mardi 5 avril 2011

Live report #6 : Crocodiles + Ewes @ Le Saint des Seins

Le Lundi soir, c'est rarement la folie, faut bien l'avouer. Sauf que ce Lundi soir, 4 Avril, rendez-vous était donné par l'admirable asso La Chatte à la Voisine (=>) pour un concert du côté du Saint des Seins. En vedettes, les Californiens de Crocodiles (qui réussissent l'exploit de situer San Diego sur la carte), porteurs d'un noise-rock crasseux et bruyant, à l'énergie contagieuse, du moins sur album, comme en témoigne leur très bon second effort, quasiment sauvé des eaux par Fat Possum, et intitulé Sleep Forever. Un groupe passé par la ville rose il y a tout juste trois semaines, mais en première partie des White Lies, ce qui n'avait rien de très motivant, il faut bien l'avouer. Or, cette séance de rattrapage étant proposée pour 5 euros, et autant de minutes à pied, l'occasion était trop belle de plonger dans la reverb, tout en prenant quelques craquages guitaristiques dans les oreilles. Et j'étais loin d'être le seul à avoir adhéré à l'idée, puisque c'est une foule compacte qui occupe le bar à mon arrivée. Blouson de cuir de rigueur (désormais, ça relève plus de l'accessoire de mode qu'autre chose), même si je me démarque en ayant vu plus léger, puisqu'il fait sacrément chaud une fois à l'intérieur.


L'ouverture était assurée par les Toulousains de Ewes (=>), une bande qui avance sa mixité, et sans doute aussi sa jeunesse. Difficile de leur en vouloir : la chanteuse assure sans trembler, le guitariste au visage barré par une mèche de cheveux imposante se débrouille pas mal pour envoyer des riffs garage assez crades. Reste que les compositions peinent à susciter un réel intérêt, en l'absence de mélodies fortes, d'idées séduisantes, et alors que quelques breaks tombent plutôt à plat. Une sensation renforcée par le fait qu'ils jouent des reprises (Hard To Explain de The Strokes, notamment) qui fatalement, sortent du lot. De quoi satisfaire quelques amis à eux venus les soutenir, de quoi taper du pied aussi, de quoi faire honnêtement patienter donc, sans qu'ils ne se montrent ni brillants, ni gênants.


Le temps de discuter avec mon camarade de concerts venu en retard (quelle surprise ...), et les Crocodiles sont finalement rapidement en place. Nous sommes placés assez loin de la scène (tout est relatif vue la taille du bar) quand le set est entamé d'une intrigante Sleep Forever. S'en dégage une violence encore un peu contenue, mais surtout l'impression que quand tout va se déchirer, ça va être complètement sauvage. La confirmation vient assez vite, puisque les titres s'enchaînent sans temps mort (le groupe s'arrêtera pour nous remercier, et nous laisser les remercier en tout et pour tout une fois pendant le set, une fois pendant le rappel). Le single Hearts Of Love est glissé assez tôt dans le set au grand plaisir de l'assistance. Le groupe semble bien s'éclater sur scène, entre un Brandon Welchez possédé au chant (au passage, je précise que non seulement il ressemble énormément à un camarade, que je qualifierai de "cycliste" pour qu'il se reconnaisse, mais en plus, il lui a piqué toute sa gestuelle), un Charles Rowell branleur au possible à la guitare, mais tout de même très très bon pour faire ressortir des mélodies défoncées, et une section rythmique très solide, parfois brutale. Il y a aussi une fille aux claviers, mais trop effacée pour que je me prononce sur son cas. Bref, nous profitons de l'entrée dans Mirrors, qui a ma préférence depuis que j'ai découvert le groupe, pour nous frayer un chemin vers la scène, histoire aussi pour moi de mettre un peu de bordel, tellement cette composition bouge dans ma tête et me rend fou à chaque fois (les premiers rangs me pardonneront pour la légère bousculade occasionnée). Quel plaisir en tous cas, sur tout le set, de profiter de cette voix sous effets, clairement venue d'ailleurs, et de cette guitare tantôt tranchante, tantôt bruyante au point d'en être enveloppante (Summer Of Hate, noyée dans un bruit forcené). Et puis ces compositions respirent toutes une classe un peu usée, entre mélodies 60's d'évidence, et atmosphère frelatée, drogues et noirceur renvoyant aux Jesus & Mary Chain (mention entre autres à la superbe And All My Hate And My Hexes Are For You, qui pue l'absolu désespoir), ou à Spacemen 3. La seule pointe de frustration concernera finalement la durée du set, sans doute bien trop courte pour une tête d'affiche (allez, deux chansons de plus, et on aurait rien dit). Mais qu'importe, car cela joue peut-être aussi de la distance créée avec le public (avec l'absence quasi-totale de sourires, et de communication), qui rend la musique des Crocodiles non pas attachante, mais viscérale, hallucinée. Bien que vite traversé, le marécage laisse des traces, et aura surtout marqué les esprits.

