dimanche 31 juillet 2011

Playlist #13 : Charnière juilletiste

Entre relâchement, bonheurs et confirmations, je ne vais pas me plaindre de mon mois de Juillet. Enfin, on peut toujours râler un peu à cause de la météo, mais ça n'aurait pas grand intérêt, n'est-ce pas? Toujours est-il que l'heure est aussi à quelques projets très intéressants, avec la rentrée en ligne de mire ... Comprenez par là qu'il est possible, notamment (d'autres choses n'ont pas leur place ici), que Chocolate, Love, Sex. s'expose à un peu de nouveauté. Rien n'est pour l'instant ni décidé, ni acté (et puis ce message s'autodétruira peut-être si je continue dans ce seul et même format en Septembre), mais j'ai des idées plein la tête, qui méritent d'être explorées. Je reste volontairement très évasif (l'art du teasing ?), mais je ferai un point sur tout cela fin Août, autrement dit, dans la prochaine playlist.
L'image du mois est un court instant délicieusement passéiste.



1/ Washet Out - Echoes (sur l'album Within And Without, sorti chez Sub Pop Records en 2011)
Pas eu le temps d'en parler, mais j'aime cet album. Vraiment.

2/ Clio - Eyes (sur le single Eyes, sorti chez Airport en 1984)
Dédicacée à mon cher Pogo Moumoute, et à sa passion pour l'italo-disco.

3/ New Order - Age Of Consent (sur l'album Power, Corruption & Lies, sorti chez Factory Records en 1983)
Les filles adorent. Elles ne sont pas les seules.

4/ Seapony - What You See (sur l'album Go With Me, sorti chez Hardly Art en 2011)
Arpèges et douceur.

5/ The Shangri-Las - Remember (Walkin' In The Sand) (sur le single Remember (Walkin' In The Sand), sorti chez Red Bird en 1964)
Ah, la plage ... Pas pour cette année.

6/ Blueboy - Toulouse (sur le single Dirty Mags, sorti chez Sarah Records en 1995)
Juste pour dire que je reste dans la ville rose ...

7/ Peru - Clueless (sur la compilation Across Blue Skies, sortie chez Jigsaw Records en 2010)
Il n'est jamais trop tard.

8/ Teenage Fanclub - Going Places (sur l'album Grand Prix, sorti chez Creation Records en 1995)
Les Fannies, on ne s'en lasse pas.

9/ Felt - Rain Of Crystal Spires (sur l'album Forever Breathes The Lonely Word, sorti chez Creation Records en 1986)
Dédicace à Fabien d'Anorak Records, car l'entendre en parler, c'est quelque chose!

10/ Belle & Sebastian - Another Sunny Day (live à BBC Scotland, probablement en 2006)
You missed my eye I wonder why, please do it again ...

mardi 26 juillet 2011

Chez Sarah #14 : Blueboy - Clearer [SARAH 55]

Blueboy est, et restera, toujours, un groupe à part chez Sarah Records. Un groupe qui a déplacé certaines frontières par son approche de la pop, face la relative homogénéité qui caractérisait son label et son époque, en apportant une palette sonore originale et majestueuse. Blueboy, c'est, aux origines, Keith Girdler et Paul Stewart, deux garçons venus de Reading. Le premier est chanteur, à voix d'ange, de celles dont on se souvient à tout jamais. Le second est guitariste, doué comme pas permis, capable de lignes mélodiques qui dépassent le cadre de la jangle-pop pour embrasser tantôt le jazz, tantôt la bossa-nova. Clare Wadd et Matt Haynes ne résisteront pas à la demo reçue aux environs de 1991, et leur proposeront un premier single chez Sarah. Il s'agit de Clearer, qui sort en Octobre, référence numéro 55, sous une pochette rougeoyante, avec l'impression que la clarté du titre résume à elle seule les deux chansons gravées sur ces sept pouces.

