samedi 23 avril 2011

Un single #20 : Craft Spells - After The Moment [2011]

Dans la série "groupes qui font l'actualité", et après avoir observé le cas de Still Corners, pourquoi ne pas se permettre un petit passage chez Captured Tracks (cela fait un petit moment qu'ils n'ont pas été évoqués ici) ? Car ces infatigables défricheurs de la scène indie-pop sévissant actuellement aux Etats-Unis (Beach Fossils, Wild Nothing ...) ont encore flairé le bon coup en signant en 2010 Craft Spells, le projet d'un certain Justin Vallesteros, sorti d'une ville portuaire pas franchement exaltante de Californie du Nord. Le jeune homme, bidouilleur de génie, enregistre depuis chez lui des pop-songs imparables, production lo-fi et électronique presque désuète mises en avant. Alors que son premier album vient de sortir, et qu'il est parti voir du pays pour une tournée où il est rejoint sur scène par quelques amis, l'occasion est trop belle de se pencher sur son dernier single en date, After The Moment, sorti en Février 2011.


After The Moment donc, sur la face-A. Ouverture sur une guitare maigrelette et jangly juste ce qu'il faut. Le rythmique prend vite le relais avec un beat joliment dansant, secondé d'une basse qui nous renvoie instantanément, dans sa mélodie, à Bizarre Love Triangle. Mais impossible de dire ce qui porte vraiment le bel édifice. La boîte à rythmes imperturbable ? La deuxième ligne de guitare en crystal ? Cette basse, vaguement disco, qui sautille ? La voix fantomatique et secouée qui lie l'ensemble ? Qu'importe, tout à la fois sans doute, et l'on glisse, pris par des breaks déments, entre un refrain sensuel ("After the moment ... with you.", inlassable), et des élans tropicaux mêlés pourtant d'une légère froideur synthétique (Washed Out en plein trip cold-wave ?). Autrement dit, une proposition : faire éclater une nuit trop sombre dans un hédonisme multicolore.

Sur la face-B, Love Well Spent (=>) fait également un appel du pied à New Order dans une introduction délurée, du genre à embarquer toutes les jambes à proximité sur un dancefloor épileptique. Pourtant, cette boucle de synthé hallucinée se trouve aussitôt surplombée par les voix de Vallesteros et d'Emily Reo, perdues au fond d'un brouillard épais et mystérieux. Deux voix presque incompréhensibles qui se posent avec une forme de lenteur, d'épuisement, ou même sans doute une fine pointe de désespoir, et créent un contraste saisissant avec leur environnement, affolé et illuminé. Peut-être s'agit-il en fait d'un romantisme égaré qui jette un regard passionné mais dépassé sur la futilité, bruyante et tumultueuse. Un cocktail à l'énergie totale qui trouve donc sa cohérence par le détachement. Et au delà de sa jeunesse impétueuse, c'est cet art de faire se rencontrer les ambiances, les impressions, les sensations, qui semble être le plus bel atout de Craft Spells. Un sens de l'ambiguïté qui donne souvent naissance à de jolis frissons pop ...

2 commentaires:

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Oh oui, ce groupe est très bon ... Tout l'album tient la route, je trouve !

Vocododo a dit…

Album excellent, vous avez vu leur dernier clip? http://vocododo.blogspot.com/2011/10/craft-spells-your-tomb.html

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