jeudi 30 juin 2011

Playlist #12 : June Evenings

De Limoges à Stockholm, en passant par la prairie des filtres, les avions Air France, ou le sixième étage de la médiathèque de Toulouse. Des "nuits sans nuit" suédoises aux nuits blanches toulousaines, mais aussi des matins de glandouille aux grands jours d'expédition. Des vieux copains aux belles rencontres. De la pluie, du soleil, des nuages, des îles, des villes, des ponts en pierre, des parcs majestueux. Un mois de Juin tout simplement épique. Des vibrations, des pop-songs magistrales (coucou The Pains Of Being Pure At Heart), des émotions, des Dj-sets euphorisants (coucou Prins Thomas), de la fatigue (beaucoup de fatigue), des images plein la tête, puis des sourires, et surtout, énormément de bonheur. Alors un grand merci à tous ceux qui ont participé ...
[ Je ne ferai pas de live report des siestes électroniques pour cause de suivi en pointillés. Sachez tout-de-même que Connan Mockasin a de sacrés cheveux (et quelques jolies mélodies), que Lone ose tout (et qu'il a raison), que la soirée club en haut de la médiathèque était une expérience démente, que Lucrecia Dalt a posé sa musique comme dans un rêve, et qu'en bref, c'était cool, mais enfin on y serait presque habitués. ]
L'image du mois est une des rares photos vaguement réussies par moi-même à Stockholm, où, comme partout dans le monde, il a des vieilles dames sur des bancs ...


1/ Ride - Today (sur l'EP Today Forever, sorti chez Creation Records en 1991)
Wake up, see the sun, what's done is done ...

2/ Air France - June Evenings (sur l'EP No Way Down, sorti chez Sincerely Yours en 2008)
On est bien là, on est bien.

3/ The Bilinda Butchers - Careless Teens (sur l'EP Regret, Love, Guilt, Dreams, auto-distribué en 2011)
Flemme démesurée sur un dancefloor exalté.

4/ The Drums - Book Of Stories (sur l'album The Drums, sorti chez Moshi Moshi Records en 2010)
Parce que l'album réapparaît chez moi ces derniers temps.

5/ La Caza Azul - Tang De Naranja Cola Jet De Limón (sur la demo Te Invito A Mi Fiesta, auto-distribuée en 1999)
Parce que c'est la fête!

6/ Doggy - Le Sable Sous Mes Doigts (Demo) (proposé en écoute sur internet en 2011)
Pure indie-pop from France. (Oui oui oui!)

7/ St. Christopher - The Summer You Love (sur le single You Deserve More Than A Maybe, sorti chez Sarah Records en 1989)
L'été est de retour.

8/ Rocketship - Hey, Hey, Girl (sur le single Hey, Hey, Girl, sorti chez The Bus Stop Label en 1994)
Ce que j'aime ce clavier qui bourdonne ...

9/ Heavenly - Our Love Is Heavenly (sur le single Our Love Is Heavenly, sorti chez Sarah Records en 1990)
Concours de looks improbables pour un hymne twee.

10/ The Pains Of Being Pure At Heart - This Love Is Fucking Right! (live à La Fourmi à Limoges, le 23 Juin 2011)
Et revivre encore un peu la magie de cette soirée ...

vendredi 24 juin 2011

Live report #9 : The Pains Of Being Pure At Heart + Drownsoda @ La Fourmi - Limoges

Il y a des choses qu'on décide de faire, même si c'est pas raisonnable, juste parce qu'on en a gravement envie. The Pains Of Being Pure At Heart, groupe cher à mon coeur pour d'innombrables raisons, devaient passer par Toulouse, si j'en crois les toutes premières informations qu'ils avaient laissées à propos de cette tournée européenne. Sauf que bon, pour des raisons qui m'échappent, la ville rose n'a pu les accueillir. Alors, Limoges le 23 Juin ? Après tout, ça fait tout juste 3 heures de voiture (bon, allez, 4 depuis l'endroit où on veut bien me laisser prendre une voiture). Oh et puis merde, ce groupe vaut bien ça! Bon, du coup, ça aura occasionné plus d'un mois de recrutement pour le covoiturage (finalement au complet, et un immense merci aux demoiselles colocataires qui n'ont pas eu peur de nous, à Manu qui viendrait même si je lui annonçais qu'on part faire le Sahara sans bouteille d'eau, et même à Ben, bien qu'il préfère boire du Ricard avec des locaux plutôt que d'assister aux concerts d'indie-pop). Puisque j'en suis à remercier tout le monde, un immense merci à Fabien, d'abord pour les indications ultra-précises, et surtout pour tout ce qu'on s'est racontés avant, pendant, et après le concert. Dans le genre "bons gens", ça se pose là (coucou aussi à Skittle Alley et Doggy, donc au gang d'Anorak Records, pour faire simple). Et puis rendons à César, merci à l'asso (remuante) NoBrainNoHeadache (=>), parce qu'il faut bien des gens pour organiser tout ça! Et si tous ceux que je viens de remercier voyaient le sourire béat de crétin satisfait que je me traîne en écrivant ... Je n'oublie pas les conditions de jeu : très jolie petite salle, bon son, temps lourd donc grosse chaleur à l'intérieur.

