mercredi 26 janvier 2011

Un album #7 : Allo Darlin' - Allo Darlin' [2010]

L'annonce du passage d'Allo Darlin' à Toulouse au mois de Mars m'a plongé, je l'avoue bien volontiers, dans une grande joie, rien qu'à l'idée de pouvoir danser (de façon probablement absolument ridicule) sur toutes ces sucreries qu'ils ont enregistrées, et que je connais déjà par coeur. La bande, formée à Londres début 2009 sur la base de l'imagination d'Elizabeth Morris, chanteuse d'origine australienne (qui traine aussi avec Amelia Fletcher dans Tender Trap, ce qui constitue quand même une ligne forte dans un CV), s'est en effet imposée, en quelque chose comme un an et demi, comme un bijou indie-pop (pour ne pas dire twee, par séquences) dans la plus pure tradition. Passés les a priori quant à l'utilisation de l'ukulele, instrument terriblement énervant en temps normal, on avait pu se glisser dans quelques singles pétillants et excitants, dont la présence sur ce premier essai longue distance offrait déjà quelques garanties de jolis moments. Ce qu'on avait peut-être moins vu venir, c'est à quel point cet album éponyme, sorti en Juin 2010 chez Fortuna Pop! Records, serait finalement entièrement addictif, et surtout particulièrement attachant.

Alors Allo Darlin', c'est avant tout une capacité réjouissante à écrire des mélodies simples mais irrésistibles. Et à ce titre, Dreaming (=>) s'impose comme une belle entrée en matière, guidée par un duo vocal mignon de hors-sujet. La chanson est construite autour d'une section rythmique souriante, surplombée d'un ukulele discret, et d'une guitare qui se balade, un peu distraite, mais bien souvent pertinente. Elizabeth impressionne d'emblée par la classe de ses mélodies vocales, et plus encore par la douceur qu'elle influe à ses chansons. Le constat est semblable sur The Polaroid Song, clipée façon The Breakfast Club, et véritable hymne twee, sautillante comme pas permis, arpèges malicieux mis en avant, pointe fine de nostalgie en clin d'oeil, choeurs enchantés posés un peu partout. Des ingrédients qui rendent impossible de résister à l'envie de danser dans sa chambre, en chantant à tue-tête ces paroles qu'on peut aisément s'approprier, tant elles sont révélatrices, touchantes, et surtout, tant elles semblent avoir été écrites juste pour nous.



Et cette capacité à trouver des mots que l'on retient vite, nécéssaires et lumineux, sera le fil rouge de tout l'album. Pas plus loin que sur Silver Dollars (=>), on retrouve ce propos, souvent de très fines observations, au point qu'on se sente parfois directement concerné. Le plaisir naïf ne s'en trouve que décuplé, d'autant que les mélodies dégagent une réelle aisance dans l'art de suggérer un bonheur teinté de sourires parfois gênés, et d'un peu d'émotion dispersée comme du sucre glace pour nous faire dans l'instant tomber amoureux. On peut citer à ce titre Kiss Your Lips (=>), avec son baiser réussi dans un cri de joie, son détour chez Weezer, mais aussi son pont soulevant une singulière hésitation, bien vites balayée heureusement. Comment, aussi, ne pas s'éprendre pour le sens de la formule de If Loneliness Was Art (=>) ("You've been on your own as long as I recall/If loneliness was art I could hang you from the wall/In some Berlin hall"), qui convoque les Just Joans, ou joue avec des codes d'un autre temps (les géniaux "sha-lalalala" du refrain) avant de se permettre d'enflammer un petit coeur sensible ("Everybody I know wants to be your friend/I just want to hold you when the music ends"). Craquant au possible.


La sensibilité, diffuse de par l'esprit de l'ensemble des compositions, et souvent matérialisée dans les passages où Elizabeth se trouve être seule, embrasse la balade (au bord d'un lac en Suède) Let's Go Swimming (=>), moment absolument délicieux de tendresse, rêverie menée par une guitare qui soupire de l'amour. Mention enfin au dernier single My Heart Is A Drummer (dans le genre jolie formule, ça se pose là), craquage dont on ne peut s'empêcher de chanter le refrain, quand on ne le mélange pas avec Girls Just Wanna Have Fun. Comment, aussi, ne pas fermer les yeux sur ce solo saupoudré de choeurs renversants ? C'est à peu près l'exact passage où les choses deviennent plus belles, et toute la force de ce premier album d'Allo Darlin' est là. Solidement ancré dans nos vies, il en ressort nombre de détails savoureux, et y ajoute une incroyable dose de magie, au cours de chansons parfois coquines, souvent évidentes. Et pour tout dire, indispensables ...

5 commentaires:

Pitseleh a dit…

Très très belle chronique. Une chose est sure : vous n'allez pas vous ennuyer au concert, la charmante petite bande est une vraie tuerie live.

Pierre a dit…

Merci, je compte bien m'amuser à leur concert ! J'ai cru comprendre que tu étais impliqué dans another sunny night ? Elles ont l'air jolies comme tout vos soirées.

Pitseleh a dit…

Merci ! On a créé ça après que Allo Darlin' et The Smittens nous aient demandé si on pouvait les aider à jouer à Paris l'été dernier. Et une soirée en entrainant une autre...

Voisine de concert a dit…

Ah ben tiens, je vois que monb camarade était déjà passé par ici et il me semble que moi aussi.

Pitseleh a dit…

Ah, sinon Elizabeth ne joue plus avec Tender Trap étant donné le programme stakhanoviste d'Allo Darlin'. Pas de soucis pour Amelia Fletcher cela dit vu que c'est Emily, l'excellente guitariste de Betty & the Werewolves, qui tient la six-cordes.

Enregistrer un commentaire

 
 
Copyright © Chocolate, Love, Sex.
Blogger Theme by BloggerThemes Design by Diovo.com