La face-A est confiée à la vaporeuse Sleep (=>). On y découvre une guitare acoustique perdue dans des couches et des couches de guitares épurées. Sur les couplets, la voix de Christian Savill est totalement égarée, et se traine sans qu'on ne comprenne rien à ce qu'il peut bien chanter. Qu'importe, car elle rend merveilleusement bien le désenchantement d'une composition à la lumière dégradée. Le refrain instrumental est lui d'une beauté crépusculaire et intense, comme si de la fatigue s'échappait un peu de vie, comme si quelque chose prenait forme, en restant pourtant indescriptible. La timidité habituellement assumée des groupes Sarah semble mélangée ici à l'usure, et les incantations finales d'une guitare sur-aigüe ressemblent à des larmes qui coulent le long d'une joue. Il fallait bien que certains perdent un peu le contrôle ...
Sur la face-B, on trouve en premier lieu la chanson-titre Breathe (=>), composition pop éclatante, à la clarté retrouvée. La guitare shoegaze emprunte à peine à la jangly-pop, pour porter des couplets à la mélodie douce et matinale, dans le murumure d'un Savill rêveur, et qui semble rebondir sur les murs de son. Alors que les guitares ne semblent plus vouloir bouger, c'est lui qui mène, sans jamais rien forcer, la superbe mélodie du refrain, évidence planante, horizon infini. Survient enfin un pont comme un coup de tonnerre, où l'onde se brouille, s'énerve. Pourtant, le dernier refrain, à la suite, noyé dans cet orage bruitiste, reste imperturbable, créant une délicieuse ambigüité entre le calme et la fureur. Une des ces chansons qui emportent loin, très loin. La clôture est confiée à Take Me Down (=>), qui joue la carte d'un larsen agressif, et d'une basse inquiétante très 80's. Un habillage très MaryChainien donc, qui colle malheureusement assez peu avec la voix de Savill, mal mise en valeur, et avec une mélodie qui peine à se démarquer. Un signe intéressant, montrant qu'un groupe de Sarah s'aventurant sur le terrain la dureté ne peut y être vraiment à sa place. Dommage, surtout que l'écoute de la Demo (=>), bien plus aérée, lente et reposée, offrait de jolies perspectives, avec ses violons qui semblent couler (pleurer ?), dans une ambiance majestueuse. Toujours est-il que, même très éloignés des canons de Sarah au niveau des sonorités, Eternal a su, le temps d'un unique single, faire vivre d'une autre manière la timidité et la fragilité, ingrédients classiques des signatures du label. Une autre voie était donc possible, et il faudra attendre l'apparition dans la catalogue de la maison de Bristol de Secret Shine pour à nouveau ressentir cette douceur duveteuse, et entendre ces guitares qui sortent de la chambre ... pour gagner les étoiles.
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