vendredi 24 septembre 2010

Un single #9 : Best Coast - Best Coast 7" [2009]

Imaginez Los Angeles, la côté Ouest des Etats-Unis, le soleil, les plages, le surf et, tout le reste. C'est de là (mais pouvait-il en être autrement ?) que vient le bien nommé duo Best Coast (la langue fourche facilement vers West Coast), mené par la voix, la guitare et l'écriture de Bethany Cosentino (dont on sait peu de choses si ce n'est qu'elle aime les chats, la pop, et fumer de l'herbe), secondée par Bobb Bruno (dont on sait surtout qu'il joue tous les instruments utiles au groupe, et qu'il était, longtemps avant, baby-sitter de la demoiselle). Venus donc, comme il se doit, de nulle part, armés d'une guitare, d'une pédale de fuzz, et surtout de chansons au charme fou, même pas vraiment totalement sorties de l'adolescence, enregistrées avec les moyens du bord. Largement de quoi conquérir le monde, ou à défaut, quelques coeurs paumés et prêts à se laisser emporter par la première vague d'insouciance qui échouerait par là. Et la vague en question, c'est ce single éponyme sorti chez Art Fag Recordings en 2009.



Sur la face-A, on trouve Sun Was High (So Was I), mid-tempo monolithique et lo-fi, fuzz fatiguée en avant sur une structure totalement épurée (tout juste deux accords ?). Mais quel charme. Et dans ce tonnerre de sentiments, la mélancolie occupe une place de choix, tant on s'imagine une fin d'été à la chaleur insoutenable, les yeux défoncés par le soleil (et par le reste ?), l'esprit tourné vers une contemplation ("Watch the cars go by") passive car dépassée. Une lente inertie donc, et les souvenirs probablement destructeurs de quelqu'un qu'on refuse d'oublier, chantés dans ces "I thought of you ..." répétés par une Bethany à la voix fragile et maladroite, noyée sous les guitares, renforçant une tenace impression de solitude. Moment d'égarement intense, éclairé d'une lumière et d'un amour épuisés, pour une composition fatale de sincérité, qui frappe en plein coeur, puis le brise lors d'un fade-out éprouvant. Sublime.

Côté B se présente d'abord So Gone (=>), qui duplique la recette de la langueur et des guitares crades, tout en renversant les impressions données juste avant. Car ici, c'est Bethany la forte tête qui parle, avec une voix emplie d'insolence, pour décrire un garçon qui ne sait pas ce qu'il veut. Le je-m'en-foutisme n'est donc pas loin, autant dans le son que dans le ton, et on se laisse bien vite gagner par ce sourire ironique. La composition bascule surtout par les "Oooooh" placés à la fin, qui font glisser vers l'évidence une mélodie pop sur laquelle le reste n'insistait peut-être pas assez. C'est donc dans un sourire qu'on accueille That's The Way Boys Are (=>), reprise d'une sucrerie pop 60's (signée Lesley Gore). Une relecture en douceur, plongée dans une reverb typique, et où la guitare mène le train tout en évitant de se montrer envahissante. Sans atteindre la beauté fatale des travaux des Raveonettes, ni s'attarder sur la candeur de la version originale, Bethany se livre à une reprise plutôt coquine, terriblement malicieuse, irrésistiblement dansante. Outre le fait de marquer une influence, se dessine ici surtout la mesure du temps qui passe : dans une autre époque, Mademoiselle Cosentino aurait peut-être été l'égérie d'un girl group produit façon Phil Spector. Si les formes ont quelque peu changé, des filles parlent encore de garçons, et la pop, éclatante, reste le fil conducteur.

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