dimanche 31 octobre 2010

Playlist #4 : Octobre, ou le retour de la pluie.

The Cavalcade l'ont bien compris (si j'en crois ce que j'ai lu dans Magic), la pluie est un motif indie-pop d'une rare intensité. Et comme Octobre est quand même un peu Le mois où il se met à faire mauvais sans qu'on s'y attende vraiment, on peut avoir droit à quelques moments magiques (j'en conviens, je pourrais dire ça pour n'importe quel mois de l'année, mais j'ai une préférence absurde pour l'automne). Une playlist donc, pour fêter les matins trop froids, les écharpes, les retours de l'Euroligue et de la NBA (on ne se refait pas), les anniversaires en pagaille, la pédale de fuzz qui va avec le mien, les grèves, et puis tout le reste. L'image du mois est petit bout de Suède.


1/ The Cavalcade - Meet You In The Rain (sur l'EP Meet Your In The Rain, auto-distribué, en 2009)
Chanson "de jour de pluie" parfaite.

2/ Girls - Heartbreaker (sur l'EP Broken Dreams Club, à paraître chez True Panther en 2010)
Souvenir de concert qui a enfin sa version studio. Ce que je peux l'aimer cette composition ...

3/ The Pains Of Being Pure At Heart - Stay Alive (sur l'album The Pains Of Being Pure At Heart, sorti chez Slumberland Records, en 2009)
Dans le genre mélodie fatale, ça se pose là.

4/ Ringo Deathstarr - Imagine Hearts (sur l'album Colour Trip, à paraître chez ClubAC30, en 2011)
Ah, on dirait que Kevin Shields avait oublié de nous sortir toutes les demos de Isn't Anything ...

5/ Another Sunny Day - Anorak City (sur le single Anorak City, sorti chez Sarah Records, en 1988)
Crazy fuzz-box !

6/ Pocketbooks - Falling Leaves (sur l'EP Waking Up, sorti chez Make Do And Mend Records, en 2008)
Pour sautiller sur les feuilles qui tombent.

7/ Allo Darlin' - If Loneliness Was Art (sur l'album Allo Darlin', sorti chez Fortuna Pop Records, en 2010)
You've been on your own as long as I recall/If loneliness was art I could hang you from the wall/In some Berlin hall.

8/ Summer Camp - Ghost Train (sur l'EP Young, sorti chez Moshi Moshi Records en 2010)
Parce qu'on a le droit de danser timidement, aussi.

9/ Evening Hymns - Lanters (sur l'album Spirit Guides, sorti chez Out Of This Spark, en 2009)
Et quand le matin reviendra, rien, ou presque, n'aura changé.

10/ The Field Mice - Five Moments (live au Tufnell Park Dome à Londres, le 21 Novembre 1991)
The end of the affair.

mercredi 27 octobre 2010

Un album #6 : Moscow Olympics - Cut The World [2008]

Malgré son caractère plutôt confidentiel, le mouvement shoegazing a indéniablement suscité, depuis ses origines, mais encore aujourd'hui, des vocations à travers la planète, y compris dans des pays dont la scène musicale reste pour le moins énigmatique. Pas évident, même en y réfléchissant longtemps, de citer par exemple le nom d'un groupe Philippin, malgré près de 100 millions d'habitants sur l'archipel. Mais vous pourrez désormais briller en société par l'évocation d'un quatuor au nom joliment désuet : Moscow Olympics. Signé en 2008, pour leur premier mini-album, chez les suédois de Lavender Recordings (troisième référence à l'époque pour un label qui semble aujourd'hui en sommeil), le groupe propose à travers les sept morceaux de ce Cut The World une musique envoutante et majestueuse.

