mardi 30 novembre 2010

Playlist #5 : November Starlings

"Up and down" ce foutu mois de Novembre, avec quelques réussites totales et quelques epic fails aussi. Rien de bien original me direz-vous, et vous n'aurez pas tort. Reste par contre qu'il commence à faire beaucoup trop froid (même dans le sud), mais que j'ai un anorak très 90's pour survivre comme il se doit. Bon et puis j'ai pas grand chose de plus à raconter (ou du moins qui ait sa place ici), à part que je vais rentrer en période de révision ce qui, paradoxalement, devrait me laisser un peu plus de temps pour chroniquer de bonnes choses, comme par exemple le nouveau single de The Pains Of Being Pure At Heart qui sort le 14 Décembre ... L'image du mois, en live depuis mon appart : toujours plus de disques, mais plus vraiment de place pour les ranger ...


1/ Mogwai - Rano Pano (sur l'album Hardcore Will Never Die, But You Will, à paraître chez Rock Action Records en 2011)
Bientôt le nouvel album, et les choses ne s'annoncent pas mal du tout.

2/ Ride - In A Different Place (sur l'album Nowhere, sorti chez Creation Records en 1990)
Romantisme shoegaze.

3/ Teenage Fanclub - Everything Flows (sur l'album A Catholic Education, sorti chez Paperhouse Records en 1990)
Mélodie ultime, refrain magique.

4/ Tralala - Never Understand (The Jesus & Mary Chain Cover) (sur l'album Tralala, sorti chez Audika Records en 2005)
Les Mary Chain version girly-bubblegum. Irrésistible.

5/ Crystal Stilts - The City In The Sea (sur l'album Alight Of Night, sorti chez Slumberland Records en 2008)
Influences marquées, et chansons sacrément bien écrites.


6/ Acid House Kings - Anorak Days (sur l'EP Play Pop!, sorti chez Marsh-Marigold Records en 1992)
Parce que je suis tout content de mon anorak.

7/ The Pains Of Being Pure At Heart - Heart In Your Heartbreak (sur le single Heart In Your Heartbreak, à paraître chez Slumberland Records en 2010)
Ils sont de retour, chronique à suivre bientôt, ici même (ce teasing de base, j'ai honte).

8/ Trembling Blue Stars - November Starlings (sur l'album The Last Holy Writer, sorti chez Elefant Records en 2007)
Une chanson d'automne. Tout simplement.

9/ The Go-Betweens - Bachelor Kisses (Acoustic) (live à Brisbane en 2005, sur le DVD That Striped Sunlight Sound, sorti chez Tution en 2006)
Grant n'est plus, et comme si c'était pas assez triste, cette version est totalement désarmante.


10/ The Magic Numbers - Forever Lost (live au T In The Park, le 9 Juillet 2005)
Pour finir, un peu perdus, mais avec un sourire.

vendredi 26 novembre 2010

Live Report #4 : Teenage Fanclub @ Théâtre Garonne

Il y a des soirs comme ça où on a bien besoin de réconfort, et où comme par miracle, 4 ou 5 bonhommes, avec des guitares, une basse et une batterie, viennent d'assez loin pour jouer des chansons impossibles, juste à côté. C'était le cas ce Jeudi 25 Novembre, où j'ai tout juste eu à prendre 15 minutes et à traverser la Garonne vers 20h15, afin de me rendre au Théâtre du même nom. Le vent était glacial sur le pont St-Pierre, la lune se reflétait sur le fleuve, j'étais légèrement tout seul ... Tout ça pouvait paraître un peu déprimant, et pourtant, ça me semblait simplement trop beau, et pour cause : le Teenage Fanclub était au bout du chemin. Et je n'étais pas le seul à les attendre impatience : sans être sold-out, la salle était bien pleine, majoritairement de trentenaires (voire quadragénaires), certains anglosaxons, l'air globalement fébriles à l'idée de retrouver un grand groupe de leur jeunesse. Un bon nombre de jeunes aussi cependant, beaucoup plus relax d'ailleurs, sans doute parce qu'ils ne mesuraient pas pleinement à quel point le TFC peut être un groupe générationnel pour ceux qui étaient là au départ.

