samedi 4 septembre 2010

Un single #8 : Memory Cassette - Call & Response EP [2009]

Dayve Hawke est un peu du genre hyperactif nostalgique. C'est tout du moins cette impression qu'il dégage quand il se démultiplie sous trois identités distinctes (Weird Tapes, Memory Cassette, et le mélange des deux, Memory Tapes) pour faire émerger, depuis environ deux ans, des chansons de son cru, parfois repêchées bien des années en arrière, parfois beaucoup plus récentes. C'est d'ailleurs le concept qui guide Call & Response, EP sorti en Juillet 2009 chez Acéphale et Sincerly Yours, où sur chaque face, une composition vieille de près de 10 ans (le "Call") se trouve accompagnée d'un morceau confectionné pour l'occasion (la "Response"). De quoi, vue la qualité de la chose, placer ce chevelu du New-Jersey sur le devant d'une scène chill-wave (ou tout autre appellation idiote de votre choix) bourgeonnante.

Le premier binôme est Surfin'/Body In The Water (=>). L'occasion d'abord de goûter une voix féminine pour le moins sensuelle, accompagnée d'un beat estival et dansant. On se glisse bien vite dans cet univers de boucles synthétiques malicieuses, de petites touches (découvertes ou redécouvertes à chaque nouvelle écoute) qui font toute la différence. La construction du morceau, loin de toute structure claire, envoute et séduit, en laissant au chant une première moitié, avant de confier la seconde à un passage instrumental allumeur de dancefloor, façon Saint-Etienne à la plage. Sur Body In The Water, le rythme se calme, et l'on semble plonger et s'oublier dans l'eau que l'on vient de contempler depuis le bord de mer. Vocaux perdus, claviers tourbillonants, beat volatile jusqu'à sa disparition pour un pont sur lequel on ferme les yeux pour mieux sentir le vent effleurer notre peau, tout converge vers une contemplation délicieuse, un laisser-aller mystérieux, car générateur de sensations.


Sur la B-side s'élève avant tout la monumentale Asleep At A Party. La sublime évidence mélodique est portée par des nappes qu'on croirait empruntées chez Slowdive, tandis que la basse ronde et généreuse se balade langoureusement. La voix, noyée par la reverb, gagne un territoire fait d'une douce nostalgie, d'images vieillies, de visions brouillées qui laissent l'imaginaire prendre le relais (il en est d'ailleurs de même pour les paroles, indéchiffrables, donc potentiellement magnifiques). La composition pop pointe avec timidité le bout de son nez : on identifie un refrain et des couplets, même si l'homogénéité de l'ensemble reste totale. Puis, un pont mettant en lumière des choeurs immaculés fait office d'envol pour un dernier refrain bouleversant d'ampleur, de mélancolie insidieuse, car éclairée par le soleil couchant. Dans ces conditions, il est vrai qu'on oublierait vite le final constitué par Last One Awake (=>), appendice court et presque indéchiffrable, pour le coup véritablement perdu, peut-être trop marqué par l'épisode précédent. Qu'importe, il s'agit d'un retour sur terre lent mais nécéssaire. Le voyage était beau, avant tout plein de promesses, et déjà, d'une forme de maturité.

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