East Village. Un nom qui bénéficie d'une raisonnance bien particulière pour les amoureux de jangle-pop. Un cult-band, comme disent les anglophones, notion assez intraduisible, mais à la signification réelle : ceux qui se souviennent du quatuor lui ont gardé une place à part dans leur coeur. Car après y avoir goûté, on n'oublie pas facilement ces guitares, si fragiles, et pourtant tellement pleines de sens. Mais avant de commencer à s'épancher sur quatre chansons au classicisme terrible, encore faut-il préciser qu'ils étaient anglais, et que ce Cubans In The Bluefields, premier single d'une discographie mince mais flamboyante, est sorti en 1988, chez Sub Aqua Records.
La chanson titre Cubans In The Bluefields (=>) s'offre en première position sur la face-A. L'atmosphère automnale est perceptible dès le départ, les influences 60's également. La guitare acoustique en rythmique, qui évoque une richesse rassurante, est soutenue par cette électrique qui se joue d'arpèges abiles, ou d'accords sublimes. Les voix, qui pourraient sembler limitées, portent une émotion infinie dans l'harmonie qui les lie sur le refrain. Un décor fait d'une simplicité qui touche à la perfection, pour donner à la composition, d'une justesse impressionnante, un espace d'épanouissement. Break Your Neck (=>), qui l'accompagne, s'invite dans le registre d'une tristesse ravagée. La ligne mélodique est d'une absolue clarté, la voix tremblante de Paul Kelly (dont j'imagine qu'il était le lead-singer, même si je n'en sais rien) s'évertue à faire vivre un dernier espoir dans des mots qui soulignent sa fragilité ("I can't promise you anything/I wish I could", dans un final fatal). Car East Village ne parait tenir qu'à un fil, un équilibre miraculeux qui magnifie les harmonies, rend les guitares inoubliables, et le romantisme bouleversant.
Sur la face-B, on trouve d'abord Strawberry Window (=>). Les sensations sont enjouées, d'une douceur agréable. La mélodie dessine une composition enamourée, une beauté naturelle qui laisse un petit sourire discret mais précieux à l'auditeur. Tout semble couler de source, évidence sans artifice, limpide sans être facile, sentiments touchant par l'évocation. Pour finir, on croise la route de Kathleen (=>), qui développe encore une mélodie d'orfèvre et de magie, et alterne paroles à la sensibilité pure et intouchable ("I suppose, she said, I'll see you once again/So I got the bus and she her train/And all that was between us was the sound of the rain/In a deep and rolling sky"), et refrains instrumentaux à l'intensité éblouissante. On se surprend à monter le son pour se laisser emporter par ces instants de mélancolie infinie, ces guitares qui sonnent comme un souvenir. East Village, c'était simplement ça, des pop-songs impossibles, touchées par la grâce, et qui se sont faites une place à tout jamais dans les coeurs de ceux qui les ont rencontrées ... et en sont tombés éperdument amoureux.
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