L'introduction est confiée à What Is Left Unsaid (=>), dont le seul titre augure d'un ravissant moment. Les arpèges brillent d'une lumière lunaire, pâle mais sublime, alors que se débat en fond une batterie prise de spasmes habités. On croit pouvoir citer l'influence de The Wake quand arrive un synthé fatal, prêt à soulever la chanson et à la porter sur ses épaules. Pourtant, un break inattendu nous plonge dans une atmosphère plus dream-pop, brumeuse à souhait, avec une mélodie moins rentre-dedans, mais pas moins séduisante, tant elle dégage de douceur, et tant les soupirs de la voix confinent à la magie, surtout dans un final éblouissant, du genre à briser un coeur ou à faire tomber amoureux. C'est tout retourné qu'il faut accueillir No Winter, No Autumn (=>), qui nous refait le coup des arpèges en éclaireurs, et de l'influence de New Order cette fois imprégnée dans une basse possédée par l'esprit de Peter Hook. La structure du morceau, éclatée, ne masque pas pour autant les intentions mélodiques d'un ensemble qui fourmille d'idées, de détails savoureux. Petite surprise quand déboule l'introduction très Joy Division de Second Trace, qui se fond pourtant à merveille dans un éclatement shoegaze d'envergure. Vient le moment de se faire fusiller par une batterie perdue, qui lance un couplet, un refrain, ou du moins quelque chose propice à ce que se pose une voix d'ange un peu intimidé. Au fond de ce vent tourbillonant, les repères se brouillent, et quand la voix s'efface, on se raccroche à ces lignes de guitares claires et pures. Intense.



La première tentative d'écriture pop (au sens d'une syntaxe limpide) est Safe (=>), qui déploie ses guitares entremêlées et brillantes jusqu'à un couplet où entre ce chant perdu au fond d'un brouillard épais, dont on ne perçoit finalement que l'émotion (à défaut de pouvoir en déchiffrer les mots). Puis arrive un refrain admirable, qui insiste sur cette équation insoluble entre fragilité, excitation et énergie. Avant qu'une outro tremblante et mélancolique, ne s'épuise au loin. Suivront Carolyn, à deux voix, plus reposée, et surtout Ocean Sign (=>), qui semble se chercher un peu dans un paysage de désolation, avant d'être bousculée d'un refrain final épique, mur de guitares glacial en avant. Pour finir, se présente la chanson-titre Cut The World (=>), imprégnée dans ses couplets d'une hésitation qui se rapproche du doute, ou de la timidité, peut-être. Pourtant le refrain vient balayer, éblouïr aussi, dans un instant d'abandon, de dépassement des perspectives, d'évidence, probablement. Et au fond, c'est de cette évidence qu'est constituée en premier lieu la musique de Moscow Olympics, ancrée dans un contraste qui mêle ambition dans la construction, et classicisme dans la forme, entre New-Wave et Shoegazing.

jeudi 21 octobre 2010

Live report #2 : Midnight Juggernauts + Anoraak @ Le Bikini

Concert décidé au dernier moment ce Mercredi 20 Octobre, puisqu'un camarade m'a lancé l'idée d'aller au Bikini plutôt tardivement. J'avais pas du tout noté les Midnight Juggernauts sur mon agenda, et pour cause, je ne les connais que de nom. Mais face à la pénurie de concerts que connait la région toulousaine (oui, en plus de l'essence), et n'ayant toujours rien vu de scénique depuis la rentrée, je me suis laissé convaincre par le prix plutôt modique, en me disant que bon, après tout, allez savoir. Faut bien patienter jusqu'à la venue du Teenage Fanclub en Novembre ... Fatalement, je n'ai eu le temps d'écouter, 30 minutes avant de partir, qu'un single des Midnight Juggernauts (Shadows, sur leur premier album), et que 3 chansons d'Anoraak, qui ouvraient la soirée. D'où un Live Report à l'arrache.


L'arrivée se fait en retard au point de manquer la "première première partie" qui était assurée par The Red Lips, groupe d'indie-rock toulousain actif depuis suffisamment de temps pour que je les aie déjà vus 3 fois (quand je ne les croise pas à ma fac). Qu'importe, le temps d'aller chercher une bière, et l'on s'avance pour Anoraak. Halte à la tromperie, il ne s'agit pas du tout d'un groupe d'anorak-pop ! Ce qui n'empêche pas le projet de Frédéric Rivière (Carcassonnais de naissance, c'est à noter) d'avoir un intérêt certain : accompagné d'un batteur et d'un bassiste, il délivre une electro-pop synthétique très 80's (beaucoup de claviers, samplés ou non), quelque part entre New Order 84' et GTA Vice City (on a les références qu'on peut), à consommer par une nuit d'été sur l'autoroute. Si l'on peut reprocher des lignes de chant limitées, et des paroles pour le moins futiles, force est de constater que le trio impressionnait dans des passages instrumentaux de haute volée mélodique. Le bilan (outre les solos de voix au vocoder, qui ont forcé l'admiration de mon camarade, il est vrai spécialiste des solos de guitares bruités à la bouche), c'est une grosse demi-heure passée à danser (le batteur, au jeu précis et épuré, faisant des merveilles) et à se régaler de synthés kitsh mais touchants, ou d'arpèges étoilés. Belle surprise donc.


