dimanche 21 août 2011

Hors-sujet #3 : Making a mixtape (for someone).

To me, making a tape is like writing a letter — there's a lot of erasing and rethinking and starting again.

Ces mots, vous pouvez les lire dans High Fidelity, roman culte de Nick Hornby, sorti en 1995. Un livre dans lequel l'anglais plonge dans les petit travers d'un fan de musique qui semble voir sa vie sentimentale influencée par ses pop-songs préférées ... Si j'ai exhumé ces quelques mots, c'est parce que je suis moi-même, à l'instant où j'écris, en train de m'essayer (ce n'est pas tout-à-fait la première fois, quoique c'est peut-être la première fois que ça m'importe autant) à l'art de réaliser une mixtape (pour une personne qui se reconnaîtra). Une idée qui peut sembler complètement hors-sujet à l'heure où l'on s'échange en trois clics des gigaoctets de mp3. Mais pas tant que ça, finalement, car faire une mixtape, c'est d'abord ça : apprendre à choisir. Il est évident que je ne mixe justement pas une "tape" (pour des raisons tout simplement pratiques), mais un CD ... Remarquez, ça revient un peu au même, l'idée importante étant, me semble-t-il, d'être pris dans des limites temporelles, afin d'être contraint de tenter de sublimer un cadre prédéfini. Mon CD, en l'occurrence, me laisse 80 minutes (par comparaison, une cassette audio classique, c'est 60 ou 90 minutes) (et une cassette audio a deux faces, ce qui peut rendre l'exercice encore plus intéressant, mais qu'importe).

"Making a tape is like writing a letter", et l'on pourrait presque s'arrêter là. Car le fait que tout ne soit ensuite qu'erasing and rethinking and starting again semble être une évidence, un peu comme pour toutes les choses dans lesquelles on veut mettre beaucoup de soi-même. Pour revenir à ce qui rapproche la mixtape de la lettre, d'autres éléments de comparaison viennent, inévitablement. Principalement, pour moi, il s'agit de faire passer un message, ou de raconter une histoire. Ecrire une lettre à quelqu'un, c'est mettre une part de soi, une part de la personne destinataire, et sans doute une part du monde autour. Pour la suite, il n'y a de règles narratives que celles que vous souhaitez vous imposer. Questions/réponses, thématique particulière, voyage intersidéral, intimité brûlante, fête démesurée ... la mixtape peut de toute façon servir plus ou moins toutes les causes, de clins d'oeil appuyés en références à peine compréhensibles, de coupures radicales en délicats enchaînements.

Après tout, peu importe les conventions, quand ce qui compte vraiment, c'est d'être personnel, imaginatif, et surtout sincère. De faire découvrir, forcément, sans jamais oublier de s'ouvrir pour découvrir un peu soi-même, ou redécouvrir, parfois. Relire des paroles, ou se laisser abuser par un titre. Chercher l'ambiance qui saurait parfaitement retranscrire un moment, trouver la transition qui va surprendre ou conforter, la mélodie fatale à l'imaginaire, le langage qui pourra être aussi bien compris par la personne qui reçoit que par celle qui suggère et donne. Puis sans se prendre vraiment au sérieux (préparer une mixtape, c'est aussi se faire plaisir, tout simplement), c'est l'occasion de se confier sans doute un peu, de glisser les choses sur lesquelles on a parfois du mal à mettre des mots. Si on peut, forcément, voir là-dedans une jolie bêtise adolescente ("Tu penseras à moi en l'écoutant.", sans doute, mais n'est-ce pas négliger un peu le contenu ?), c'est sans doute surtout l'occasion d'un bouche à oreille intime, en même temps que d'un cadeau dont la valeur symbolique dépasse largement la valeur pécuniaire. Comme si les chansons étaient ce que les amoureux de la pop ont de plus cher à offrir ...

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