Qu'importe donc, nous aurons en tous cas attendu assez longtemps (et sans première partie), pour que vers 21h30 (après qu'un roadie plus tout jeune mais marrant comme tout ait tout accordé) débarquent cinq écossais souriants, devant un public très chaleureux. Et nous voila conquis d'emblée par Start Again qui ouvre le set en dévoilant ce qui sera le thème de la soirée : mélodies parfaites, compositions d'orfèvres, harmonies sublimes ... et les éclairs signés des solos de Raymond McGinley. Ces impressions ne seront à aucun moment démenties par la suite, où vont s'enchainer les petites dernières à retrouver sur l'album Shadows sorti cet été (Sometimes I Don't To Believe In Anything, ou Baby Lee, seront de vrais grands moments), et de glorieuses anciennes comme une Don't Look Back émouvante, ou encore Your Love Is The Place Where I Come FromNorman Blake nous sort son xylophone. Le fait marquant, c'est sans doute cette improbable magie qui permet de naviguer entre les songwritings (et donc les chants) de McGinley, Blake et Love, chacun légèrement différent, mais tous cohérents, et d'un niveau invariablement élevé. Mais on navigue aussi entre les époques et les albums, sans trop y faire attention, tant les chansons n'ont pas vieilli, tant leur écriture pop n'a pas pris de ride. Norman, petit par la taille, cardigan et lunettes sérieuses, est gentil comme tout, drôle comme un gamin, très agréable, et si les autres sont plus discrets et concentrés, la bande dégage pourtant une forme de joie de vivre plaisante. Je serais bien incapable de reconstituer toute la set-list, mais qu'importe, les tubes ne manquaient pas, et ce qu'ils ont joué nous a largement comblé.


La fin de set est marquée par la doublette fatale Sparky's Dream/The Concept. La première est une référence power-pop joussive dont on ne se lasse pas, et sera, comme toutes les compositions de ce bon Gerard Love, particulièrement saluée. La seconde est elle un véritable hymne générationnel qui va provoquer la jubilation de la salle, qui reprend en choeur les "Oh Yeah" avec Norman. Je sais pas pourquoi, ça doit être la mélodie, mais j'ai envie de pleurer de bonheur tellement c'est bon. Je me retiens cependant pour mieux chanter tout ça, et prendre un plaisir fou à savourer l'outro désarmante. Forcément, le rappel est demandé et accordé : il commence de mémoire avec Sweet Days Waiting, romantique au possible, et se termine un peu plus loin avec la quasi-shoegaze Everything Flows, tout premier single du groupe, composition lumineuse comme peu le sont, avec ses guitares affolées et son refrain intemporel, où éclatent les sentiments. Les trentenaires sautent partout comme s'ils avaient 17 ans, tout le monde semble très très heureux d'être là. Le final instrumental est intense, et on aurait aimé qu'il dure des heures, que le toit de la salle s'échappe et nous laisse avec les étoiles. En rentrant chez moi, je repasse par le même pont qu'à l'aller, et je m'y attarde à nouveau. En fait, ce n'était pas simplement trop beau : c'était parfait.

mercredi 24 novembre 2010

Out This Week #6 : Girls - Broken Dreams Club EP

Enfin de retour ! Après avoir passé plus d'un an à parcourir le monde pour soutenir sur scène (dont une très jolie première partie au Bikini en Juillet) leur premier album (le bien nommé Album), Girls repointent enfin le bout de leur nez côté studio, avec cet EP, intitulé Broken Dreams Club, qui sort cette semaine chez True Panther Sounds, avec un artwork dans la droite lignée de ce à quoi ils nous avaient habitué. Attention cependant, rien de complètement nouveau sous le soleil de San Francisco, puisque sur les six compositions proposées ici, quatre ont été abondamment dévoilées en concert ou autres sessions acoustiques, jusqu'à d'ailleurs susciter un vrai suivi, pour ne pas dire une attente, chez les fans. Qu'importe, tant le fait de retrouver Christopher Owens et sa bande est un plaisir inlassable.

