Première rencontre pour commencer avec Thee Oh So Protective One (=>), qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère carrément 50's (délicieux abus de reverb). La surprise est constituée par une section de cuivres, qui sans se montrer envahissante, vient souligner une ligne mélodique d'un fort classicisme, puis prendre en main un solo déchirant. "Déchirant", qui est d'ailleurs le qualificatif le plus approprié à la description du songwriting de Christopher Owens, encore et toujours sensible ("They never know about the times you cried to the movies/They never know about the times you cried to the music ..."). Déjà le déluge de sentiments donc, malgré une ambiance ensoleillée. Magique. Et l'on enchaine avec Heartbreaker (=>), que Ryan Lynch (désormais intronisé lead guitarist) embrume d'un phaser matinal. Le morceau m'avait clairement enthousiasmé quand j'avais vu le groupe en concert, et la qualité se confirme ici, autour d'une mélodie limpide, d'un Christopher légèrement en retrait (et en douceur) mais qui porte le refrain, puis d'un solo magistral. Le rythme est soudainement ralenti avec l'arrivée de la chanson-titre Broken Dreams Club (=>), grimée début 60's dans sa forme (cuivres discrets, clavier retro, reverb éclatante). Le chant est plus beau et touchant que jamais, surtout sur un refrain au romantisme brisé. Le fait est qu'on se laisse complètement bercer, puis envouter par cette mélancolie à fleur de peau, qui transpire d'une composition instinctive, superbement fragile.
C'est Alright (=>) qui ouvre la face-B, avec une ligne de basse groovy, élastique, et dansante, qui entraine avec elle une instrumentation qui mêle acoustique et éléctrique, avec une production aux petits oignons par ce bon Chet White. Le tout coule avec une aisance déconcertante et un peu tête en l'air avant un final ralenti où la batterie se permet un solo sensuel au milieu d'une pluie de détails ravissants. Le contraste est saisissant quand survient la solitude de Christopher qui entame Substance (=>) seul avec sa guitare aux accords joués avec une lenteur exquise. La composition est simple et évocatrice, un peu perdue, doucement désespérée (le "Guitar solo, come on!" est glissé d'une manière si particulière, comme en équilibre), même si l'espoir fait son chemin dans les dernières lignes, où intervient un choeur féminin. En fait, tellement de choses sont mélangées ici qu'on est en droit d'hésiter à se laisser aller dans un sourire discret, ou à pleurer un peu parce que ça réveille quelques petites choses en nous. Pour finir, Carolina (=>) étend d'abord une longue introduction lunaire et dévastée, avant de se laisser hanter, avec l'arrivée d'une batterie puissante, par des figures shoegazing. Christopher chante la première moitié du morceau d'une voix grave, fatiguée et sombre, assez inhabituelle il faut bien l'avouer. Puis soudain, la lumière du petit jour apparait, et les paroles chantées se trouvent évoquer l'envie d'ailleurs, exprimée avec un amour sans mesure. Car il est bien question d'amour et de coeurs brisés chez Girls, avant toute autre chose, et mis en valeur par une écriture foudroyante, élégante, intemporelle. Qui sait où ces compositions peuvent mener Girls ? Loin, très loin, serais-je tenté de réponde, tant ils confirment là les espoirs placés en eux. "Sky is the limit", comme on dit là-bas.
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