L'ouverture, sur les coups de 22h, était confiée aux autochtones de Drownsoda (=>), un groupe tellement connu à Limoges que le bar de la Fourmi sert un cocktail du même nom! Ce duo guitare-basse use de samples électroniques pour créer une musique tout-à-fait NewOrderienne, en plus ensoleillé cependant. On regrettera que la première moitié du set ait laissé les instruments un peu trop en retrait face, justement, à des samples trop bruyants, mais une fois l'équilibre trouvé, ces garçons ont offert un set agréable, ponctué de quelques belles mélodies, de beaux éclairs de guitare. Je ne sais pas trop quoi penser du bassiste déluré qui aura passé la moitié du set à jouer dans le public : c'était très marrant, mais un peu hors-sujet ... Après tout, tout le monde a semblé bien s'amuser, je crois, et nous aussi.

Quelques minutes d'attente plus loin, The Pains Of Being Pure At Heart entrent en piste. Nous avons gagné avec grand plaisir le tout premier rang : j'ai le nez dans les effets de Kip, et les yeux sur la setlist, bref, on ne peut être plus près. Puisque je parle setlist, miracle : pour une fois, je peux vous la reconstituer avec la plus absolue fidélité ... puisque j'ai récupéré celle de Peggy (aidé par mon cher Manu qui a usé de sa taille pour l'atteindre), comme en atteste la photo prise ci-dessus. Bref, le set est lancé par la très intense Belong, avant que le premier relais soit pris par la vieillerie This Love Is Fucking Right!, reçue avec un plaisir maximal par un public pour le moins réjoui, qui esquissera dès lors très régulièrement d'engageants pas de danse. La suite est intouchable, entre la force déjà bien acquise de leur deuxième album (en particulier mise en lumière par la fatale Heart In Your Heartbreak, sautillante comme pas permis, le tube adolescent My Terrible Friend, ou encore la guitare exaltée de Christoph Hochheim sur Heaven's Gonna Happen Now), et les bonheurs de singles intemporels repêchés sur le premier, dont la magie semble ne jamais s'estomper (perfect pop-songs are forever ...). Comment ne pas se laisser emporter par le vent de fuzz nostalgique et les arpèges qui brisent le coeur sur Stay Alive ? Comment ne pas sauter partout sur Come Saturday, en se remémorant une ex qui prenait le bus tous les week-end ? Comment résister à l'envie d'exulter les "Don't check me out, don't check me out!" de la rutilante et insolante Young Adult Friction ? D'autant que le plaisir ressenti dans le public semble être partagé par le groupe : Peggy est inaudible mais souriante (et elle a revêtu sa plus belle paire de chaussettes), Kip toujours dans un entre-deux de timidité et d'éclate (sans compter la gentillesse avec laquelle il cite Fabien, ou remarque mon T-shirt Sarah Records, me faisant dans l'instant devenir aussi rouge que les cerises imprimées dessus), un Kurt métronomique nous soulève, tandis qu'Alex et Christoph donnent toute la consistance nécéssaire à ce que les compositions resplendissent, non sans manifester par leurs mouvements l'impression d'un groupe somme toute heureux d'être là et d'en découdre. La tornade Everything With You se charge de la conclusion, laissant l'occasion, dans l'enivrement, de remarquer que Kip joue de mieux en mieux ce solo d'anthologie. Resteront trois sucreries en rappel : Kip revient seul nous offrir l'émouvante Contender, avant que le groupe ne débarque au complet pour magnifier ce single déjà magistral qu'est Say No To Love (je ne me remettrai jamais de cette ambigüité entre une mélodie simplement éclatante, et des paroles lourdes de sens - ma chanson préférée du groupe ?). Enfin, le beat madchester et la lumière crépusculaire de Strange terminent comme par le plus beau des ciels étoilés ce concert qui gardera pour moi une valeur sentimentale toute particulière ("Our dreams are coming true ..."). Nous mettrons près d'une heure avant de reprendre la route, profitant de la disponibilité de Kip Berman, pour quelques instants privilégiés de discussion avec lui, autour de souvenirs d'un concert presque aussi mémorable à Toulouse il y a deux ans, et de questions sur la timidité et les grands festivals. Et à l'heure où j'écris ces lignes, le constat sonne tel une évidence : le souvenir de cette soirée sera inoubliable, tant il est synonyme d'un moment fort, d'un bonheur incandescent, et surtout, partagé.
PS : pour une autre vue, mademoiselle DanceToTheTuner (=>) participait au covoiturage, et a également rendu compte de la soirée.

