La face-A, donc, pour Noah's Ark (=>). Du Brighter caractéristique, si j'ose dire : une guitare acoustique jouée avec une infinie paresse, une électrique, en arpèges, à la sublime luminosité. Keris Howard entre, et on sent immédiatement dans sa voix toute la mélancolie possible. Ses premiers mots sont, en effet, résolument évocateurs : "I say goodbye and I sadly smile./Has it all been worthwhile, or a waste of time ?/Just a waste of time." Un regard en arrière déchirant, qui pose à lui seul l'atmosphère d'une chanson qui vogue longtemps et lentement sur une mélodie feutrée, aux timides variations. Brighter dépeint ainsi ces instants foudroyants, quand les yeux deviennent humides, quand les regards se perdent sur des ciels de traîne, quand plus rien n'a réellement de sens. Puis le tourbillon débute sans prévenir, après que la guitare électrique ait pris le pouvoir, soutenue par un synthé usé : une batterie, si rare, vient irradier d'émotions ce final égaré, où ne nous parviennent plus que des "la la la" qui s'envolent, dispersés par le vent, comme les cheveux sur les visages des jeunes filles quand souffle une brise délicate.
Deux morceaux sur la face-B, à commencer par I Don't Think It Matters (=>). Le ton se fait plus léger, et le soleil semble revenir (après le déluge ?). Un Brighter printanier en quelque sorte, à peine sucré, tout juste souriant, accompagné de mots qui ressemblent à l'amour (même si l'on peine à les déchiffrer), puis ce "I don't think it matters then/Should it matter ?", forcément touchant, car glissé avec assurance, et même une pointe de malice. La mélodie, tout au long de ces trois minutes, rassure et cajole, car elle est simple et clairvoyante. Reste tout de même une question bien légitime : Does Love Last Forever ? (=>) Le tempo est en tous cas pour le moins enjoué, incitant à un optimisme dont on espère qu'il guide la réponse. On esquisse sans mal des pas de danse, en laissant pourtant notre cœur s'arrêter juste après le refrain, quand la boite à rythmes se tait pour mettre brièvement en valeur l'évidence et la pureté de la ligne de guitare. Keris Howard chante de sa voix raffinée et insaisissable des mots trop vite échappés, animés d'une excitation sincère. On sait bien que la réponse à la question n'arrivera jamais vraiment. Ou peut-être que si, finalement, quand un pied allume une pédale de fuzz jouissive, du genre à se sentir terriblement vivant, du genre, aussi, à promettre que l'espoir est permis.
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