vendredi 11 février 2011

Chez Sarah #9 : Tramway - Maritime City [SARAH 43]

C'est l'heure des aveux. Je suis bien trop jeune pour avoir connu Sarah au temps où elle existait. Et c'est sans doute ce trop grand espace temporel entre elle et moi qui a conduit à ce que je la rencontre par une voie détournée, claiement improbable. Car, en bon enfant de cet internet où tout est possible, je suis tombé un jour (presque) par hasard sur Foutain Island, une des compilations éditées à Bristol. Quelques transferts de données plus tard, j'ai plongé dans Sarah Records, sans logique, sans retenue non plus, parce que ce son, ces compositions, étaient ce dont ma vie avait besoin. Et la première d'entre elles fut Maritime City, signée par le groupe de Bristol Tramway. Un trio (aux origines) mené par les frères Matthew et Nancy Evans, associés à Chris Young, et qui ne sortira que deux singles chez Sarah Records, avant de trouver refuge chez les Espagnols de Siesta Records, chez lesquels un album verra le jour en 1994. Toujours est-il que je me devais de rendre hommage à leur référence inaugurale sur le plus beau des labels : Maritime City sort en Mars 1991.

C'est donc cette face-A, Maritime City (=>), qui m'a mis à genoux, comme peu de chansons. On croirait presque au début d'une chanson vaguement Dance guidée par une boîte à rythmes baléarique, mais rien ne va se passer comme prévu. Tout s'arrête pour laisser place à une guitare incroyablement passive et épuisée, et à une voix inerte, dégageant une mélancolie de l'abandon ("Just watching the hours go by ..."). Des choeurs se posent avec une touchante maladresse, murmures atones. La mélodie, immaculée, se cache derrière un voile délicat qui par transparence, fait ressortir sa justesse. Alors, on entrevoit tout ce qui peut ressembler à un cliché, à ceci près la pluie tombe bel et bien derrière cette fenêtre, sur cette ville de bord de mer grise et triste à en pleurer, ou à en écrire des chansons. Et dès cet instant, je sais que Sarah Records me servira de refuge, que rien n'aura plus d'importance que ces coeurs égarés, que la magie de ce spleen enveloppant, que ce temps perdu à le regarder s'écouler.

Ces sensations sont dupliquées sur la face-B ouverte par Boathouse (=>), à peine plus déliée, plus furtive aussi. Car, si la plupart des ingrédients se retrouvent à l'oeuvre, une douce urgence berce une section rythmique cette fois glacée, vers un inexorable destin, matérialisé dans un solo qui refuse de s'assumer, et surtout un final désarmant, suspendu à une forme de renoncement, jusqu'au fade-out fatal. Puis il y a Star (=>), également présente sur Foutain Island, peut-être plus lumineuse au départ, menée par cette guitare funambule, chancelante, venue éclairer un minimalisme toujours fragile. La mélodie est à nouveau faite de pureté, et peut-être d'un léger goût de printemps. Soudain, tout s'arrête, et ne restent que des accords et une voix, comme en perdition, laissant émerger une fêlure sublime. L'instant étreint la perfection, d'une brise légère au souffle nostalgique. Qu'importe les sentiments qu'elle disperse, je sais surtout que l'histoire est belle, et que je n'oublierai jamais Sarah.

4 commentaires:

Florian a dit…

Tout ça m'a donné envie de découvrir Tramway.
Merci

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Je n'ai pas fini de découvrir des bonnes choses ici !

J'entendais à l'instant "Belong" à la radio (Lenoir) et je me faisais la réflexion que plus j'écoutais cette chanson, plus elle me plaisait. Ce groupe pond des chansons incroyables !

Pierre a dit…

Pour tous les deux, à propos des découvertes : si je peux servir à quelque chose ...
Pour DTTR, je suis amoureux de Belong, je crois que ce sera incurable, et vu les nouvelles chansons jouées et visibles en particulier sur Arte Live Web (où leur concert à la Route du Rock est en streaming), je crains que l'album me soit fatal. Vivement la fin du mois !

Anonyme a dit…

J'ai bien connu cette période de l'indie pop britanique.Il y avait des productions reconnaissables entre toutes et l'association à un label etait d'une facilité déconcertante.
Factory,Cherry Red et Creation pour les plus intemporelles et puis ce petit label du bout de l'Angleterre(Sarah)avec cette Pop (élevée au rang d'art) miraculeuse cristaline aérienne inimitée et inimitables !!.Par ailleurs trouver un disque(presque toujours des chefs-d'oeuvres) édités par le label de Bristol devient le parcourt du combattant.

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