Il s'est passé bien des choses en un an. Demandez à Jack Tatum : fin 2009, il sort son premier single, ce Summer Holiday, chez Captured Tracks. Sans probablement s'attendre à ce qui va suivre. Car le garçon, qui a tout bidouillé seul chez lui, tombe à pic pour séduire tout ce que la toile a de fans d'indie-pop. L'album Gemini, sorti au printemps, ne fera que confirmer les dispositions de ce jeune venu d'un trou perdu de Virginie dans l'art de composer ça et là des chansons marquantes, fatales. Et alors qu'aujourd'hui, il squatte pas mal de tops de fin d'année (c'est la saison), ça méritait bien un coup d'oeil dans le rétroviseur : elles étaient comment, déjà, ces vacances d'été ?
Et bien, elles commençaient par des accords lâchés avec excitation. Des accords qui créent une mélodie impossible, à la beauté lumineuse. La batterie rentre elle aussi en courant, tête en l'air et cheveux au vent, sans plus se soucier que ça du lendemain (quel lendemain ?). La voix, par contre, est un peu plus du genre contemplative. Elle s'attarde un peu, se pose des questions, accélère soudain, mais pas franchement, et toujours dans un détachement délicieux. Le temps d'un refrain sans paroles, on peut se laisser aller à fredonner une exalatation passagère. Plus loin, on s'aventure sur un pont magistral : arpèges éclatants entrecoupés d'accords épurés, break de batterie sur lequel on peut danser timidement, et qui débouche sur une ligne de basse élastique et libérée. Magistral. Et autant le dire, dans votre vol pour très loin, dans le train pour ailleurs, ou même encore sur l'autoroute vers n'importe où, et puis même en restant chez soi pour trainer dans le quartier les soirs où il fait trop chaud, on tient là une composition tout simplement parfaite, qui traine cette mélancolie qui rend certains étés inoubliables.
Retourner le 7' permet ensuite d'embarquer dans Vultures Like Lovers (=>). Le paysage y est sublime, tout autant que déroutant : une guitare éclatée comme un ciel étoilé par un delay halluciné, un beat tremblant, épuisé. Si la voix semble peiner à se faire une place, elle souligne surtout la fragilité de l'ensemble, sorte de miracle permanent, à la touchante précarité. La mélodie ondule, se courbe, la lumière perce parfois au milieu d'un brouillard enveloppant. La limite entre intime et infini se trouble terriblement, les perspectives se brouillent, les répères s'éparpillent. Quels sentiments sont ici exprimés ? Qu'importe, serais-je tenté de répondre : chacun peut trouver là ce qu'il ressent, et s'approprier véritablement la composition, ces images floues, mais simplement belles. Quant à la suite de l'histoire de Jack Tatum, vous la connaissez sans doute aussi bien que moi.
dimanche 12 décembre 2010
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1 commentaires:
Oui, Wild Nothing est certainement une des meilleurs découvertes de l'année.
En parcourant ce blog, je viens de découvrir The Field Mice = un grand merci !
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