Le second acte est donc assuré par les Midnight Juggernauts, trio australien auteur de ce qu'on pourrait décrire comme une electro-rock rugueux, dansant et psychédélique. Claviers omniprésents, basse souvent ravageuse et voix à l'importance plutôt limitée, pour situer. Côté négatif, je note un batteur au look génial, mais qui est à mon sens beaucoup trop mis en avant (déjà qu'il a un jeu que je qualifierais "d'excessif", lui confier autant de solos me rend pas spécialement heureux, mais je suis un amateur de boite à rythmes, donc ce n'est que mon avis). Aussi, certaines chansons, trop foutraques, manquent de lignes mélodiques claires. Enfin, le son trop fort, mais bon, je devais être fatigué. Malgré ça, de très bons moments également, comme sur Shadows (à la ligne de basse terrible) ou Into The Galaxy (les singles, pour faire simple). Malheureusement, les transports en commun étant un passage obligé, nous raterons la fin du set en partant aux environs de la 50ème minute de celui-ci. Rien de dramatique vous l'aurez compris, même si je retiendrai de cette soirée en forme de mise en jambes qu'à défaut d'avoir déclenché les passions, elle constitua un agréable moment.

lundi 18 octobre 2010

Un single #10 : Ringo Deathstarr - Ringo Deathstarr EP [2007]

Il se dit que le premier album des Ringo Deathstarr, Colour Trip, est enregistré, et devrait sortir en Février 2011. Bonne nouvelle pour le trio texan (élargi à un quatuor en concert), venu de cette bonne vieille ville d'Austin (plus connue pour ses groupes post-rock que pour des envolées pop), et qui anime la scène shoegaze américaine depuis maintenant quelques années. Comme s'il en était besoin, une bonne occasion de (re)découvrir ce premier EP sorti chez SVC Records il y a 3 ans (c'était en Octobre), qui a éclaté sans trop prévenir à la figure de pas mal de monde. Car derrière le nom drôlesque et les figures innocentes (une grande rousse à la basse, deux guitaristes nerds juste ce qu'il faut) se cachent une bonne dose d'énergie, un bruit énorme, et surtout, des chansons fatales.

On commence par Swirly (=>), qui expose d'emblée l'équation gagnante du groupe : ce mid-tempo langoureux mélange les guitares brûlantes, chères à My Bloody Valentine, avec la voix de fantôme d'Elliott Frazier, qui semble librement s'inspirer de celle de Jim Reid, le chanteur des Jesus & Mary Chain (aussi bien dans sa beauté, que dans ses limites, qui font son charme, au demeurant). De cette introduction au léger goût d'inachevé, on retiendra surtout la curiosité naissante face à ces nappes profondes, et ces bouts de mélodie qui en appellent d'autres, plus aboutis. Après qu'un bruit énigmatique ait marqué quarante secondes de questionnement, Starrsha (=>) déboule, et l'évidence mélodique avec elle. Riff entêtant, beat déchainé, chant coup de poing, paroles d'une simplicité majestueuse ("Don't think that I feel so good/I don't know what to say or do/About you ..."), tout est là, pour danser et oublier ses oreilles perdues dans l'immensité du mur de son. Au fond, le plus dingue est cette énergie déployée, qui semble tout emporter sur son passage, sauf une forme de vulnérabilité pop, qui reste diffuse dans les intentions. Le constat vaut également pour Some Kind Of Sad, avec son clip cheap et dément. Forcément, on y pense au bruit blanc et au fracas de Psychocandy. Une noisy-pop furieuse donc, à la structure simpliste, étriquée, mais source une fois de plus d'un brûlot explosif, tant la composition semble instinctive, sauvage même.


