dimanche 14 août 2011

Un single #25 : Beach Fossils - Daydream [2010]

En un peu plus de deux ans, et une centaine de références, le label Captured Tracks s'est fait un nom, et a cristallisé avec force un air du temps indie-pop pour le moins majestueux, remettant au goût du jour des guitares frêles, les rythmiques glacées, ou les voix timides, enregistrées dans les chambres d'étudiants rêveurs. En découvrant des noms comme Wild Nothing ou Craft Spells, mais également en rendant hommage à de glorieux anciens (les re-issues de The Wake sont une idée formidable), la structure de Brooklyn avance avec exigeance, semblant ne se référer qu'à des pop-songs parfaites. Une des sorties les plus abouties est sans doute le tout premier single de Beach Fossils, cet impensable Daydream, venu préfiguer, en Février 2010, la brise exquise de l'été qui suivrait, en même temps qu'il nous démontrait que Dustin Payseur, New-Yorkais lui aussi, et encore artisan solitaire du projet à cet instant, était capable d'intouchables hymnes adolescents.

La face-A est confiée à Daydream. Un morceau mené par une boîte à rythmes absolument rudimentaire qui distille un beat hésitant qui fait ressortir l'amateurisme et la touchante maladresse de l'enregistrement. Pourtant, au dessus, les guitares s'emmêlent, et les arpèges créent une lumière douce et subtile, fondus comme la voix dans une reverb enveloppante, qui dépose comme un voile sensible, semblable à une caresse. Le chant de Dustin Payseur sature à peine, lointain et ébranlé, en des mots bien trouvés autour d'un équilibre entre solitude et romantisme affecté ("I am on time/Though I didn't try/And the seconds move slow/But the moment's all too fast."). Cette rêverie éveillée semble toujours plongée dans la flemme, sans qu'on puisse dire réellement si la mélodie, finalement souriante et éclatante, prend le pas ou non sur une mélancolie diffuse, un oubli qui ne s'éloigne jamais vraiment. Une ambiguïté, une fragilité, dans lesquelles se confient souvent les plus renversantes des pop-songs. Soudaine et dévorante, Daydream rentre inévitablement dans cette catégorie.


Sur la face-B, et Desert Sand (=>), les influences changent, sans pourtant que la façon de faire sonner ne se modifie radicalement. Plutôt que de plonger dans l'imagerie délicate de Sarah Records, ce sont ici une surf-music calme, un peu "lo-fisée", et le psychédélisme en noir et blanc du Velvet Underground, qui mènent le bal. Bienvenue donc dans un monde où la reverb est plus crasseuse que satinée, où le soleil brûle plus qu'il ne câline. La batterie, tellement 60's, est mortellement passive, et les guitares construisent cette fois un feu de paille qui crépite, se consume dans une mélodie défoncée qui bouscule dans une certaine arrogance, cheveux sales au vent, rien à foutre de rien, si ce n'est de cette chaleur écrasante. Il est alors surprenant mais intéressant de trouver encore une voix fatiguée, instinctive, et désabusée. Dans ce (presque) western nocturne, Beach Fossils conclut son premier fait d'arme. Inutile de dire que nous n'avons, depuis, pas été déçus.

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