La chanson titre Clearer (=>) développe une indicible perfection dès ses arpèges introductifs, plongés dans un echo glacé. La mélodie qui se dessine est lumineuse, pure, perdue sur des nuages immobiles qu'on croit pouvoir toucher, le temps suspendu. Les accords, acoustiques et soyeux, sont ensuite joués avec la plus absolue douceur, caresse rêveuse, alors que la voix de Keith Girdler nous effleure, sensible et forte à la fois, mêlant délicatesse et assurance. Sans se perdre dans les erreurs du genre, il livre un texte de protest-song qui défend avec pudeur et justesse le combat homosexuel, au nom de l'amour, plus que de toute autre argumentaire ("Don't restrict me, don't restrict me.", ou, plus loin, "So let me live and let me love, I need love so bad."). Le refrain représente une profonde respiration, soulignée par la discrète apparition de la section rythmique. Puis on dépasse des guitares égarées mais splendides, fourmillant de détails mélancoliques, lors d'un pont qui invite à l'introspection. Indéniablement, Clearer fait partie de ces chansons qui mettent à nu les sentiments, évoquant une révolte intime et presque silencieuse, un souffle fragile mais surtout humain, car soulevé par un espoir ineffable.

Sur la face-B, on trouve Alison (=>) (prénom plus tard honoré par Slowdive, mais c'est une autre histoire). La guitare électrique se balade toujours avec légèreté derrière le chant des oiseaux, coulée dans un delay qui convoque les méandres de Vini Reilly (The Durutti Column). La boîte à rythmes minimaliste et pesante vient pourtant apporter un contraste, en juxtaposant une pesante ambiance d'orage d'été. Reste que le virtuose Paul Stewart joue des rayons de soleil pour éclairer la voix cette fois à peine plus hésitante de Keith. Les images subtiles décrites dans son texte sont perceptibles, presque visibles, même si elles sont exprimées dans une élégance irréelle ("Alison, the stars shine down on you/And stars shine through/A night so blue"). Un refrain qui vient balayer ce que l'on imagine possible, tutoyant jusqu'aux étoiles qu'il figure, s'envolant bien plus loin que les limites communément admises ... Blueboy affiche ainsi sa singularité, à l'instant même où débute son éclosion. Bientôt viendra le temps de l'épanouissement.

lundi 18 juillet 2011

Chez Sarah #13 : Action Painting! - These Things Happen [SARAH 28]

Dans un grand moment de théorisation probablement empreint d'une légère d'ironie, Matt Haynes, co-fondateur (avec Clare Wadd) de Sarah Records aurait expliqué que tout label se devait d'avoir un groupe dont le nom contiendrait un point d'exclamation ... Pour ne pas déroger à cette règle, la structure de Bristol accueille donc dès Février 1990 la formation de Brighton Action Painting!, un quatuor mystérieux à la destinée météorique (trois singles chez Sarah, un chez Damaged Goods, et ce sera tout). L'occasion de découvrir Sarah sous le jour nouveau et intéressant de l'influence punk, dont on sait que l'éthique Do It Yourself a eu une importance fondamentale, mais qui parfois a irradié une part du son de certains groupes, en plus de leur vision de la pop-song immédiate, jouée vite et à l'arrache. Ainsi, ce These Things Happen est introduit par quelques mots malicieux qu'on peut lire au dos de la pochette du 45 tours : "Two pop-songs before our instruments bust, amen!"

Sur la face-A, c'est These Things Happen (=>) qui nous accueille avec une (ou plusieurs ?) guitare acoustique qui carillonne, très C86 en ce qu'elle mêle soleil radieux et douceur matinale. La voix du chanteur ne se pose pas, préférant voler très loin au dessus, évoquant la distance et la hauteur qui caractérisent la présence d'un Robert Smith. La ligne mélodique qui mène au refrain est très intéressante, puisque les guitares dansent et tourbillonnent, hésitent un peu, avant finalement de se lancer, relayées par un synthé qui sonne fatalement cheap (disons que la cold-wave s'est égarée là). Ce refrain sonne, malgré ses paroles ambiguës ("So sad to see the way you turn now I said/I never ever see you cry/I never meant a single word that I said/Lie lie lie"), comme un passage enthousiasmant et entraînant, tant le rythme y est soutenu, tant les guitares virevoltent avec légèreté. Des guitares qui laissent un vide à couper le souffle dans un final où synthé et voix se trouvent seuls, pris de vertige. Un dernier éclair, et c'est terminé ...

