Enfin de retour. Quatre ans que la bande à Stuart Murdoch n'avait pas donné signe de vie collective, depuis un The Life Pursuit encensé par beaucoup, mais décevant pour certains (moins nombreux il est vrai) qui y voyaient un groupe ne sachant retrouver sa magie originelle que par séquences (en même temps, dix ans avaient passé). Entre temps, on avait pu s'apercevoir que cette critique n'était pas totalement infondée, en se délectant d'une exquise compilation de sessions à la BBC sur la période 1996/2001. Mais, si Belle & Sebastian, de par leur découverte d'une forme d'ambition, ne sont plus tout-à-fait le même groupe qui a sorti l'incroyable triptyque Tigermilk, If You're Feeling Sinister, The Boy With The Arab Strap (sans compter les singles superbes de l'époque), il n'en demeure pas moins que les écossais gardent encore un petit quelque chose qui fait d'eux les icones de pas mal de fans d'indie-pop, toujours sensibles à leur discours. Comme il se doit, il fallait laisser sa chance à ce Write About Love, qui sort cette semaine chez Rough Trade (et Matador outre-Atlantique).
Et ce n'est pas le très bon début de disque qui nous fachera avec le groupe. Car en premier lieu, I Didn't See It Coming, confiée à la sublime voix de Sarah Martin, se montre réellement éclatante, autant dans son couplet en retenue, à la mélodie émouvante, que dans son refrain limpide. Chaque accord de piano, chaque arpège de guitare est un vrai plaisir, et si l'on peut questionner la cohérence de l'intervention de Stuart sur un pont très 80's, sa présence pour un jeu de ping-pong sur le refrain final rend la composition réellement grande. Une réussite, donc. Et la déception n'est pas non plus à l'horizon de la breakée Come On Sister (=>), dansante et jouissive comme pas permis avec ses synthés qui pourraient sembler un peu cheap, mais qui sont génialement utilisés, dans un style déluré juste ce qu'il faut. La balade Calculating Bimbo constitue un moment agréable, assez dans l'ambiance classique du groupe. On regrettera juste qu'elle traine légèrement trop en longueur. Car suit I Want The World To Stop (=>), débridée, basse remuante en avant, et forts accents 60's sur un refrain. Et toujours, en filigrane, cette timidité tendrement touchante, et diablement irrésistible.
Mais petit problème, Belle & Sebastian pêchent ensuite par irrégularité. On pouvait douter de l'intérêt d'inviter Norah Jones, mais alors si c'est pour en plus nous sortir une chanson qui ressemble à du Norah Jones, c'est quand même pas cool du tout. Un peu plus loin, Stevie Jackson passe au travers de la seule composition qui lui est confiée sur I'm Not Living In The Real World, trop bordélique. Pourtant, et c'est aussi à souligner, on a pu s'enthousiasmer sur le sympathique single Write About Love, ou finir en beauté en dansant sur Sunday's Pretty Icons (=>), évidence plongée dans des années 80, toute en pastel, en douceur, et en ballons de baudruche multicolores. Puis, surtout, comment ne pas mentionner The Ghost Of Rockschool (=>), probablement la plus belle réussite du disque, où Stuart et ses camarades retrouvent sur quatre minutes et demi la grâce qui a fait d'eux un groupe générationnel. On revoit, en se laissant bercer par cette trompette rêveuse et cette mélodie d'une pureté chavirante, les images d'une histoire que le groupe a su construire avec notre intimité, nos sentiments. La voix est fragile comme au premier jour, et la chambre dégage cette chaleur rassurante. Car au fond, si ce Write About Love comporte ça et là de malencontreux errements, il montre aussi que Belle & Seb savent toujours nous parler. D'un murmure tellement singulier ...
mardi 12 octobre 2010
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