jeudi 15 septembre 2011

Chez Sarah #16 : Brighter - Noah's Ark [SARAH 27]

En à peine 5 années d'existence (de 1989 à 1993), Brighter auront illuminé Sarah Records. Au travers de 4 singles (dont un EP de 5 titres) et un album, le groupe de Keris Howard (futur Harper Lee), Alison Cousens et Alex Sharkey avait trouvé ce son d'une incroyable douceur, écrit ces compositions aux lignes voilées, décrit ces impressions fugaces qui collent si bien aux sentiments, ravagé les cœurs de ceux qui avaient voulu se laisser emporter par cette tristesse diffuse mais éclatante. Une discographie parfaite, désarmante, qui s'était ouverte en 1989 par Around The World In Eighty Days, déjà évoqué en ces pages, et qui se poursuivait en Février 1990 par ce single intitulé Noah's Ark. Les galets maladroitement disposés, cette pochette de bord de mer, en disent déjà long sur les trois pop-songs rencontrées sur ces 7 pouces : c'est innocent, exalté, le temps passe à une vitesse qu'on ne peut raisonnablement expliquer, et ça rêve beaucoup, énormément même, d'un ailleurs, plus loin que l'horizon ... En avant, pour la référence numéro 27.

La face-A, donc, pour Noah's Ark (=>). Du Brighter caractéristique, si j'ose dire : une guitare acoustique jouée avec une infinie paresse, une électrique, en arpèges, à la sublime luminosité. Keris Howard entre, et on sent immédiatement dans sa voix toute la mélancolie possible. Ses premiers mots sont, en effet, résolument évocateurs : "I say goodbye and I sadly smile./Has it all been worthwhile, or a waste of time ?/Just a waste of time." Un regard en arrière déchirant, qui pose à lui seul l'atmosphère d'une chanson qui vogue longtemps et lentement sur une mélodie feutrée, aux timides variations. Brighter dépeint ainsi ces instants foudroyants, quand les yeux deviennent humides, quand les regards se perdent sur des ciels de traîne, quand plus rien n'a réellement de sens. Puis le tourbillon débute sans prévenir, après que la guitare électrique ait pris le pouvoir, soutenue par un synthé usé : une batterie, si rare, vient irradier d'émotions ce final égaré, où ne nous parviennent plus que des "la la la" qui s'envolent, dispersés par le vent, comme les cheveux sur les visages des jeunes filles quand souffle une brise délicate.

Deux morceaux sur la face-B, à commencer par I Don't Think It Matters (=>). Le ton se fait plus léger, et le soleil semble revenir (après le déluge ?). Un Brighter printanier en quelque sorte, à peine sucré, tout juste souriant, accompagné de mots qui ressemblent à l'amour (même si l'on peine à les déchiffrer), puis ce "I don't think it matters then/Should it matter ?", forcément touchant, car glissé avec assurance, et même une pointe de malice. La mélodie, tout au long de ces trois minutes, rassure et cajole, car elle est simple et clairvoyante. Reste tout de même une question bien légitime : Does Love Last Forever ? (=>) Le tempo est en tous cas pour le moins enjoué, incitant à un optimisme dont on espère qu'il guide la réponse. On esquisse sans mal des pas de danse, en laissant pourtant notre cœur s'arrêter juste après le refrain, quand la boite à rythmes se tait pour mettre brièvement en valeur l'évidence et la pureté de la ligne de guitare. Keris Howard chante de sa voix raffinée et insaisissable des mots trop vite échappés, animés d'une excitation sincère. On sait bien que la réponse à la question n'arrivera jamais vraiment. Ou peut-être que si, finalement, quand un pied allume une pédale de fuzz jouissive, du genre à se sentir terriblement vivant, du genre, aussi, à promettre que l'espoir est permis.

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