lundi 20 juin 2011

Chez Sarah #12 : Another Sunny Day - Anorak City [SARAH 3]

Je crois avoir déjà utilisé, la première fois que j'ai parlé d'Another Sunny Day (pour I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist), le terme d'"hymne". "Rien que ça!", pourrait-on me rétorquer, mais c'est pourtant la seule manière, à mon sens, d'expliciter à quel point les chansons d'Harvey Williams sont de celles qui marquent les esprits par leur acuité, évoquent une époque par la définition exaltée qu'elles en donnent, et s'avèrent indispensables tant elles paraissent synthétiser l'imaginaire collectif. Un peu plus de deux minutes suffisent à Anorak City, troisième référence chez Sarah Records, pour ouvrir, dès sa sortie en 1988, le sillon de ces chansons éclatantes, sillon par ailleurs gravé sur de fins morceaux de vinyle dits "flexi-disc" (celui-ci ne fait d'ailleurs que 5"), produits à prix avantageux, mais voués à rapidement se détériorer, s'abîmant plus vite que le temps qui passe ...


Anorak City (=>) donc. Le ton est donné dès la première seconde : une batterie rudimentaire galope tête baissée, tandis que la guitare abuse d'un seul accord. Cette guitare fait presque le morceau à elle toute seule : branchée sur une pédale de fuzz, elle irradie littéralement la chanson d'une insouciance magistrale. Il n'est alors même pas étonnant d'entendre arriver la voix d'Harvey Williams, tellement perdue dans cette production à trois sous que l'on jurerait que c'est un enfant qui chante ces mots, avec toute la naïveté du monde. L'évidence naît sans doute de la rencontre de l'énergie effrontée des six cordes craquantes et crépitantes, avec l'innocence twee la plus pure qui prend forme sur les "la-la-la" du refrain, ou dans les paroles mignonnes, même adorables ("Will you be my Anorak, baby ?/Come on honey please don't say maybe./Say you'll forever be mine./We'll stay until the end of time in Anorak City ..."). Forcément, tout ceci est porté par une mélodie fulgurante et empreinte de simplicité, avant que, pour finir, un solo déraille en larsen pour tout emporter dans un sourire coquin. Magique!

mardi 14 juin 2011

Live report #8 : Crystal Stilts + Les Soldes @ Le Cri de la Mouette

En ce Lundi de Pentecôte était programmée l'ouverture de mon mois de Juin 2011, qui s'annonce tout simplement dantesque au niveau des concerts. Rendez-vous était pris sur la sympathique péniche du Cri de la Mouette, où les plutôt bien inspirés membres de l'asso FriendsOfPop (=>) faisaient venir les New-Yorkais de Crystal Stilts au beau milieu de leur tournée européenne consacrée à la défense de leur second album In Love With Oblivion (chez Slumberland Records outre-atlantique, et Fortuna Pop! par chez nous). Après une début de soirée consacré à la pétanque (oui oui, pourquoi pas ?), c'est en trio que nous nous rendons le long des allées de Barcelone, un trio par ailleurs original, comprenant en plus de votre serviteur les admirables Naudnaud et "Cocktail" Mallotov. Sans vraiment se presser, nous arrivons alors que Les Soldes, chargés de l'ouverture, ont déjà pris possession de la scène. Les conditions de jeu : foule honorable, chaleur encore supportable.