Première rencontre pour commencer avec Thee Oh So Protective One (=>), qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère carrément 50's (délicieux abus de reverb). La surprise est constituée par une section de cuivres, qui sans se montrer envahissante, vient souligner une ligne mélodique d'un fort classicisme, puis prendre en main un solo déchirant. "Déchirant", qui est d'ailleurs le qualificatif le plus approprié à la description du songwriting de Christopher Owens, encore et toujours sensible ("They never know about the times you cried to the movies/They never know about the times you cried to the music ..."). Déjà le déluge de sentiments donc, malgré une ambiance ensoleillée. Magique. Et l'on enchaine avec Heartbreaker (=>), que Ryan Lynch (désormais intronisé lead guitarist) embrume d'un phaser matinal. Le morceau m'avait clairement enthousiasmé quand j'avais vu le groupe en concert, et la qualité se confirme ici, autour d'une mélodie limpide, d'un Christopher légèrement en retrait (et en douceur) mais qui porte le refrain, puis d'un solo magistral. Le rythme est soudainement ralenti avec l'arrivée de la chanson-titre Broken Dreams Club (=>), grimée début 60's dans sa forme (cuivres discrets, clavier retro, reverb éclatante). Le chant est plus beau et touchant que jamais, surtout sur un refrain au romantisme brisé. Le fait est qu'on se laisse complètement bercer, puis envouter par cette mélancolie à fleur de peau, qui transpire d'une composition instinctive, superbement fragile.



C'est Alright (=>) qui ouvre la face-B, avec une ligne de basse groovy, élastique, et dansante, qui entraine avec elle une instrumentation qui mêle acoustique et éléctrique, avec une production aux petits oignons par ce bon Chet White. Le tout coule avec une aisance déconcertante et un peu tête en l'air avant un final ralenti où la batterie se permet un solo sensuel au milieu d'une pluie de détails ravissants. Le contraste est saisissant quand survient la solitude de Christopher qui entame Substance (=>) seul avec sa guitare aux accords joués avec une lenteur exquise. La composition est simple et évocatrice, un peu perdue, doucement désespérée (le "Guitar solo, come on!" est glissé d'une manière si particulière, comme en équilibre), même si l'espoir fait son chemin dans les dernières lignes, où intervient un choeur féminin. En fait, tellement de choses sont mélangées ici qu'on est en droit d'hésiter à se laisser aller dans un sourire discret, ou à pleurer un peu parce que ça réveille quelques petites choses en nous. Pour finir, Carolina (=>) étend d'abord une longue introduction lunaire et dévastée, avant de se laisser hanter, avec l'arrivée d'une batterie puissante, par des figures shoegazing. Christopher chante la première moitié du morceau d'une voix grave, fatiguée et sombre, assez inhabituelle il faut bien l'avouer. Puis soudain, la lumière du petit jour apparait, et les paroles chantées se trouvent évoquer l'envie d'ailleurs, exprimée avec un amour sans mesure. Car il est bien question d'amour et de coeurs brisés chez Girls, avant toute autre chose, et mis en valeur par une écriture foudroyante, élégante, intemporelle. Qui sait où ces compositions peuvent mener Girls ? Loin, très loin, serais-je tenté de réponde, tant ils confirment là les espoirs placés en eux. "Sky is the limit", comme on dit là-bas.

jeudi 18 novembre 2010

Out This Week #5 : The Radio Dept. - Never Follow Suit

On avait laissé The Radio Dept. sur une intervention inattendue au mois de Septembre via un New Improved Hypocrisy très politique. Ceci dit, on avait surtout retenu le magnifique album Clinging To A Scheme, sorti lui en Avril, véritable perfection d'indie-pop synthétique. Et c'est en soutien de ce disque qu'arrive donc dans nos oreilles ces jours-ci (tout ça pour dire que je fais un "Out This Week" sans savoir vraiment s'il est sorti cette semaine, puisque j'ai lu des dates diverses, mais enfin c'était, au pire des cas, la semaine dernière) le single Never Follow Suit. On y trouve la chanson-titre accompagnée de trois petites nouvelles (une placée avant, deux après), et d'un remix signé Pistol Disco.

