier ...

mercredi 6 octobre 2010

Chez Sarah #5 : The Rosaries - Forever EP [SARAH 62]

J'évoquais il y a peu Eternal, projet éphémère de Christian Savill, auteur en tout en pour tout d'un seul single. Cette trajectoire météorique, The Rosaries, autre groupe tenté par des atmosphères shoegaze, l'ont également expérimentée. Car en 4 années d'activité (enfin, tout est relatif), le trio originaire de Coventry, mené par Laura Watkins (au chant), aura tout juste eu le temps de jouer un malheureux concert, d'enregistrer des demos, de diffuser quelques chansons dans des compilations de fanzines, et enfin, peut-être l'élément le plus important de leur carrière, de sortir ce Forever EP chez Sarah Records, en 1992. Plus grand chose ensuite, pour ne pas dire plus rien. Et si plus grand monde ne se souvient d'eux, il reste toujours chez Sarah une place pour ces oubliés qui, même si cela n'a duré que trois chansons, furent bel et bien magnifiques.


La face-A est confiée à Leaving (=>). La magie opère immédiatement, en particulier grâce la voix adolescente et légère de Laura Watkins, qui gambade tranquillement sur des arpèges délicats semblables à des fleurs en train d'éclore au printemps. Rentre enfin la guitare acoustique, qui, ponctuée de quelques coups de grosse caisse, va faire monter le morceau en tension. Cette ascension est douce, progressive, mais totalement inarrêtable. Comme si une forme de curiosité poussait à se laisser emporter par la composition, on se retrouve surpris à l'instant où Laura force sur sa voix avant de déclamer avec fermeté ses "I'm leaving you", soutenue par un torrent de guitares shoegaze. La gamine n'est plus, elle prend son envol, et s'affirme dans un vacarme ravissant.


Une fois le disque retourné, on rencontre Anything (=>), menée par une guitare aux accords soyeux, et une section rythmique touchante car un peu gauche. Entre quelques hésitations malicieuses se déploie une mélodie ample, aérienne mais superbement intense. La voix géniale de Laura survole à nouveau l'ensemble avec aisance, avant qu'une pédale de fuzz chaleureuse n'emporte la composition dans un instrumental final désarmant d'évidence, très Sarah Records dans l'esprit : soudain, tout semble s'éclairer, prendre un sens exacerbé juqu'à en paraître nouveau. Suit pour conclure Ivory Tower (=>), balade à la mélancolie sucrée, coucher de soleil à la lumière idéale, arpèges qui se reflètent sur l'eau, une voix d'ange pour se laisser bercer. On y décèle une profonde émotion, plongée dans une innocence qui change forcément la perception des choses. Tout n'est ici que magie duveteuse, et l'on goûte à la beauté singulière d'un vrai cocon de sentiments. Alors qu'importe les sourires ou les larmes, car ces rares instants méritent juste d'être vécus.

jeudi 30 septembre 2010

Playlist #3 : Septembre : du basket, du foot, de l'eau fraîche, et des amphithéâtres.

Septembre, classiquement le mois des derniers instants de flemme estivale (passés à regarder le championnat du monde de basket), du meilleur week-end de l'année avec la Ligue des Cahiers du Foot (à Aix-en-Provence pour la seconde édition, où l'équipe occitane a magnifiquement figuré jusqu'à atteindre une belle première place à l'envers), et fatalement, du retour dans les amphis pour de nouvelles aventures. L'image du mois est une vidéo. C'était le 11 Septembre. Et c'était magique.



1/ Yuck - Georgia (sur le split-single Georgia/Paul Blart And The Death Of Art, sorti chez Transparent Records en 2010)
Miracle noisy-pop, et accessoirement, le solo le plus jouissif de l'année en conclusion.

2/ Klaus&Kinski - Mamà, no quiero ir al colegio (sur l'album Tierra, Tràgalos, sorti chez Jabalina Mùsica en 2010)
Pour tous ceux qui, comme Marina Gòmez ou moi, aimeraient bien rester plus longtemps au lit le matin.

3/ Camera Obscura - Eighties Fan (sur l'album Biggest Bluest Hi-Fi, sorti chez Andmoresound Records en 2001)
Tracyanne est très belle, et Tracyanne écrit de superbes chansons. (Tracyanne, je t'aime.)

4/ Notre-Dame - Sur Ton Répondeur (New Version) (sur le single Sur Ton Répondeur And Other French Love Songs, sorti chez Quince Records en 1999)
Oh la petite pop-song totalement malicieuse ...

5/ The Radio Dept. - The New Improved Hypocrisy (en téléchargement gratuit sur la page http://www.labrador.se/hypocrisy, sorti chez Labrador en 2010)
Même quand ils parlent politique, ils sont magnifiques.