Les Soldes (=>) donc, nom probablement humouristique pour un groupe qui rassemble des gens qui font dans le commerce. Ce sont en effet des vendeurs de disque du centre-ville toulousains qui se sont rassemblés dans cette formation rutilante, qui mettrait en larmes n'importe quel commissaire européen vaguement soucieux des questions de concurrence libre et non-faussée. Le trio guitare-claviers-batterie martèle sans relâche un garage-rock bien noise, et surtout marqué par sa sauvagerie totale. C'est forcément brut, salement bruyant (en particulier la guitare, mais après tout, j'ai acheté Loveless à la personne qui en joue, donc j'étais prévenu). Les compositions sont de nature plutôt classique (ce qui constitue une forme de garantie), et l'une d'elles, basée sur la batterie éternelle de Be My Baby, sort même du lot. Tout ceci est dangereux pour l'ouïe, mais pas mal pensé.


Après une petite vingtaine de minutes passée bière en main, nous nous avançons à la rencontre des Crystal Stilts. Je concède tout de suite mon erreur : je n'ai pas encore, à cet instant là, écouté leur nouvel album, et je serai donc assez clairement perdu pendant une grande partie du set. Reste que les derniers morceaux sont à l'image des précédents : les beats sont minimalistes et entraînants, la basse navigue façon missile à tête chercheuse pour dégager ses mélodies sombres et rugueuses, la guitare est triturée, le clavier soigne le paysage. Encore et toujours, le chant de Brad Hargett est hanté par les fantômes post-punk, bouffé par la reverb, et savamment mis en léger retrait. C'est le claviériste Kyle Forester qui se charge de la communication avec le public en répondant aux blagues qui fusent entre les morceaux (le thème de la soirée sera l'impossibilité de distinguer le batteur, posté dans un recoin mal éclairé de la minuscule scène). Je signale, à y être, que le guitariste JB Townsend est armé d'une Phantom Vox noire du plus bel effet, et que son jeu est acéré, délicieusement tranchant, soulignant à merveille cette atomsphère pop mais crade que dégage le groupe. Bref, toujours est-il que je réserve mon enthousiasme pour les apparitions de vieilleries : je remarque avec bonheur The Dazzled (=>), qui émerge dans un halo de noirceur. Surtout, je fonds mon plomb habituel à l'instant où je reconnais l'hymne noisy-surf Love Is A Wave, puisque je bouscule tous ceux qui me séparent de la proximité avec la scène, afin d'esquisser quelques pas de danse frénétiques. Me voila rassasié, et je reviens au calme d'une position plus reculée pour profiter de la fin du set et du vrai-faux rappel (au Cri de la Mouette, c'est petit au point que le groupe est obligé de fendre la foule pour fuir, donc plutôt qu'un rappel, disons qu'on empêche le groupe de partir quand il a fini). En définitive, la soirée, sans atteindre des sommets d'éclat (Crystal Stilts ne sont sans doute pas le groupe le plus brillant du moment, mais demeurent de fort solides outsiders), s'est avérée bien agréable. Et c'est déjà pas si mal!

mercredi 8 juin 2011

Hors-sujet #2 : Une semaine à Stockholm.

Mardi 31 Mai
Le voila donc, ce jour où nous nous retrouvons au nombre de quatre (Eloïse, Pogo Moumoute, et Ben, pour ceux qui connaîtraient) devant l'aéroport Toulouse-Blagnac. Les billets étaient réservés depuis Décembre, c'est dire si l'attente avait semblé interminable (d'autant que ce voyage marquait, pour moi, la fin de diverses échéances pour le moins usantes). J'oserais même parler d'excitation à l'idée de découvrir une capitale décrite par beaucoup comme sublime. D'ici là, deux vols sont au programme, puisque nous réalisons une escale à Paris. Presque quatre heures de vol en tout, l'occasion d'exprimer des considérations qui pourraient paraître évidentes, mais sont pour autant hautement marquantes (c'est la citation du jour) : "les nuages, vus du dessus, c'est très beau". Je suis dans ces instants (mais plus pour longtemps) sponsorisé par le mode shuffle de mon Zen Touch, qui me proposera avec pertinence l'Electronic Renaissance de Belle & Sebastian (=>), puis A Token Of Gratitude de The Radio Dept. (=>), garantissant par là-même de grands moments de contemplation.

La soirée est consacrée aux retrouvailles avec l'ami temporairement exilé qui nous héberge (Gaël, pour ceux qui connaîtraient), dans le quartier de Solna (à deux pas du Rasunda Stadion). Elle se poursuivra dans un fast-food local devant des hamburgers, et un improbable "Fanta exotique". Au fait, il ne fait nuit (et encore) qu'entre 0h et 3h. Et le suédois n'a pas généralisé l'usage du volet.

