On commence par Swirly (=>), qui expose d'emblée l'équation gagnante du groupe : ce mid-tempo langoureux mélange les guitares brûlantes, chères à My Bloody Valentine, avec la voix de fantôme d'Elliott Frazier, qui semble librement s'inspirer de celle de Jim Reid, le chanteur des Jesus & Mary Chain (aussi bien dans sa beauté, que dans ses limites, qui font son charme, au demeurant). De cette introduction au léger goût d'inachevé, on retiendra surtout la curiosité naissante face à ces nappes profondes, et ces bouts de mélodie qui en appellent d'autres, plus aboutis. Après qu'un bruit énigmatique ait marqué quarante secondes de questionnement, Starrsha (=>) déboule, et l'évidence mélodique avec elle. Riff entêtant, beat déchainé, chant coup de poing, paroles d'une simplicité majestueuse ("Don't think that I feel so good/I don't know what to say or do/About you ..."), tout est là, pour danser et oublier ses oreilles perdues dans l'immensité du mur de son. Au fond, le plus dingue est cette énergie déployée, qui semble tout emporter sur son passage, sauf une forme de vulnérabilité pop, qui reste diffuse dans les intentions. Le constat vaut également pour Some Kind Of Sad, avec son clip cheap et dément. Forcément, on y pense au bruit blanc et au fracas de Psychocandy. Une noisy-pop furieuse donc, à la structure simpliste, étriquée, mais source une fois de plus d'un brûlot explosif, tant la composition semble instinctive, sauvage même.
La suite ne sera pas décevante : Down On You (=>) est un véritable monument, par son amplitude, sa grandeur. Le fait d'avoir laissé la batterie seule au début permet d'apprécier l'épaisseur des couches de bruits qui vont tout recouvrir ensuite. La puissance sensuelle de l'ensemble est absolument terrible, entre les guitares abrasives, la mélodie toute en caresses, le souffle de la voix sur des "I'm going down on you" hautement suggestifs, ou les murmures angéliques de cette chère Alex Gehring sur ce qui ressemble à des refrains d'exaltation. Pour finir, et après un interlude qui fait diablement monter la pression, on embarque pour Sweet Girl (=>), chronique sombre et intense d'une histoire d'amour enterrée, mais au souvenir encore vivace ("I think about you all the time/And it cuts like a knife."). L'atmosphère est très brumeuse, à mi-chemin entre la désolation désespérée, et la beauté d'un fond de tendre nostalgie qui refuse de s'estomper. Ainsi, un choeur féminin à peine identifiable porte-t-il la mélodie des couplets, avant que la composition prenne un envol final dans un vent de guitares prodigieux de pureté et de violence. Magistral. Et au final, si les Ringo Deathstarr pourraient, par leur enfermement volontaire dans les codes sonores shoegazing et noisy-pop, passer pour de simples copieurs, c'est bien mal évaluer la qualité de l'écriture pop qui habite leurs compositions, plus éclatantes et bouleversantes les unes que les autres.
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