L'entrée en matière est confiée à The One (=>). Sur la base d'un beat 80's (légère reverb) mais presque hip-hop, viennent se coller un par un les éléments qui vont construire la composition. Basse sous-terraine, synthé bizarre, puis piano à la mélodie aérienne. Duncanson rentre, pose sa voix anormalement aigüe, force même un peu. Le balancement se prolonge, pas vraiment dansant, mais par lequel on se laisse porter avec légèreté, en bougeant presque au ralenti. Comme souvent chez les Suédois, la chanson fourmille de détails instrumentaux, que ce soit la batterie qui parfois sursaute avec fracas, ou des petites touches indéfinissables mais magiques qui prennent leur envol dans le final. Une belle introduction, suivie donc par le titre phare Never Follow Suit (=>), déjà chroniqué en ces pages, mais sur lequel il ne peut pas être mauvais de s'attarder à nouveau : il est une convocation ravissante de Saint-Etienne en plein trip reggae au baléares. Et ça marche du tonerre, entre un beat éclatant, une basse dont la mélodie porte tout simplement le morceau, des accords extatiques, des nappes sonores estivales et la voix de ce bon Johan qui traine, flemme à peine mélancolique. La petite surprise que constitue le pont, où s'invite un extrait du film culte Style Wars (via une citation de Skeme, dont le pseudo se cache en référence dans le titre du troisième album de groupe, d'ailleurs), relance parfaitement la chanson vers le statut qu'elle mérite, celui de miracle pop d'un solstice d'été.

On passe ensuite par Stay Off Route (=>), interlude très shoegaze, qui fait penser à ces transitions qu'avaient l'habitude de construire My Bloody Valentine (pour la brume matinale du départ), ou Rocketship (pour le rayon de lumière final). C'est imparable, dans le sens où cela crée une forme de curiosité chez l'auditeur, avant de l'engager dans une ouverture mélodique parfaite pour enchainer avec On Your Side (=>), dynamique et colorée, qui joue sur les paroles de Never Follow Suit, dans une boucle magistrale, qui évolue tout en subtilité jusqu'à un étincelle finale amenée par un synthé qui sonne comme des violons enjoués, chatoyants et incandescents. Pour finir, Never Swallow Fruit, le remix signé Pistol Disco, s'avère sympathique mais un peu long, et n'apporte pas grand chose d'important, même si mettre en valeur la superbe ligne de basse est une vraie bonne idée. Toujours est-il que ce nouveau single impose The Radio Dept. comme un groupe sûr de sa force, qui s'il ne propose pas ici de nouveauté bouleversante, sait construire une discographie sans faux-pas, dispensant encore une fois des mélodies irréprochables. Pourvu que ça dure.

dimanche 14 novembre 2010

Live report #3 : La Petite invite Les Nuits Sonores @ Théâtre Garonne

La curiosité mène parfois à des nuits courtes, ainsi qu'à de belles découvertes. En somme, c'est le constat de l'invitation donnée par l'asso toulousaine La Petite au festival lyonnais Les Nuits Sonores (La Petite invite chaque année un festival différent à programmer un long week-end dans la ville rose). Un dénominateur commun pour ces deux soirées au Théâtre Garonne les 11 et 12 Novembre : la musique électronique, sous des formes variées, mais en présence de pointures (Pantha du Prince en particulier, après le rendez-vous manqué pour cause de trains défaillants lors des Siestes Electroniques en Juin). Autant cependant souligner d'emblée que contrairement aux Siestes, institution plutôt ouverte et relax, on nageait Jeudi comme Vendredi en plein délire arty et largement poseur, dans lequel on se sentirait vite mal à l'aise. L'installation très art contemporain de la salle-buvette avait de quoi surprendre (avec deux illuminés qui jouaient de la musique -toujours le même morceau, ou à peu près- avec des Nintendo DS devant un projecteur qui diffusait des vidéos de skateboard et permettait de jouer à Pac-Man ou Space Invaders), alors que la salle de concert proprement dite s'avérait elle d'une sobriété presque inquiétante. Point positif : malgré ses défauts, le public sera les deux soirs entièrement acquis à la cause des artistes, encourageant copieusement, et dansant dès que le son s'y prêtait.


