mardi 26 juillet 2011

Chez Sarah #14 : Blueboy - Clearer [SARAH 55]

Blueboy est, et restera, toujours, un groupe à part chez Sarah Records. Un groupe qui a déplacé certaines frontières par son approche de la pop, face la relative homogénéité qui caractérisait son label et son époque, en apportant une palette sonore originale et majestueuse. Blueboy, c'est, aux origines, Keith Girdler et Paul Stewart, deux garçons venus de Reading. Le premier est chanteur, à voix d'ange, de celles dont on se souvient à tout jamais. Le second est guitariste, doué comme pas permis, capable de lignes mélodiques qui dépassent le cadre de la jangle-pop pour embrasser tantôt le jazz, tantôt la bossa-nova. Clare Wadd et Matt Haynes ne résisteront pas à la demo reçue aux environs de 1991, et leur proposeront un premier single chez Sarah. Il s'agit de Clearer, qui sort en Octobre, référence numéro 55, sous une pochette rougeoyante, avec l'impression que la clarté du titre résume à elle seule les deux chansons gravées sur ces sept pouces.

La chanson titre Clearer (=>) développe une indicible perfection dès ses arpèges introductifs, plongés dans un echo glacé. La mélodie qui se dessine est lumineuse, pure, perdue sur des nuages immobiles qu'on croit pouvoir toucher, le temps suspendu. Les accords, acoustiques et soyeux, sont ensuite joués avec la plus absolue douceur, caresse rêveuse, alors que la voix de Keith Girdler nous effleure, sensible et forte à la fois, mêlant délicatesse et assurance. Sans se perdre dans les erreurs du genre, il livre un texte de protest-song qui défend avec pudeur et justesse le combat homosexuel, au nom de l'amour, plus que de toute autre argumentaire ("Don't restrict me, don't restrict me.", ou, plus loin, "So let me live and let me love, I need love so bad."). Le refrain représente une profonde respiration, soulignée par la discrète apparition de la section rythmique. Puis on dépasse des guitares égarées mais splendides, fourmillant de détails mélancoliques, lors d'un pont qui invite à l'introspection. Indéniablement, Clearer fait partie de ces chansons qui mettent à nu les sentiments, évoquant une révolte intime et presque silencieuse, un souffle fragile mais surtout humain, car soulevé par un espoir ineffable.

Sur la face-B, on trouve Alison (=>) (prénom plus tard honoré par Slowdive, mais c'est une autre histoire). La guitare électrique se balade toujours avec légèreté derrière le chant des oiseaux, coulée dans un delay qui convoque les méandres de Vini Reilly (The Durutti Column). La boîte à rythmes minimaliste et pesante vient pourtant apporter un contraste, en juxtaposant une pesante ambiance d'orage d'été. Reste que le virtuose Paul Stewart joue des rayons de soleil pour éclairer la voix cette fois à peine plus hésitante de Keith. Les images subtiles décrites dans son texte sont perceptibles, presque visibles, même si elles sont exprimées dans une élégance irréelle ("Alison, the stars shine down on you/And stars shine through/A night so blue"). Un refrain qui vient balayer ce que l'on imagine possible, tutoyant jusqu'aux étoiles qu'il figure, s'envolant bien plus loin que les limites communément admises ... Blueboy affiche ainsi sa singularité, à l'instant même où débute son éclosion. Bientôt viendra le temps de l'épanouissement.

1 commentaires:

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Encore une belle découverte ! /
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