6/ The Field Mice - Anyone Else Isn't You (sur le single The Autumn Store Part 2, sorti chez Sarah Records en 1990)
Other than you, I want no one/If I can't have you, I want to be alone.

7/ The Raveonettes - I Wanna Be Adored (The Stone Roses Cover) (sur le site drmartens.com, sorti dans le cadre du 50ème anniversaire de Dr. Martens, en 2010)
Relecture Spectorienne d'un classique ultime du Madchester.

8/ The Depreciation Guild - My Chariot (sur l'album Spirit Youth, sorti chez Kanine Records en 2010)
Un groupe de shoegaze dans ta console de jeu, si c'est pas trop cool ça.

9/ Porcelain Raft - Tip Of Your Tongue (sur l'EP digital Gone Blind, auto-distribué en 2010)
Le vent souffle, un coeur bat.

10/ The Mary Onettes - Lost (live à Nyhetsmorgon, en 2007)
La Suède. Côté froid et épique.

vendredi 24 septembre 2010

Un single #9 : Best Coast - Best Coast 7" [2009]

Imaginez Los Angeles, la côté Ouest des Etats-Unis, le soleil, les plages, le surf et, tout le reste. C'est de là (mais pouvait-il en être autrement ?) que vient le bien nommé duo Best Coast (la langue fourche facilement vers West Coast), mené par la voix, la guitare et l'écriture de Bethany Cosentino (dont on sait peu de choses si ce n'est qu'elle aime les chats, la pop, et fumer de l'herbe), secondée par Bobb Bruno (dont on sait surtout qu'il joue tous les instruments utiles au groupe, et qu'il était, longtemps avant, baby-sitter de la demoiselle). Venus donc, comme il se doit, de nulle part, armés d'une guitare, d'une pédale de fuzz, et surtout de chansons au charme fou, même pas vraiment totalement sorties de l'adolescence, enregistrées avec les moyens du bord. Largement de quoi conquérir le monde, ou à défaut, quelques coeurs paumés et prêts à se laisser emporter par la première vague d'insouciance qui échouerait par là. Et la vague en question, c'est ce single éponyme sorti chez Art Fag Recordings en 2009.



Sur la face-A, on trouve Sun Was High (So Was I), mid-tempo monolithique et lo-fi, fuzz fatiguée en avant sur une structure totalement épurée (tout juste deux accords ?). Mais quel charme. Et dans ce tonnerre de sentiments, la mélancolie occupe une place de choix, tant on s'imagine une fin d'été à la chaleur insoutenable, les yeux défoncés par le soleil (et par le reste ?), l'esprit tourné vers une contemplation ("Watch the cars go by") passive car dépassée. Une lente inertie donc, et les souvenirs probablement destructeurs de quelqu'un qu'on refuse d'oublier, chantés dans ces "I thought of you ..." répétés par une Bethany à la voix fragile et maladroite, noyée sous les guitares, renforçant une tenace impression de solitude. Moment d'égarement intense, éclairé d'une lumière et d'un amour épuisés, pour une composition fatale de sincérité, qui frappe en plein coeur, puis le brise lors d'un fade-out éprouvant. Sublime.

Côté B se présente d'abord So Gone (=>), qui duplique la recette de la langueur et des guitares crades, tout en renversant les impressions données juste avant. Car ici, c'est Bethany la forte tête qui parle, avec une voix emplie d'insolence, pour décrire un garçon qui ne sait pas ce qu'il veut. Le je-m'en-foutisme n'est donc pas loin, autant dans le son que dans le ton, et on se laisse bien vite gagner par ce sourire ironique. La composition bascule surtout par les "Oooooh" placés à la fin, qui font glisser vers l'évidence une mélodie pop sur laquelle le reste n'insistait peut-être pas assez. C'est donc dans un sourire qu'on accueille That's The Way Boys Are (=>), reprise d'une sucrerie pop 60's (signée Lesley Gore). Une relecture en douceur, plongée dans une reverb typique, et où la guitare mène le train tout en évitant de se montrer envahissante. Sans atteindre la beauté fatale des travaux des Raveonettes, ni s'attarder sur la candeur de la version originale, Bethany se livre à une reprise plutôt coquine, terriblement malicieuse, irrésistiblement dansante. Outre le fait de marquer une influence, se dessine ici surtout la mesure du temps qui passe : dans une autre époque, Mademoiselle Cosentino aurait peut-être été l'égérie d'un girl group produit façon Phil Spector. Si les formes ont quelque peu changé, des filles parlent encore de garçons, et la pop, éclatante, reste le fil conducteur.
 
 
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