mercredi 27 octobre 2010

Un album #6 : Moscow Olympics - Cut The World [2008]

Malgré son caractère plutôt confidentiel, le mouvement shoegazing a indéniablement suscité, depuis ses origines, mais encore aujourd'hui, des vocations à travers la planète, y compris dans des pays dont la scène musicale reste pour le moins énigmatique. Pas évident, même en y réfléchissant longtemps, de citer par exemple le nom d'un groupe Philippin, malgré près de 100 millions d'habitants sur l'archipel. Mais vous pourrez désormais briller en société par l'évocation d'un quatuor au nom joliment désuet : Moscow Olympics. Signé en 2008, pour leur premier mini-album, chez les suédois de Lavender Recordings (troisième référence à l'époque pour un label qui semble aujourd'hui en sommeil), le groupe propose à travers les sept morceaux de ce Cut The World une musique envoutante et majestueuse.

L'introduction est confiée à What Is Left Unsaid (=>), dont le seul titre augure d'un ravissant moment. Les arpèges brillent d'une lumière lunaire, pâle mais sublime, alors que se débat en fond une batterie prise de spasmes habités. On croit pouvoir citer l'influence de The Wake quand arrive un synthé fatal, prêt à soulever la chanson et à la porter sur ses épaules. Pourtant, un break inattendu nous plonge dans une atmosphère plus dream-pop, brumeuse à souhait, avec une mélodie moins rentre-dedans, mais pas moins séduisante, tant elle dégage de douceur, et tant les soupirs de la voix confinent à la magie, surtout dans un final éblouissant, du genre à briser un coeur ou à faire tomber amoureux. C'est tout retourné qu'il faut accueillir No Winter, No Autumn (=>), qui nous refait le coup des arpèges en éclaireurs, et de l'influence de New Order cette fois imprégnée dans une basse possédée par l'esprit de Peter Hook. La structure du morceau, éclatée, ne masque pas pour autant les intentions mélodiques d'un ensemble qui fourmille d'idées, de détails savoureux. Petite surprise quand déboule l'introduction très Joy Division de Second Trace, qui se fond pourtant à merveille dans un éclatement shoegaze d'envergure. Vient le moment de se faire fusiller par une batterie perdue, qui lance un couplet, un refrain, ou du moins quelque chose propice à ce que se pose une voix d'ange un peu intimidé. Au fond de ce vent tourbillonant, les repères se brouillent, et quand la voix s'efface, on se raccroche à ces lignes de guitares claires et pures. Intense.



La première tentative d'écriture pop (au sens d'une syntaxe limpide) est Safe (=>), qui déploie ses guitares entremêlées et brillantes jusqu'à un couplet où entre ce chant perdu au fond d'un brouillard épais, dont on ne perçoit finalement que l'émotion (à défaut de pouvoir en déchiffrer les mots). Puis arrive un refrain admirable, qui insiste sur cette équation insoluble entre fragilité, excitation et énergie. Avant qu'une outro tremblante et mélancolique, ne s'épuise au loin. Suivront Carolyn, à deux voix, plus reposée, et surtout Ocean Sign (=>), qui semble se chercher un peu dans un paysage de désolation, avant d'être bousculée d'un refrain final épique, mur de guitares glacial en avant. Pour finir, se présente la chanson-titre Cut The World (=>), imprégnée dans ses couplets d'une hésitation qui se rapproche du doute, ou de la timidité, peut-être. Pourtant le refrain vient balayer, éblouïr aussi, dans un instant d'abandon, de dépassement des perspectives, d'évidence, probablement. Et au fond, c'est de cette évidence qu'est constituée en premier lieu la musique de Moscow Olympics, ancrée dans un contraste qui mêle ambition dans la construction, et classicisme dans la forme, entre New-Wave et Shoegazing.

1 commentaires:

Vocododo a dit…

Une nouvelle chanson est dispo: http://vocododo.blogspot.com/2011/10/moscow-olympics-keeping-avenues-open.html

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