vendredi 24 décembre 2010

Chez Sarah #7 : The Sweetest Ache - If I Could Shine [SARAH 36]

Je vais vous l'avouer, j'ai bien peu d'éléments pour vous présenter The Sweetest Ache (dont le seul nom pourrait d'ailleurs être à lui seul un résumé parfait de l'esprit du label). Comme un bon nombre de formations signées chez Sarah Records, les gallois furent plutôt discrets, et ont connu une existence pour le moins écourtée (à peine plus de 3 ans). Tout juste le temps de laisser trois singles et un album à Bristol, avant de passer par Sunday Records et Watercolour (pas non plus des labels monstres, c'est le moins qu'on puisse dire). Le premier élément de cette maigre discographie était ce If I Could Shine, sorti chez Sarah à l'automne 1990. Les six garçons dévoilaient, derrière un artwork très Smithien, une musique vaporeuse entre indie-pop et shoegazing, d'une pâleur sensible.

La face-A consiste donc en If I Could Shine (=>). L'atmosphère s'impose, dès le départ : les arpèges forment un épais brouillard, la batterie s'entend à peine, la basse s'étale dans une mélodie flottante et majestueuse. Cette langueur va demeurer tout au long du morceau, comme pour nous glisser dans une paresse contemplative, une inertie mélangeant magie et désespoir. Et l'entrée de la voix, douce et effacée, de Simon Court, va encore un peu plus marquer ces impressions. Il chante, comme fatigué, des mots qu'on peine à déchiffrer ("I saw you standing by the sea ...", ouverture au symbolisme poignant). Alors, les yeux mi-clos, on imagine, on se raconte une histoire un peu triste, mais fondamentalement belle. Puis on l'écoute s'élever un peu pour porter ce qui ressemble à un refrain, dépassant tout juste la tête, et suggérant dans ses paroles une douleur profonde ("If I could be the one to make you smile ..."). Et la composition de se poursuivre dans un final instrumental toujours aussi perdu, où les guitares avancent sans autre but que de s'épuiser à pleurer. Magnifique.

Côté B, on trouve Here Comes The Ocean (=>), qui s'aventure sur les terres de Ride (Andy Bell était lui aussi gallois, après tout), ou de Galaxie 500. Au bout d'une intro assez courte mais menée dans un joli fracas, Simon Court se trouve seul avec la basse de Dave Walters. Le chant exprime à la fois la force d'oser se tenir debout, et la fragilité inhérente à sa solitude. Tout se joue autour du contraste entre les "Under the water, under the sea.", lachés comme on se laisse tomber sur son lit, et les refrains instrumentaux qui évoquent une tempête de sentiments, de vagues incontrôlables, dans lesquelles une des guitares éclate dans un solo damné, en complète perdition. C'est dans ce soulèvement que la composition devient irrésistible, qu'une mélodie se sublime, et, comme souvent chez Sarah, que les choses prennent, indéniablement, du sens.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
 
Copyright © Chocolate, Love, Sex.
Blogger Theme by BloggerThemes Design by Diovo.com