Côté face-B, Boy Meets World (=>) démarre sur les mêmes bases : des six cordes brûlantes qui cavalent (on pense à The Wedding Present), sur une batterie qui cette fois fleure bon la rythmique punk qui tabasse, tête baissée et grosse envie d'en découdre. Le chant lui-même est bien moins soigné, plus sauvage et déraillant que sur l'autre face. Mais de toute façon, ces "Wake up, wake up!" et autres "Shake up, shake up!" ne peuvent s'exprimer que sous cette forme, non ? La surprise du morceau, c'est d'entendre distinctement la basse, qui par ailleurs porte à elle seule la mélodie. Toujours est-il que l'ensemble, troussé dans un amateurisme rafraîchissant (le pseudo-solo final vire presque au n'importe quoi), peut mettre du haut de ses moins de deux minutes d'urgence ravagée, un joli bordel au fond des chambres des amoureux de Sarah ...

mardi 12 juillet 2011

Live report #10 : Pop & Merguez @ Saint-Jean-Ligoure

Quand le label de Limoges Anorak Records (=>), actif depuis 1992, décide de réunir quelques groupes indie-pop venus d'un peu partout en Europe, et d'organiser, le 9 Juillet, autour de ces derniers, une grande soirée baptisée "Pop & Merguez", on ne peut que toucher au mémorable. Il faut bien dire que l'idée d'un popfest rural est génialement séduisante : la salle des fêtes (et ancienne école) d'un minuscule village (Saint-Jean-Ligoure), un festin pour le moins estival (du vin, des bières, une plancha qui tourne aux légumes, merguez et à l'andouillette, le tout compris dans le prix de la place) dans une cour de récré, de jolies rencontres (oui, c'est le genre d'endroit où on voit enfin "en vrai", et avec un immense plaisir, ses "amis facebook" ... et où on en trouve de nouveaux, et pas des moindres!), le stand de disques Hands&Arms qui fait peur tellement on a envie de tout acheter, six groupes de qualité, une ambiance décontractée et chaleureuse, et une fête qui se poursuit all night long puisque les premiers voisins sont assez loin (enfin, j'espère ...). En résumé, les ingrédients d'un très bon moment, placé sous le signe du partage de notre passion et notre amour de la pop (et des merguez ...). Alors en premier lieu, remerciements à Fabien, Fanou et Guillaume (et tous ceux qui les ont aidés) pour l'ensemble de leur oeuvre (qui va du covoiturage mis en place depuis la gare de Limoges, à leurs qualités d'organisateurs qui ont permis que tout se passe pour le mieux). Les conditions de jeu : salle décorée dans l'esprit du lieu (enfantin!), belle chaleur car le temps est assez lourd, bien que MétéoFrance ait toute la semaine annoncé de la pluie.


Après donc une après-midi et un début de soirée consacrés aux discussions, aux repas, et à l'entame de l'apéritif, ce sont les anglais de Peru (=>) qui ouvrent la soirée. Ce groupe est un vieux projet mené par le gentil et souriant Brian Price, qui avait écrit et enregistré tout un tas de chansons entre 1992 et 1996 (aujourd'hui compilées sur Across Blue Skies, chez Jigsaw Records), et qui reprend aujourd'hui du service (un EP est paru ce lundi), en empruntant quelques membres de The Kick Inside pour l'aider sur scène. Au menu, des pop-songs jangly comme il faut, et cette impression que le temps défile autrement, qu'on est retombés quelque part au début des années 1990. Anciennes et nouvelles compositions se succèdent dans une belle osmose, et dans un doux balancement porté par une guitare électrique alerte, et la voix timide de Brian Price. La superbe Clueless (=>) terminera ce set qui aura eu le mérite de bien nous mettre dans le bain : ici, l'indie-pop est reine, et il ne peut pleuvoir que des mélodies!


Venaient ensuite The Lost Homeboys (=>), débarqués de Goteborg. Cinq garçons qui jouent une musique retraçant la timidité et les images désabusées de Sarah Records. Souvent agrémentées d'un discret glockenspiel, ou d'un clavier épuisé, leurs chansons viennent immédiatement frapper en plein coeur, secouer les sentiments par leur douce mélancolie. Difficile donc de ne pas être touché par les saveurs nocturnes et nordiques propagées par leur son, superbement enrichi par la guitare acoustique à douze cordes du chanteur Gustaf Murman. On pense à tous ces groupes, de The Sweetest Ache à Brighter, qui naviguent dans une gêne et une indécision impressionnistes, préférant peindre leurs mélodies par petites touches, qui reliées donnent vie à de beaux tableaux. Et pas question de reprocher un manque de rythme : ces chansons se savourent avec délicatesse.