Jeudi 11 se présentait donc en premier lieu Francesco Tristano, pianiste barcelonais venu en quasi-voisin. Le garçon, au physique rappelant Luke Ridnour dans ses meilleures années à la fac d'Oregon (la parenthèse basket est refermée), parait, mais ça doit être l'instrument qui veut ça, complètement habité sur scène. Faut bien avouer que sa façon de faire nécéssite une concentration certaine dans la mesure où jouer du piano, gérer des samples sur un PC, triturer à la main des pédales d'effets et jouer du synthé, en même temps, n'est pas chose aisée. Son set va longtemps peiner à décoller, la faute à des progressions particulièrement lentes, et à un passage en mode Explosions In The Sky, joli mais qui n'avait rien à faire là. Car quand le jeune homme lâche ses beats et livre des accords lumineux, les mélodies sont accrocheuses, et l'ensemble séduisant. Les premiers pas de danse sont esquissés dans une atmosphère sympathique et colorée (à signaler que les light-shows furent plaisants les deux soirs). Le renversement est donc complet lorsqu'il faut accueillir ensuite le live de la DJ française Chloé. Car la techno de la demoiselle évolue dans des sphères très sombres, où la noirceur prend le pas sur la lumière, et où les mouvements s'inscrivent plus en moiteur qu'en sourires. Malgré l'âpreté mélodique de la chose, très monolithique (mais pourtant en perpétuelle évolution), le public prend possession de ce dancefloor des ténèbres. Les beats glauques et froids parlent avant tout au corps, et relèguent peut-être un peu loin les nappes diaphanes et les passages chantés d'une voix perdue par Chloé elle-même. Mon camarade de concerts (qui connaissait bien mieux son sujet que moi, venu quasi-sans rien connaitre les deux jours, je l'avoue) regrettera la durée trop courte du set, en outre marqué par un pain dommageable. C'est en tous cas sur ces constatations que s'achève la première soirée.


