mercredi 6 juillet 2011

Un single #23 : Ride - Today Forever [1991]

1991 fait figure d'année charnière dans l'épopée de Ride (et d'année absolument totale dans celle du shoegazing en général). Le groupe d'Oxford s'y trouve en effet dans le passage critique entre un premier album porté par une spontanéité brûlante (Nowhere, Octobre 1990), et un second disque déjà très attendu (Going Blank Again verra le jour en Mars 1992). Que faire dans l’intervalle ? Magnifier leur oeuvre dans une synthèse stupéfiante semble une réponse (un projet?) à la portée du quatuor mené par Mark Gardener et Andy Bell, qui sort donc sans perdre de temps cet EP intitulé Today Forever, le 4 Mars 1991 précisément, chez leur label de toujours Creation Records, marquant au passage la centième référence au format single pour la structure d'Alan McGee.

La face-A s'ouvre par Unfamiliar (=>), qui déploie sans plus attendre un des points forts du groupe en la personne d'une section rythmique démente, portée par le tentaculaire Loz Colbert à la batterie, auquel est associé le jeu de basse sauvage de Steve Queralt. Mais c'est bien l'entrée de la seconde guitare, aventureuse, séduisante, qui fait éclater le morceau. La voix de Mark Gardener fait des siennes, planant par dessus, contrastant magistralement avec une instrumentation up-tempo. La mélodie surprend, derrière le vacarme, par sa facilité, et les sentiments sont d'ores et déjà chamboulés par le souffle de cette adolescence qui se consume. Puis Sennen (=>) s'illumine dans la foulée comme un lendemain matin. Les guitares entrelacées subliment de fins rayons lumineux, tandis que la mélodie donne à l'ensemble une tranquillité souriante, soulignée également par ces voix qui murmurent plus qu'elles ne chantent. Ride prend le temps de contempler, assuré de sa force évocatrice, comme de sa capacité à suspendre de cours des choses pour mieux goûter à une montée finale sensuelle qui s'envole bientôt dans un fade-out ...


Côté face-B, c'est d'abord Beneath (=>) qui tonne, sur la base d'une batterie rutilante, d'une mélodie pop chaleureuse. Ce qui frappe, c'est la structure audacieuse du morceau, où l'on ne distingue pas réellement de couplet ou de refrain, mais où pourtant, chaque instant, le groupe se montre entreprenant au point de réussir à faire décoller la chanson, à nous surprendre ou nous émerveiller. Puis vient, pour conclure, l'heure de Today (=>). Pas à pas, le mur de guitare se construit, les couches se superposent, gagnent une épaisseur troublante pour les sens, berçant l'auditeur hypnotisé par cette lumière d'une indicible pureté. Pendant ce temps, sont apparues une batterie exaltée, et des cordes qui touchent à l'infini. Les voix du duo Gardener-Bell (on pourrait dire "la voix", tellement elles se confondent) respirent le questionnement, voire même une forme de perdition. Il faut bien avouer que l'univers qui se crée, puis se développe face à nous, plonge les éléments humains dans une immensité qui les dépasse, grains de sables balayés par le vent. "Last thing I remember, I don't know", peut-on entendre dans cet océan sonore sublime et ultime. Une invitation à tout oublier ...

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
 
Copyright © Chocolate, Love, Sex.
Blogger Theme by BloggerThemes Design by Diovo.com