lundi 23 août 2010

Un single #7 : The Pains Of Being Pure At Heart - Everything With You [2008]

Il y a des chansons, des singles, qui raisonnent dans l'histoire d'un groupe comme un déclic, un retournement de situation, un changement radical. Combien, sur ce format, ont explosé en vol, se sont perdus ? Combien d'autres, au contraire, sont passés du statut de parfaits inconnus à celui de héros, de leur chapelle ou de la planète entière ? Pour The Pains Of Being Pure At Heart, le tournant s'est produit en Octobre 2008, avec la sortie de leur première référence chez Slumberland, le single Everything With You. Avant ça, la bande de Brooklyn peinait à se faire remarquer au delà des quelques allumés qui suivaient les nouveaux groupes indie-pop en espérant une vague résurrection médiatique de cette scène. Un EP auto-produit (à 3 seulement, avec une boite à rythmes) et distribué par leur propre label (Painbow Records), quelques split-singles, et c'était à peu près tout. DIY, et pas encore sur le radar. Puis, donc, la signature chez le plus beau label indie-pop américain. Et tout bascule.

Qu'a donc cette face-A, Everything With You, pour mettre à ce point le feu aux poudres ? Tout, serais-je tenté d'affirmer. Quatre accords lacérés servent d'introduction à un brûlot noisy-pop intemporel. Le propos peut sembler heurté et urgent, marqué par l'engagement de cette rythmique rutilante. Mais au fond, d'autres impressions, plus mélancoliques, dominent, amenées en particulier par la voix effacée de Kip Berman, et sa façon d'égrainer les "Are you with me ?", en duo garçon/fille avec Peggy Wang. Un peu comme deux gamins, perdus mais amoureux, qui regarderaient autour d'eux avec fébrilité et inquiétude, avant de s'abandonner à ne plus penser qu'à eux-mêmes dans un refrain qui déferle avec évidence. Le contraste est d'ailleurs jouissif, tant le déluge de guitares semble les dépasser, eux et leur déclaration innocente et touchante ("I'm with you, and there's nothing left to do/Tell me it's true/I'm with you, and the stars are crushing through/Tell me it's true/I want everything with you"). Le solo passe en laissant le même brasier émotionnel qu'un baiser donné à la bonne personne, au meilleur moment. La magie de certains instants bel et bien vécus, The Pains Of Being Pure At Heart parviennent à la retranscrire, enrobée d'énergie adolescente et de sentiments incandescents.




Le coeur bat peut-être encore plus fort quand déboule la face-b éponyme The Pains Of Being Pure At Heart (=>). Le miracle fuzz opère pour de bon : la mélodie très pure et les paroles respirent une insouciance infectieuse ("So close your eyes/We will never die no, no we will never ... die."). Les mots semblent si simples, mais sont en réalité porteurs authentiques de sens, d'importance, pour peu qu'ils soient chantés à la façon de Kip Berman, la gorge nouée et le coeur serré. La composition est d'une intensité éclatante, et s'impose, à mesure qu'elle refuse de faiblir, de retomber, comme un hymne capable en un instant, dans sa course folle, de tout emporter, de tout faire oublier. Une nouvelle fois, le groupe démontre son génie dans l'art de décrire certains moments, perçus avec une puissante sincérité. Chez les coeurs purs, ces chansons sonnent comme un exutoire, l'expression magnifiée de ce que l'on a pas pu, ou pas su retenir. "We will never die", répètent-ils pour conclure. Dit comme cela, je me laisse volontiers convaincre.

2 commentaires:

Roo McFly a dit…

Je pense qu'on aurait pas pu décrire mieux.. nan franchement je plaisante pas, c'est vraiment juste ce que tu viens d'écrire.

Pierre a dit…

Merci Roo.

Enregistrer un commentaire

 
 
Copyright © Chocolate, Love, Sex.
Blogger Theme by BloggerThemes Design by Diovo.com