mardi 18 janvier 2011

Un single #17 : Lilys - February Fourteenth [1991]

Comment se pencher sur le monde de l'indie-pop des années 1990 sans faire mention de Slumberland ? Impossible d'y couper. Car à l'époque même où les coeurs brisés du Royaume-Uni trouvaient du réconfort chez leur meilleure amie Sarah, les américains craquaient donc de leur côté pour Slumberland Records. La structure portée par Michael Schulman (membre éminent de Black Tambourine), fortement inspirée par ses collègues comme K Records, apparait en 1989 sur la côte Est (Washington DC), puis sera délocalisée du côté de la Californie. Les points communs avec le label de Bristol, outre le fait d'avoir quelques groupes en commun (de tête, St. Christopher, Boyracer et 14 Iced Bears, corrigez-moi si j'oublie quelqu'un), résident dans une esthétique portée comme un flambeau, et dans cette vision d'une pop à l'amateurisme fulgurant, et à l'innocence prononcée. Parfait exemple avec Lilys, des locaux de la capitale américaine, qui sortent avec ce February Fourteenth leur premier single (nous sommes en Mars 1991), en même temps que la septième référence de leur label.

February Fourteenth (=>) occupe donc la face-A. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, c'est la date de la Saint Valentin ... S'agirait-il par là de rendre hommage à My Bloody Valentine ? L'hypothèse n'est pas à exclure, tant l'influence du MBV première époque est palpable à l'écoute de la chanson. Car après une introduction ou les guitares expriment des relents très surf-music, la rythmique débarque carrément ventre à terre, et emporte avec elle un vacarme furieux donnant naissance à une mélodie éclatante et éclatée, ensoleillée par une intensité incontrôlée. Sur ce qui ressemble à un refrain, on retrouve un échange garçon-fille forcément fatal (avec toujours cette pointe de timidité, que met d'ailleurs en évidence la pochette du single), et dont les paroles incompréhensibles ne laissent d'autre choix que celui d'une interprétation imparfaite. Qu'importe, tant l'énergie balaie tout sur son passage, comme lors du pont où les guitares se mettent soudain à hurler un feedback épileptique. Une sacrée bouffée d'air frais, la jeunesse incandescente à la conquête du monde.

Sur la face-B, on trouve Threw A Day (=>), qui se fera également sa place plus tard sur In The Presence Of Nothing, le premier album du groupe. Elle commence à peine plus calmement avec des arpèges sous effets, avant que ne rentre une batterie lourde et violente. Un contraste se crée avec la voix douce de Kurt Heasley, qui chante cette fois des paroles qu'on devine plus romantiques. Malgré tout, la folie sonore qui l'entoure ne prend jamais le temps de s'arrêter, entre une basse virulente, et une guitare rythmique dévastatrice. C'est pourtant là que le shoegazing gagne ses lettres de noblesse, au milieu de mélodies d'une pureté magistrale, d'envols bruyants qui élèvent le propos tout autant qu'ils ne le brouillent. La composition pop, ainsi bousculée, trouve une émotion inédite dans l'ambigüité de ces choses que l'on cache derrière un mur de son ... comme pour mieux les souligner.

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