lundi 6 décembre 2010

Un single #12 : Camera Obscura - Eighties Fan [2001]

Camera Obscura est, indéniablement, un de mes sujets de prédilection. J'ai été touché dès la première écoute par le groupe de Glasgow : je ne sais pas trop s'il s'agissait des compositions, touchantes et amoureuses, de ce son empreint d'un classicisme d'un autre temps, ou peut-être plus simplement de la voix de Tracyanne Campbell, hégérie indie-pop impensable, réservée mais magnifique. Bref, je pourrais en parler longtemps, donc, je l'ai d'ailleurs déjà fait. Mais Camera Obscura, j'y reviens régulièrement, sans même avoir besoin d'un motif. Parfois, je reprends tout au début, parfois j'enclenche par la fin, ou je prends les choses en cours. Qu'importe, j'ai posé cette fois-ci mes oreilles sur leur troisième single, le désormais culte Eighties Fan, sorti chez Andmoresound Records en 2001. C'était avant même que ne sorte le LP Biggest Bluest Hi-Fi, et cela restera comme le seul single à en être extrait. Et c'était bien.


Eighties Fan occupe donc la face-A, et s'ouvre dans un clin d'oeil appuyé aux Mary Chain (ou à Phil Spector ?), avec l'utilisation du beat de Be My Baby des Ronettes. Mais pas de guitare stridente à l'horizon : seulement Tracyanne Campbell, quasiment a capella, tout juste soutenue par une basse minimaliste. Les paroles sont malicieuses, et l'amosphère reste un peu suspendue jusqu'à l'arrivée de la guitare acoustique sur le refrain. Les choses se mettent en place doucement, un peu comme si la chanson se réveillait lentement. Pourtant, après le second refrain, une pluie de cordes soulève le morceau, soulignant superbement la mélodie. On ne s'en remettra pas, tant le romantisme et la classe transpirent de cette envolée digne des grands moments de Belle & Sebastian (l'affiliation entre les deux groupes est à l'époque évidente). C'est dans un sourire timide que Tracyanne conclut par des "I'm gonna tell you something good about yourself./I'll say it now and I'll never say it about no one else.", tandis qu'on se délecte encore quelques secondes d'arrangements subtils et délicats.

Sur la face-B, on trouve deux sucreries délicieusement twee-pop. La première se nomme Shine Like A New Pin (=>), qui fait d'emblée sautiller. On fait ici sans les violons, mais le synthé, discret et mélodieux, remplit son rôle à merveille. Tracyanne y chante de son naturel un peu effacé, sans jamais forcer, comme dans un murmure à peine élevé. Sa mélodie vocale est ensoleillée, et le soutien des choeurs de John Henderson apporte une profondeur intéressante. On se laisse aller à perdre un peu la raison sur un pont long mais justifié, pendant lequel s'invite notamment une guitare électrique intense. Puis on glisse vers un final plaisant et relaché, qui coule un peu comme quand on a pas envie que le morceau finisse parce qu'on danse avec une jolie fille ... Let's Go Bowling (=>), elle, est bien plus mélancolique. Habillée d'une acoustique intimiste, on y ressent assez bien l'ambiance de chambre d'étudiant un matin pluvieux, de ceux qui font se demander où vont les choses, et les relations avec les autres (ce qui semble être le thème évoqué). La guitare est chaleureuse, et semble être jouée avec une forme de paresse ... qui la rend irrésistible. Encore une fois, Tracyanne éblouit le morceau en chuchotant, accentuant ainsi la sublime fragilité d'une composition tendrement nostalgique. En connaisseur, John Peel ne s'y était pas trompé : dès cette époque, Camera Obscura avait un bel avenir.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
 
Copyright © Chocolate, Love, Sex.
Blogger Theme by BloggerThemes Design by Diovo.com