La suite ne sera pas décevante : Down On You (=>) est un véritable monument, par son amplitude, sa grandeur. Le fait d'avoir laissé la batterie seule au début permet d'apprécier l'épaisseur des couches de bruits qui vont tout recouvrir ensuite. La puissance sensuelle de l'ensemble est absolument terrible, entre les guitares abrasives, la mélodie toute en caresses, le souffle de la voix sur des "I'm going down on you" hautement suggestifs, ou les murmures angéliques de cette chère Alex Gehring sur ce qui ressemble à des refrains d'exaltation. Pour finir, et après un interlude qui fait diablement monter la pression, on embarque pour Sweet Girl (=>), chronique sombre et intense d'une histoire d'amour enterrée, mais au souvenir encore vivace ("I think about you all the time/And it cuts like a knife."). L'atmosphère est très brumeuse, à mi-chemin entre la désolation désespérée, et la beauté d'un fond de tendre nostalgie qui refuse de s'estomper. Ainsi, un choeur féminin à peine identifiable porte-t-il la mélodie des couplets, avant que la composition prenne un envol final dans un vent de guitares prodigieux de pureté et de violence. Magistral. Et au final, si les Ringo Deathstarr pourraient, par leur enfermement volontaire dans les codes sonores shoegazing et noisy-pop, passer pour de simples copieurs, c'est bien mal évaluer la qualité de l'écriture pop qui habite leurs compositions, plus éclatantes et bouleversantes les unes que les autres.

mardi 12 octobre 2010

Out This Week #4 : Belle And Sebastian - Belle And Sebastian Write About Love

Enfin de retour. Quatre ans que la bande à Stuart Murdoch n'avait pas donné signe de vie collective, depuis un The Life Pursuit encensé par beaucoup, mais décevant pour certains (moins nombreux il est vrai) qui y voyaient un groupe ne sachant retrouver sa magie originelle que par séquences (en même temps, dix ans avaient passé). Entre temps, on avait pu s'apercevoir que cette critique n'était pas totalement infondée, en se délectant d'une exquise compilation de sessions à la BBC sur la période 1996/2001. Mais, si Belle & Sebastian, de par leur découverte d'une forme d'ambition, ne sont plus tout-à-fait le même groupe qui a sorti l'incroyable triptyque Tigermilk, If You're Feeling Sinister, The Boy With The Arab Strap (sans compter les singles superbes de l'époque), il n'en demeure pas moins que les écossais gardent encore un petit quelque chose qui fait d'eux les icones de pas mal de fans d'indie-pop, toujours sensibles à leur discours. Comme il se doit, il fallait laisser sa chance à ce Write About Love, qui sort cette semaine chez Rough Trade (et Matador outre-Atlantique).

Et ce n'est pas le très bon début de disque qui nous fachera avec le groupe. Car en premier lieu, I Didn't See It Coming, confiée à la sublime voix de Sarah Martin, se montre réellement éclatante, autant dans son couplet en retenue, à la mélodie émouvante, que dans son refrain limpide. Chaque accord de piano, chaque arpège de guitare est un vrai plaisir, et si l'on peut questionner la cohérence de l'intervention de Stuart sur un pont très 80's, sa présence pour un jeu de ping-pong sur le refrain final rend la composition réellement grande. Une réussite, donc. Et la déception n'est pas non plus à l'horizon de la breakée Come On Sister (=>), dansante et jouissive comme pas permis avec ses synthés qui pourraient sembler un peu cheap, mais qui sont génialement utilisés, dans un style déluré juste ce qu'il faut. La balade Calculating Bimbo constitue un moment agréable, assez dans l'ambiance classique du groupe. On regrettera juste qu'elle traine légèrement trop en longueur. Car suit I Want The World To Stop (=>), débridée, basse remuante en avant, et forts accents 60's sur un refrain. Et toujours, en filigrane, cette timidité tendrement touchante, et diablement irrésistible.