Mercredi 1er Juin
Pas évident d'enchaîner après une journée d'aéroports. C'est pourquoi on commence la semaine en douceur par une balade au fil de l'eau (une constante, à vrai dire) vers le massif hôtel de ville (Stadshuset en VO). Une petite erreur tactique est à suivre puisque la matinée se poursuit par un déplacement vers les rues les plus grouillantes et commerçantes de la ville, autour de la station de métro Hötorget, pas le genre de lieu qui nous sied réellement. C'est donc vers la vieille ville et Gamlastan que nous nous tournons, avant de passer, de pont en pont, l'après-midi vers Slussen. Nous y découvrons le parc (tout en hauteur) autour de la Sofia Kyrka, et ne résistons pas à l'envie d'un peu de farniente, poussés il est vrai par un soleil radieux. C'est le moment précis où je tente d'allumer mon Zen Touch pour trouver de quoi accompagner musicalement mon étalage dans l'herbe, sauf que ... je l'avais laissé en marche depuis la veille, ce que la batterie n'a guère apprécié. Le reste des chansons apparaîtra dès lors en ces lignes selon ce que ma tête aura décidé, même si plus rien n'arrive jusqu'à mes oreilles. Arbitrairement, mon cerveau lance Nothing Can Stop Us, de Saint Etienne (=>). La citation du jour est extraite de La Dame de Pique, de ce cher Pouchkine : "Vous écrivez, mon ange, des lettres de quatre pages plus vite que je ne puis les lire."


Jeudi 2 Juin
Malgré mon absence de maîtrise de la programmation musicale de l'appartement, je suis séduit par Evergreen Dazed de Felt (=>), qui ouvre la journée par de subtils rayons lumineux. L'objectif du jour est de gagner Djugarden via 5 minutes de bateau, une île très verte tout aussi engageante pour l'amateur de musées que pour le promeneur distrait. Là encore, le mieux sera de pouvoir goûter, sous un franc soleil, mais caressés par un vent rafraîchissant, à cette Dolce Vita nordique, peut-être loin des excès latins, mais largement aussi relâchée. Le calme, si près du centre de cette métropole, s'avère troublant, et une fine pointe de nostalgie m'envahit.

Le soir, sans doute en quête de pas de danse, nous tentons une approche de la salle de concert du Debaser Slussen, sensée diffuser des choses semblables à ce qui se chronique ici. Manque de chance, l'intérieur de la salle est quasi-vide malgré un mix 60's de haute volée, et la terrasse, bien que bien emplie, n'esquisse pas le moindre mouvement autre qu'un lever de coude, malgré My Girls d'Animal Collective (=>). Tant que j'y suis, je le signale : en Suède, la jeunesse boit de la San Miguel, et au litre, sinon c'est pas drôle.

Vendredi 3 Juin
Ayant bénéficié dans la nuit précédente d'une literie améliorée, je lance ma journée avec motivation, en playlistant I Am The Resurrection de The Stone Roses (=>) (rien que ça!). Le parti-pris du séjour émerge lentement : il est de plus en plus évident que plutôt que se limiter à purement visiter Stockholm, nous avons la prétention inconsciente de "vivre" Stockholm. Comprenez par là qu'on se détourne un peu des circuits touristiques classiques, pour se laisser porter dans une marche hasardeuse mais heureuse, de parc en parc, jusqu'à fréquenter l'incroyable Freak Scene, disquaire en cave poussiéreux, bordélique, pas très indé, mais résolument culte!

