mercredi 12 janvier 2011

Un single #16 : Washed Out feat. Caroline Polachek - You And I [2010]

Washed Out. Voici deux ans que ce nom est associé inévitablement à ce mouvement chillwave (ou toute autre dénomination, c'est pas tellement le problème en fait) naissant. Il faut dire que ce jeune homme, Ernest Greene de son vrai nom, est sorti d'un trou perdu de Géorgie au même moment que quelques autres allumés au travers des Etats-Unis, pour s'accaparer une foule de codes plus ou moins identifiables, et cuisiner une tambouille improbable. En bon bricoleur de beats, il était au départ plus attiré par les sonorités hip-hop, avant, par la force du sampler, de tomber dans une pop synthétique indéfinissable, bande-son prodigieuse d'un été rêveur, teintée d'un romantisme instinctif, comme s'il s'agissait depuis le fond de sa chambre de créer des univers entiers. Exemple parfait avec ce You And I, véritable oeuvre de synthèse, sorti en Juin 2010 dans le cadre du single club digital du site Adult Swim.

You And I (=>) donc, est bien le seul fichier offert à cette occasion, mais qu'importe. L'entrée dans le morceau se fait via des boucles aquatiques, lentes et pures, et un voice-cut mélodique mais indéchiffrable. Le beat, fatalement influencé hip-hop, se pose avec une relative lourdeur, mais trouve la bonne mesure pour tenir, imperturbable, la chanson à bout de bras, sans pour autant l'envahir. La voix d'Ernest Greene est plongée dans l'écume des vagues qu'elle surplombe, saturée d'effets, trainante et légèrement désespérée. Les synthés sont accumulés, entremêlés, fourmillent de détails, semblant tantôt un peu têtes en l'air, tantôt porteurs conscients d'une réelle importance (comme quand ils nous emportent vers le refrain). Soudain, une nouveau voice-cut, d'une voix angélique et exaltée, vient ouvrir la voie d'un pont magistral laissé aux petits soins de Caroline Polachek (la demoiselle qui officie chez Chairlift), qui y chante d'un murmure sensuel (si ce n'est sexuel) quelques mots doucement troublants ("Under unnatural circumstances/I forget about your vain pretences/But if you wanna recreate the sea/And the sky for me/How could I - How could I - I got ya"). Autant dire que la chanson ne s'en remettra pas, tant elle semble ensuite hésiter à s'éteindre, avant pourtant d'offrir un dernier refrain. Tout est dit, et force est de constater que la grande force de Washed Out réside probablement dans le fait de réussir à modeler dans ses morceaux des atmosphères très particulières, toujours entre hédonisme désabusé, et nuits d'été sexy et désinvoltes.

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