mardi 6 septembre 2011

Un single #26 : Shimmering Stars - East Van Girls / I'm Gonna Try EP [2010]

Pour rester factuel, il faudrait présenter Shimmering Stars comme un - désormais - trio (ne vous étonnez pas si vous trouvez des photographies où ils sont quatre) venu de Vancouver, ou de sa lointaine banlieue. Mais il serait dommage de rester aussi réducteur, à l'heure où la formation menée par Rory McClure (qui compose seul) sort son premier album, Violent Hearts (chez Hardly Art, la semaine prochaine). C'est, en effet, un frisson passéiste mais divin qui guide la musique de ces jolies étoiles, plongée dans une atmosphère résolument 60's : propos concis, reverb à tous les étages, production Spectorienne, morceaux intenses et ravagés. Pour faire simple, écouter Shimmering Stars, c'est remonter dans le temps pour vivre des émotions virginales. Quel meilleur exemple, à ce titre, que leur premier EP, East Van Girls / I'm Gonna Try (=>), sorti sur microsillon en Novembre 2010, hébergé par la structure française Almost Musique, et édité à 500 exemplaires.


La face-A s'ouvre sur East Van Girls, qui met tout le monde d'accord en moins de deux minutes, sur la base d'un riff garage acidulé. Ambiance Vivian Girls, Best Coast, et tous ces gens qui ont rêvé d'être dans un girls-band au point de vouloir faire la même chose, peu important que l'époque ne s'y prête plus aussi bien. On se régale de ce chant envolé, des ces harmonies vocales comme autant de caresses, et surtout de cette mélodie qui se balance, monte et redescend comme un vieux manège nous emporte (et puis ce pont ...). Ce qui marque surtout, c'est la terrible simplicité et l'impression de facilité qui se dégagent, portrait idéalement ensoleillé d'une jeunesse incandescente. On continue avec Believe, qui tombe de rythme, et glisse par ses arpèges délicats vers la balade majestueuse. La batterie agite rapidement l'ensemble de convulsions émotionnelles, rendant à l'instant cet espoir fou qui le caractérise, cette puissance sentimentale façon tourbillon incontrôlable.


Côté face-B, on trouve d'abord I'm Gonna Try, que je considère comme le plus bel exploit du sieur McClure. Sur une guitare acoustique désuète vient se tisser une mélodie à la mélancolie prégnante, tandis que les paroles vont encore plus loin en évoquant le désespoir adolescent. On navigue entre violence pure ("Walking down the street/And I wanna kill everyone I see"), défaitisme dévasté ("I've lost my mind/I'm losing you/It's just as well"), instinct de révolte, ou plutôt, de survie ("I'm gonna dream up a new dream/And I'm gonna dance to a brand new beat"), avant un constat d'une fatale évidence ("I'm wearing a smile, and it's fake/'Cause right now it has to be/Because I know that love is the only thing/That's gonna save me."). La composition s'illumine surtout dans ce contraste majeur entre des couplets de doo-wop exalté, et cette pause sous forme de deux refrains lors desquels le coeur se brise, l'innocence connaît une fêlure amoureuse désarmante. Une perfect pop-song, indéniablement. Pour conclure, Shimmering Stars offrent une relecture hallucinée du Let It Be Me des Everly Brothers (qui avaient eux-mêmes emprunté à Gilbert Bécaud), où la douceur cède sa place à un bruit presque blanc, à une lumière de fracas et de fascination. Au fond, le scintillement de ces étoiles rappelle sans doute celui de sentiments éternels ...

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