Mais petit problème, Belle & Sebastian pêchent ensuite par irrégularité. On pouvait douter de l'intérêt d'inviter Norah Jones, mais alors si c'est pour en plus nous sortir une chanson qui ressemble à du Norah Jones, c'est quand même pas cool du tout. Un peu plus loin, Stevie Jackson passe au travers de la seule composition qui lui est confiée sur I'm Not Living In The Real World, trop bordélique. Pourtant, et c'est aussi à souligner, on a pu s'enthousiasmer sur le sympathique single Write About Love, ou finir en beauté en dansant sur Sunday's Pretty Icons (=>), évidence plongée dans des années 80, toute en pastel, en douceur, et en ballons de baudruche multicolores. Puis, surtout, comment ne pas mentionner The Ghost Of Rockschool (=>), probablement la plus belle réussite du disque, où Stuart et ses camarades retrouvent sur quatre minutes et demi la grâce qui a fait d'eux un groupe générationnel. On revoit, en se laissant bercer par cette trompette rêveuse et cette mélodie d'une pureté chavirante, les images d'une histoire que le groupe a su construire avec notre intimité, nos sentiments. La voix est fragile comme au premier jour, et la chambre dégage cette chaleur rassurante. Car au fond, si ce Write About Love comporte ça et là de malencontreux errements, il montre aussi que Belle & Seb savent toujours nous parler. D'un murmure tellement singulier ...

mercredi 6 octobre 2010

Chez Sarah #5 : The Rosaries - Forever EP [SARAH 62]

J'évoquais il y a peu Eternal, projet éphémère de Christian Savill, auteur en tout en pour tout d'un seul single. Cette trajectoire météorique, The Rosaries, autre groupe tenté par des atmosphères shoegaze, l'ont également expérimentée. Car en 4 années d'activité (enfin, tout est relatif), le trio originaire de Coventry, mené par Laura Watkins (au chant), aura tout juste eu le temps de jouer un malheureux concert, d'enregistrer des demos, de diffuser quelques chansons dans des compilations de fanzines, et enfin, peut-être l'élément le plus important de leur carrière, de sortir ce Forever EP chez Sarah Records, en 1992. Plus grand chose ensuite, pour ne pas dire plus rien. Et si plus grand monde ne se souvient d'eux, il reste toujours chez Sarah une place pour ces oubliés qui, même si cela n'a duré que trois chansons, furent bel et bien magnifiques.


La face-A est confiée à Leaving (=>). La magie opère immédiatement, en particulier grâce la voix adolescente et légère de Laura Watkins, qui gambade tranquillement sur des arpèges délicats semblables à des fleurs en train d'éclore au printemps. Rentre enfin la guitare acoustique, qui, ponctuée de quelques coups de grosse caisse, va faire monter le morceau en tension. Cette ascension est douce, progressive, mais totalement inarrêtable. Comme si une forme de curiosité poussait à se laisser emporter par la composition, on se retrouve surpris à l'instant où Laura force sur sa voix avant de déclamer avec fermeté ses "I'm leaving you", soutenue par un torrent de guitares shoegaze. La gamine n'est plus, elle prend son envol, et s'affirme dans un vacarme ravissant.


Une fois le disque retourné, on rencontre Anything (=>), menée par une guitare aux accords soyeux, et une section rythmique touchante car un peu gauche. Entre quelques hésitations malicieuses se déploie une mélodie ample, aérienne mais superbement intense. La voix géniale de Laura survole à nouveau l'ensemble avec aisance, avant qu'une pédale de fuzz chaleureuse n'emporte la composition dans un instrumental final désarmant d'évidence, très Sarah Records dans l'esprit : soudain, tout semble s'éclairer, prendre un sens exacerbé juqu'à en paraître nouveau. Suit pour conclure Ivory Tower (=>), balade à la mélancolie sucrée, coucher de soleil à la lumière idéale, arpèges qui se reflètent sur l'eau, une voix d'ange pour se laisser bercer. On y décèle une profonde émotion, plongée dans une innocence qui change forcément la perception des choses. Tout n'est ici que magie duveteuse, et l'on goûte à la beauté singulière d'un vrai cocon de sentiments. Alors qu'importe les sourires ou les larmes, car ces rares instants méritent juste d'être vécus.
 
 
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