L'instant norvégien à suivre est surtout un instant twee, puisque c'est le trio de Bergen Soda Fountain Rag (=>) qui prend possession de la scène. La configuration est originale, puisque le très jolie Ragnhild joue de la batterie debout tout en chantant, quand elle ne prend pas quelque secondes pour user d'un mélodica. Les chansons sont fraîches, décomplexées, sautillantes, bref, il n'en faut pas plus pour que la salle entame des pas de danse convaincus et frétillants. D'autant que le groupe est en terrain conquis, puisque c'est Anorak Records qui avait édité en 2006 leur premier EP, Qui a besoin d'une voiture ?. Au bonheur de déguster ces hits de poche (Are Philosophers Lonely ? (=>), Go Bus Baby Go (=>) avec son synthé cheap mais ravageur, et puis toutes celles que je connaissais pas mais qui m'ont embarqué sans problème dans leur douce folie), s'ajoute donc pour beaucoup une petite valeur sentimentale, qui va rendre leur set résolument plaisant. On ne compte donc plus les sourires côté spectateurs, ni d'ailleurs les ballons de baudruche et les bulles de savon qui parcourent la salle, plongée dans une ambiance sucrée et enfantine. Une salle qui n'hésitera pas à réclamer et obtenir le premier rappel de la soirée.


Et on enchaîne dans l'énergie réjouissante avec les très sympathiques The Wendy Darlings (=>), nationaux de ce popfest puisqu'ils avaient fait le route depuis Clermont-Ferrand. La formation, à l'origine constituée en trio, accueillait deux membres de plus chargés respectivement des choeurs et d'une seconde guitare, donnant à leur son une épaisseur supplémentaire sans le moins du monde amputer cette dynamique foutraque qui les caractérise. Il faut dire que le groupe joue une musique rutilante, à la croisée des chemins entre indie-pop (pour l'aisance mélodique), garage (pour le punch et la vigueur), et le punk (pour la simplicité et l'efficacité). Largement de quoi retourner littéralement une salle qui saute dans tous les sens, au son de compositions jouissives (Enormous Pop (=>), grand moment de craquage). Le plaisir semble être partagé par les cinq, qui bougent bien sur scène, rendant immédiatement communicative leur bonne humeur. Après une reprise de The Pastels pour conclure, ils sont fort logiquement conviés à effectuer un rappel mené tambour battant. Ces gens sont tellement forts qu'ils ne devraient pas avoir beaucoup de mal à convaincre le public britannique à l'indietracks, fin Juillet.


Puis c'est au tour de The Kick Inside (=>) (from Bristol, patrie d'un label indie-pop bien connu ...) d'entrer en scène, certains membres pour la seconde fois de la soirée. La principale attraction du groupe est la présence de Thomas, guitariste surdoué dont le jeu rappelle inévitablement Johnny Marr, dans cette capacité qu'avait le mélodiste de The Smiths d'enchaîner des arpèges à une vitesse vertigineuse, et des accords dont il avait seul le secret. C'est Don't Take This To Heart qui ouvre le set de façon réellement accrocheuse, mais en pointant aussi, à mon sens, la limite du groupe, qui réside dans le chanteur Sean, qui peine un peu à donner aux chansons la dimension qu'elles mériteraient. Reste tout-de-même qu'on passe un super moment à remuer, et surtout, qu'un concert comme celui-là donne une furieuse envie de jouer de la guitare! Et rien que pour ça ...


