vendredi 25 juin 2010

Un album #2 : The Radio Dept. - Clinging To A Scheme [2010]

Je vais éviter de tourner autour du pot : Clinging To A Scheme, le troisème LP des suédois de The Radio Dept., est mon album de l'année 2010. Oui, dès Juin (et même depuis Mai). Autant le dire aussi tout de suite, ce disque réunit absolument tout les ingrédients pour me séduire, et même me faire tomber complètement amoureux : compositions éclatantes au goût indie-pop, influence claire d'une certaine idée (élégante) du shoegaze, instrumentations glissant souvent vers l'électronique. Deux ans de travail (produit par le groupe lui-même), puis quasi un an de report de la date de sortie. Un album attendu trop longtemps.


L'entrée dans cette merveille se fait sur la discrète Domestic Scene (=>), qui distille des arpèges délicats sur une rythmique tremblante. L'occasion d'entrer dans une ambiance feutrée, et de découvrir la voix de Johan Duncanson, traffiquée, et pourtant tellement touchante, parce qu'elle semble presque nous souffler ces quelques mots comme un secret qu'on confie ("Leaving just in time, I'm leaving just in time ..."). Vient ensuite le single qui porte le disque, Heaven's On Fire (=>). Un sample de Thurston Moore en pleine pensée gauchiste ouvre la voie d'une chanson imparable (mais comment imaginer, à ce stade-là, qu'elles le seront quasiment toutes ?), comme si Saint-Etienne branchaient des guitares pour magnifier une évidence mélodique. Les breaks sont irrésistibles, sans parler de l'envie de bouger ... La magie continue d'opérer sur la frénétique This Time Around (=>), portée par une batterie qui court comme un poulet sans tête. On sait pas trop comment la basse suit, mais ça colle particulièrement bien en dégageant un sentiment d'excitation, jeunesse sans avenir en étendard. Retour de la patte stéphanoise sur Never Follow Suit (=>), qui laisse un pouvoir total aux synthés, pour 4 minutes qui respirent les nuits d'été à danser jusqu'à en avoir mal aux pieds (à signaler que le sample en plein milieu du morceau est extrait de Style Wars, film culte d'Henry Chalfant sur le graffiti New-Yorkais du début des 80's. Même dans ses références les plus inattendues, ce disque est fait pour moi !).


Le repos est imposé par A Token Of Gratitude (=>), qui marque une pause savoureuse, avec son delay qui joue à Pong, son travail sur les textures, pour une petite aventure sur des terres électroniques, marquée par une lente montée vers les étoiles. Et alors que les yeux sont embués, l'enchainement avec The Video Dept. (=>) est absolument dévastateur, tant l'explosion que constitue ce miracle pop-fuzz emporte tout sur son passage. Quel bonheur d'être à ce point surpris par l'évidence la plus éclatante, comme si la fille avec qui t'es posé dans l'herbe, et pour qui tu craques sans jamais avoir rien dit, t'embrassait sans te demander ton avis. Dans la foulée, Memory Loss (=>) navigue en apesanteur, superpose délicieusement les instruments, pour créer au ralenti les images d'un paysage rêvé.


La suite est laissée à l'autre single, David (=>), sorti il y a maintenant un an de ça, mélange des genres particulièrement osé d'un instru quasi Hip-Hop (on va dire West-Coast début 00's), et de cette voix hantée par le shoegaze, dans une structure fondamentalement pop. Intéressant. Pour nous amener jusqu'à la conclusion, la courte instrumentale Four Months In The Shade (=>) se fait noisy et vaporeuse (un peu à la manière des interludes de Loveless). Pour finir, You Stopped Making Sense (=>) enveloppe tout d'un brouillard matinal, duquel ne semblent pouvoir s'échapper qu'un infatigable glockenspiel, une guitare fragile, et la voix de Duncanson, un peu perdu, surtout nostalgique d'un amour qui s'évapore. D'un été qui s'éteint. D'un album qui se termine. Heureusement, il y a une touche repeat. Car devant autant de mélodies, d'idées, de maturité, de simplicité, et pour tout dire, de perfection, difficile de ne pas souhaiter que tout recommence.

1 commentaires:

JR - Bordeaux, France a dit…

Merci ! Excellente description de cet album magistral qui est également, à ce jour, mon préféré de 2010. Mais attention : le prochain Trembling Blue Stars arrive !

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