11 commentaires:

Lisa.B a dit…

Dur dur avec les Ewes!! Pauvre bassiste! C'était le jour de ses 20ans! Haha

Pierre a dit…

Le problème des filles en post-adolescence, c'est qu'on a parfois du mal à leur donner un âge ... Mes désoles à cette bassiste (très souriante au demeurant).

Anonyme a dit…

pfff tu crains

Pierre a dit…

À quel sujet ?

Anonyme a dit…

Sponsorisé par la chatte à la voisine ? Ils te payent les places aussi ? :)

Pierre a dit…

Absolument pas. J'ai déboursé mes 5€ lundi soir (enfin j'ai failli en payer 4,5 en me trompant de pièces, mais le mec s'en est rendu compte et m'a lâché un regard noir du genre "espèce de voleur"), je ne suis ni membre, ni connu des membres de l'association (du moins pas que je sache). Et j'ai bien été surpris, je l'avoue, qu'ils relayent hier mon article via facebook, puis ce matin via Twitter. La fréquentation de mon blog a éclaté pour l'occasion (faut dire que j'ai pas énormément de monde le reste du temps). Toujours est-il que j'ai une totale liberté de parole, au cas où il serait possible d'en douter.

... ce qui ne m'empêche pas, et je saisis l'occasion de ce commentaire pour évoquer la question, d'écrire des conneries. J'ai donc amendé le passage à propos du prétendu âge de la bassiste de Ewes, la formule, pas très heureuse ayant, j'en ai eu vent, choqué, ou gêné, je sais pas trop. Pour ma défense (qui ne convaincra personne, mais j'ai jamais voulu être avocat), j'étais loin, et j'avais pas mes lunettes. Mes excuses encore une fois.

Anonyme a dit…

Tes la pour écouter la musique pas pour faire des remarques de ce genre. Ça n'a absolument aucun intérêt, d'autant plus qu'elle se démerde très bien à la basse. On va quand même pas cracher sur la fraicheur!

Le cycliste a dit…

Review très agréable à lire. Tu écris vraiment bien, merde !

Bon, du coup, je suis allé voir à quoi ressemblait Brandon Welchez... Et puis je viens de lire dans les commentaires que tu étais loin et que tu n'avais pas tes lunettes. Donc ça peut se comprendre. Non, jdéconne, c'est vrai qu'il y a quelque ressemblance. ^^

A très bientôt ;-)

Paul a dit…

Cher Pierre,

Alors là j'avoue que tu m'as coupé l'herbe sous le pied.

Après avoir lu et relu ton article, pratiqué sans relâche la théorie de l'escalier depuis mardi 10:37 pour répondre un commentaire bien senti à propos du passage sur les Ewes voilà que ce passage a été censuré par tes bons soins !

Exprime toi c'est rigolo et en plus ca permet d'ouvrir le débat; oui oui j'ai bien dit débat et non pas commentaire anonyme qui n'appelle à aucune réponse (cf supra)

Moi qui te connais je sais que même avec ta verve de Pierre Siankowski en devenir ton ramage ne se rapporte pourtant pas à ton plumage et que si tu été effectivement "assez loin de la scène" je suis désolé de t'avoir gâché la vue moi, mes 15cm de plus que toi ainsi que tous les autres jeunes gens qui te mangent la soupe sur la tête ;)

Ca c'est pour la pique sur l'âge de la bassiste :)

Sinon je trouve l'article bien écrit et tu retransmet bien l'ambiance du concert (tes qualités syntaxiques te serves évidemment contrairement à moi qui stagne à la fac dans des niveaux inférieurs aux tiens ^^)

Cependant tu aurais du noter que la deuxième guitare des Ewes était totalement en retrait (tu peux remercier l'ingé son) et que les cymbales et la grosse caisse était beaucoup trop fortes (encore un bisou a l'ingé son) : ça c'est objectif et non subjectif et c'est ça qu'on attend (on se permet d'écrire moi et mon ego sur-dimensionné au nom de TOUS les gens qui lisent ton live report !)

Quand tu dis "De quoi satisfaire quelques amis à eux venus les soutenir" là c'est pas sympa parce que du coup tu négliges les parents qui étaient là aussi pour les soutenir mais déjà qu'on a attaqué les physiques si on commence avec les mamans là on s'en sort plus !