Pour finir, ce sont les cinq écossais de Wake The President (=>) qui sont attendus. Sans entrer dans les détails, je ne vous cache pas qu'ils se sont montrés parfois un peu ingérables, que ce soit en arrivant très en retard (ce qui les privera d'un soundcheck), ou en se bourrant la gueule magistralement toute la soirée. C'est d'ailleurs sur un "We are Wake The President, we are drunk" que le set est lancé par le chanteur Erik Sandberg. Un set tendu et urgent, réduit au minimum, où la communication avec le public va s'avérer un peu difficile (le contraste étant d'autant plus marqué qu'on s'est sentis très proches des autres groupes toute la journée et la soirée). Et c'est un peu dommage que l'ingrédient affectif manque, car ces gamins traînent des chanson absolument incroyables, perdues entre Orange Juice et le mouvement C86, mélodies d'un classicisme fou mises en avant, qu'elles soient issues de leur nouvel album, ou du précédent, comme en atteste leur intouchable single Miss Tierney (=>), qui fermera avec succès leur prestation.
La suite de la soirée appartient indéniablement à l'histoire, tant le duo Joanny/Rosa aura animé avec brio les platines de la salle (enfin, sur un Mac, d'abord via la sono officielle, puis grâce à un ampli guitare de fortune, mais rien ne pouvait nous arrêter) jusqu'au bout de la nuit. Les popkids que nous sommes (car même les un peu moins jeunes sont des popkids dans leur tête!) auront été gâtés par ce combo-DJ capable de choix pointus, mais aussi d'accompagner d'improbables délires (les FriendsOfPop en slip, le ping-pong improvisé, nos ridicules façons de danser ...), de Crush The Flowers à Age Of Consent, de Take On Me à Sensitive, de Young Adult Friction à Vamos A La Playa (?!), de La Revolition Sexual à Rain Of Crystal Spires. Alors qu'importe les heures de train, qu'importe les taux d'alcoolémie, qu'importe la fatigue du lendemain, car ce 9 Juillet était tout simplement magique.
PS : photos empruntées à Fanou aka Skittle Alley, et à Richard Hargrave. Merci à eux!

mercredi 6 juillet 2011

Un single #23 : Ride - Today Forever [1991]

1991 fait figure d'année charnière dans l'épopée de Ride (et d'année absolument totale dans celle du shoegazing en général). Le groupe d'Oxford s'y trouve en effet dans le passage critique entre un premier album porté par une spontanéité brûlante (Nowhere, Octobre 1990), et un second disque déjà très attendu (Going Blank Again verra le jour en Mars 1992). Que faire dans l’intervalle ? Magnifier leur oeuvre dans une synthèse stupéfiante semble une réponse (un projet?) à la portée du quatuor mené par Mark Gardener et Andy Bell, qui sort donc sans perdre de temps cet EP intitulé Today Forever, le 4 Mars 1991 précisément, chez leur label de toujours Creation Records, marquant au passage la centième référence au format single pour la structure d'Alan McGee.

La face-A s'ouvre par Unfamiliar (=>), qui déploie sans plus attendre un des points forts du groupe en la personne d'une section rythmique démente, portée par le tentaculaire Loz Colbert à la batterie, auquel est associé le jeu de basse sauvage de Steve Queralt. Mais c'est bien l'entrée de la seconde guitare, aventureuse, séduisante, qui fait éclater le morceau. La voix de Mark Gardener fait des siennes, planant par dessus, contrastant magistralement avec une instrumentation up-tempo. La mélodie surprend, derrière le vacarme, par sa facilité, et les sentiments sont d'ores et déjà chamboulés par le souffle de cette adolescence qui se consume. Puis Sennen (=>) s'illumine dans la foulée comme un lendemain matin. Les guitares entrelacées subliment de fins rayons lumineux, tandis que la mélodie donne à l'ensemble une tranquillité souriante, soulignée également par ces voix qui murmurent plus qu'elles ne chantent. Ride prend le temps de contempler, assuré de sa force évocatrice, comme de sa capacité à suspendre de cours des choses pour mieux goûter à une montée finale sensuelle qui s'envole bientôt dans un fade-out ...


Côté face-B, c'est d'abord Beneath (=>) qui tonne, sur la base d'une batterie rutilante, d'une mélodie pop chaleureuse. Ce qui frappe, c'est la structure audacieuse du morceau, où l'on ne distingue pas réellement de couplet ou de refrain, mais où pourtant, chaque instant, le groupe se montre entreprenant au point de réussir à faire décoller la chanson, à nous surprendre ou nous émerveiller. Puis vient, pour conclure, l'heure de Today (=>). Pas à pas, le mur de guitare se construit, les couches se superposent, gagnent une épaisseur troublante pour les sens, berçant l'auditeur hypnotisé par cette lumière d'une indicible pureté. Pendant ce temps, sont apparues une batterie exaltée, et des cordes qui touchent à l'infini. Les voix du duo Gardener-Bell (on pourrait dire "la voix", tellement elles se confondent) respirent le questionnement, voire même une forme de perdition. Il faut bien avouer que l'univers qui se crée, puis se développe face à nous, plonge les éléments humains dans une immensité qui les dépasse, grains de sables balayés par le vent. "Last thing I remember, I don't know", peut-on entendre dans cet océan sonore sublime et ultime. Une invitation à tout oublier ...
 
 
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