Samedi 4 Juin
Je décrète ce matin que j'enfile mon T-shirt Sarah Records, et playliste donc entre la douche et le petit-déjeuner Crush The Flowers de The Wake (=>). La suite de la journée sera tranquille mais kilométriquement imposante, avec à la clé de jolies vues de la ville depuis des hauteurs insoupçonnées. En bonus, nous laissons à la vue des habitants de Stockholm une affiche des siestes électroniques (disparue à notre passage au même endroit le lendemain). La connerie dessus, nous décidons d'aller le soir même goûter à la vie nocturne, que l'on nous a promise plus délurée le week-end. Décollage vers 23h pour le centre-ville ... Sauf qu'à minuit, tous les bars ferment sans exception, ne laissant ouverts que des clubs douteux, en plus d'être coûteux. Après hésitation, nous jetons notre dévolu sur le Debaser Medis, où se tient d'après un panneau lumineux une soirée "KG Club". Je vous avoue qu'on s'arrête là parce qu'on ne sait pas trop où aller, et qu'il y a pas mal de filles devant. L'une d'elles, qui attend derrière nous, nous informe entre-autres qu'il s'agit d'une "ladies night", ce que nous n'interpréterons que trop tard comme étant ni plus ni moins ... qu'une soirée lesbienne! Car à l'intérieur, si on danse (enfin!) sur de l'électro mainstream et putassière (mention à Stromae qui provoque des émeutes en Scandinavie), et on voit plus de filles qui se roulent des pelles que de couples hétérosexuels ... Qu'importe, on s'amuse bien, notamment dans un bar faisant office d'avant-salle, qui diffuse une musique plus agréable (Röyksopp, Justice vs Simian, bref, des bêtises pour bouger). Retour au bercail vers 3h. C'est tôt, mais encore faut-il rappeler que le soleil se lève déjà.


Dimanche 5 Juin
Coucher tardif donc journée à démarrage retardé en ce Dimanche (où tout est quasiment ouvert d'ailleurs). Un passage s'imposait à l'évidence par le NationalMuseum de Stockholm, et je suis exaucé. Le premier étage est consacré à une histoire du design à la suédoise. Le second comprend en premier lieu l'expo temporaire "Lust & Last" (tout un programme), puis des peintures classiques (on est rarement déçu de croiser des Renoir, Gauguin, Rubens ou Rembrandt dans un musée). Un régal à taille humaine, tant on en sort moins exténué que lors des visites parisiennes. La fin d'après-midi sera composée d'un passage par le Hagaparken, imposant retrait consacré au repos et à la détente dans un cadre de verdure immaculée. Je ne sais comment j'y ai résisté jusque là, mais cette fois-ci est la bonne : Beach House joue dans ma tête son Walk In The Park (=>). Nous revenons à l'appartement en nous dirigeant au petit bonheur la chance, profitant surtout de pistes cyclables merveilleusement indiquées.

Lundi 6 Juin
Et si on allait voir un peu plus loin ? Elle est là, la bonne idée de ce dernier jour à Stockholm. Confiance est donc laissée à nos hôtes, qui ont repéré l'île de Grinda, et les 1h30 de ferry qui vont avec. Comme je n'ai guère le pied marin, j'espère qu'on viendra me sauver en cas de problème, en pensant à The Drums et leur Down By The Water (=>). Bien nous a pris d'écouter Gaël et Thibault, puisqu'ils nous dénichent cette île comme un coin de paradis, entre forêt majestueuse, jolies plages minuscules, et superbes archipels alentours. C'est le moment pour un pique-nique franchouillard (comprenez fromage et saucisson) au bord de l'eau. Bordel, ce qu'on est bien. Soyons fous, et hissons-nous jusqu'au point culminant de ce bout de terre, duquel nous aurons la plus belle vue du séjour ... bordel, ce qu'on est bien (bis)! Le retour en ferry plonge dans le sommeil presque tous mes camarades, mais je reste éveillé, trop occupé à profiter de ces derniers instants, semaine trop vite écoulée, si vite terminée. Je sifflote sur le bateau la chanson d'un poète bien connu (citation du jour) : "ils naviguaient en pères peinards, sur la grand mare des canards ...". On ne saurait mieux dire, et le reste des paroles doit être dédicacé à mes co-voyageurs, car si l'on était bien là-bas, on était également bien tous ensembles ...


Notre vol matinal obligeant à mettre le réveil à 3h30, Moumoute et moi refusons en ce dernier soir de se coucher, et geekons devant une fenêtre, observant fatigués la nuit qui refuse de tomber, puis le matin qui refuse d'attendre.

Mardi 7 Juin
Je n'ai rien écrit. De mémoire, départ de Stockholm-Arlanda par 20° à 6h40 du matin. Paris à 9h30 où il fait 14°, avec un peu de pluie. Toulouse à midi, pour 17° et beaucoup de pluie. On a l'air complètement hors-sujet avec nos coups de soleil glanés dans un pays dont il faut rappeler qu'il est coupé au nord par le cercle arctique ... Difficile de redescendre de notre petit nuage après une telle semaine. D'où, pour conclure, Air France, et No Way Down (=>).
 
 
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