Pour les crocodiles au milieu de ton article tu as fait une petite faute de syntaxe : "un Charles Rowell branleur au possible à la guitare, mais tout de même très très bon pour faire ressortir des mélodies défoncée"

Je crois que tu voulais écrire un Charles Rowell DEFONCE au possible à la guitare, mais tout de même très très bon pour faire ressortir des mélodies DE BRANLEUR

Oui oui parce que j'était au balance et je peux t'assurer qu'il se foule pas trop à la guitare mais qu'en revanche il aime bien la poudreuse si tu vois ce que je veux dire ...

Bref ça arrive a tout le monde les fautes de frappe :)

Sur ce je te laisse et de toute façon je te vois demain à 18h pour te cracher ma haine au visage ... ou pas :)

Je t'embrasse pas j'ai piscine

P.S. Je te link ça comme quoi même les plus grands se prennent les pieds dans le tapis ;) http://mry.blogs.com/les_instants_emery/2010/03/muse-pierre-siankowski-inrocks.html

Pierre a dit…

Pour que les choses soient claires, autant que possible, j'écris ceci après un nombre de bières excessif (pour mon gabarit) devant Barça-Donetsk. Mais je me dois de répondre.

- Pour le dernier commentaire anonyme parvenu à 20h49, je ne peux qu'approuver. Il est d'évidence que ce genre de considérations n'a pas grand chose à faire en ces pages. Pour ma défense (à nouveau, cela ne convaincra personne), je suis moi-même régulièrement contraint, malgré mes 21 ans, de présenter ma carte d'identité à l'entrée d'endroits tels que le Saint des Seins. D'où peut-être le caractère vexatoire de ma remarque qui m'aurait échappé, étant moi-même habitué à prendre ça au second degré.

- pour Paul, que je connais personnellement (autant que cela soit précisé) : je me suis auto-censuré concernant la bassiste (que tu connais mieux que moi), dans la mesure où j'avais commis une belle bourde (j'en ai été informé dès ce Mercredi matin par diverses personnes). Vous allez me dire que si je n'avais pas été rappelé à l'ordre par ses "proches", je n'aurais jamais corrigé, et vous aurez raison. Mais la vie est faite de ces compromis, et loin de moi l'envie de vexer qui que ce soit, surtout gratuitement (et là, vous me direz que le mal est déjà fait, mais bon ...). J'en reviens là, mais effectivement, ce genre de remarque n'avait pas sa place ici, même si j'aime bien agrémenter mes live reports de détails débiles. Mea maxima culpa, pour le coup.
Quant à la mise en cause de ma perception du live de Ewes, et de la balance des guitares, j'ai en effet assez peu entendu ce second guitariste débarqué après un ou deux morceaux. Pour autant, je n'ai jamais prétendu à une quelconque objectivité, et même si j'essaie de souvent décrire la choses avec sérieux, j'ai une tendance à filer dans la subjectivité rapidement. Puis, ce que les gens attendent de mon live report m'est un peu égal, je n'ai jamais eu la moindre prétention (la différence ultime entre Pierre Siankowski et moi, c'est justement que je n'écris pas pour les Inrocks) (par contre, on se rejoint pour ne pas aimer Muse, mais c'est une autre question). Et d'ailleurs, le nombre de lectures de cet article enregistrées depuis hier me dépasse largement.
Ensuite, ma référence aux "amis" venus soutenir Ewes n'était en rien une pique (bien que là encore, elle ait pu être perçue comme tel). Je tenais surtout à souligner le fait que certaines personnes dans l'assistance (dont toi, je t'ai aperçu puis observé du coin de l'oeil), semblaient connaitre le groupe et s'enthousiasmer plus que d'autres qui, comme moi, ont tapé du pied avec plaisir, mais en affichant des regards plus curieux que convaincus. Une affaire de ressenti, sans doute.
Puis oui, ce guitariste de Crocodiles est défoncé, mais je m'en tape, il a des nappes qui lorgnent sur le shoegazing dont je ne me lasse pas. Je suis probablement pas très objectif sur ce sujet non plus, mais qu'importe. Les Mary Chain tournaient pas à l'eau fraîche, que je sache.
Bref, je suis disposé à te voir demain, et même à engager une discussion sur ces questions. Ce sera sans doute plus constructif que par écrit.

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Si j'apprécie tes articles, c'est souvent pour ta subjectivité. Cette review est très bien (je dirais même "était" !) et c'est fou de voir que les gens se manifestent par commentaire uniquement lorsque quelle chose ne leur plaît pas.
Pour ces deux raisons, je n'ai plus très envie de faire la review du concert !

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