Vendredi 12, pas moins de cinq noms à l'affiche, même si seulement trois d'entre-eux parviendront jusqu'à nos oreilles. En effet, un problème de videur peu compréhensif (ai-je vraiment l'air d'avoir 16 ans ?) nous fait manquer l'ouverture assurée par Dunst. Notre soirée débute donc avec les français de Cercueil, premier et seul groupe à structure "rock" (batterie-synthé-basse) du festival. Ils jouent, devant une salle encore un peu clairsemée, un post-punk froid, bruyant, porté par des samples à mon sens trop présents, et par une batteur bon mais trop fort en volume. La chanteuse a une belle voix (quand on l'entend), est plutôt jolie, mais manque pas mal de charisme, aussi. Leurs chansons sont souvent brouillonnes (dont une, présentée comme nouvelle, sur laquelle ils s'y prendront à deux fois), partent un peu dans tous les sens, et manquent d'une ligne mélodique claire. Bref, à part un dernier morceau enfin engageant, pas la joie. Tout le contraire de la suite, qui nous amène en complets ignorants devant El Guincho, trio catalan amené par Pablo Diaz-Reixa aux synthé et sampler, accompagné d'un bassiste et d'un guitariste. Inspirés et à l'enthousiasme contagieux, les trois garçons vont être la claque de ma soirée. On pourrait décrire leur musique comme un road trip d'Animal Collective entre la feria de Pampelune et les fêtes acidulées de la Costa Brava : en résumé, c'est complètement décomplexé, ça bouge comme pas permis, les mélodies sont génialement ensoleillées, et alcoolisées façon cocktail bien fruité. Une façon de mettre les collages sonores un peu cérébraux chers à Panda Bear au service de l'éclate avant tout. En tout, une grosse heure d'un set tubesque (terminé, en rappel, par une Antillas qui ne finissait jamais ... et tant mieux, parce qu'on en aurait redemandé jusqu'au bout de la nuit !) qui nous aura amené le plein été (transpiration en prime) au mois de Novembre, chose rare s'il en est, et surtout une heure absolument fatale pour toutes les paires de jambes et de fesses mises à contribution au cours de danses frénétiques ininterrompues. Complètement joussif. C'est donc un peu sur les genoux qui nous accueilleront pour terminer notre soirée Pantha Du Prince. Et c'est avec les forces insoupçonnées qu'il nous reste que l'on va encore bouger pendant une bonne heure sur une techno minimale puissante, mêlée de relents d'ambient, quand ce n'est pas de shoegazing. Après un début très bruitiste et flanqué d'une capuche façon magicien noir, le bonhomme va mettre très en avant ses beats pour se lancer dans un set passionnant, toujours partagé entre paysages épurés sur mélodies glacées, voyages épiques, et expérimentations parfois difficiles à appréhender (mais je ne suis pas du tout familier du genre, d'où ma possible incapacité à tout intégrer). Globalement quand même, Hendrik Weber (de son vrai nom) crée une atmosphère réellement prenante, où un romantisme diffus et subtil pousse à danser les yeux fermés, à se laisser glisser entre les champs de possibilités ouverts par chaque nouveau rythme, étouffants ou exaltants, souvent entrelacés. Des applaudissements très chalereux marqueront des remerciements sincères, pour cette rencontre enfin matérialisée. C'est très fatigués mais particulièrement heureux que nous quittons donc les lieux vers 2h30 (rester pour Acid Washed qui concluait jusqu'au matin étant problématique pour diverses raisons). Et si les horizons explorés lors de ces deux jours restent encore troubles pour moi, ce fut indéniablement l'occasion, en plus de satisfaire un peu de ma curiosité, de passer de superbes moments.

vendredi 12 novembre 2010

Chez Sarah #6 : Another Sunny Day - I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist [SARAH 7]

Ouvrir le dossier Another Sunny Day, c'est immanquablement retracer une bonne partie de l'histoire de Sarah Records. Songez-donc : Harvey Williams, l'homme derrière ce projet, a également joué avec The Field Mice, Blueboy, ou encore The Hit-Parade (sans compter, mais il faut sortir de Bristol, une participation au Foxbase Alpha de Saint-Etienne). Mais non content que son (premier) projet solo ait inspiré un joli morceau à Belle & Sebastian, ce bon Harvey a surtout écrit quelques chansons absolument fantastiques, qui ont marqué, symboliquement au moins, l'histoire de Sarah. On pourrait citer l'inaugural Anorak City (tout un programme ...), mais je m'attarderai plutôt ici sur ce second single d'Another Sunny Day (déjà, alors que ce n'était que la septième référence du label), I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist, sorti en Juillet 1988.

Seule sur la face-A, on retrouve logiquement I'm In Love With A Girl Who Doesn't Know I Exist (=>), dont le seul titre, à la fois malicieux et totalement désespéré, laisse présager de quelque chose dont on ne se remettra pas facilement. Et fatalement, c'est un hymne qui se joue pendant tout juste 1 minute et 38 secondes. Cela peut sembler terriblement court, pourtant tout sera dit, rien ne sera oublié. Mélodie intemporelle sur une batterie perdue, guitares superposées et belles à pleurer, l'instant est fait de magie, de cette manière qu'ont parfois les choses un peu tristes de devenir inoubliables sans qu'on sache vraiment pourquoi. Les mots, eux, sont simples, mais décrivent pourtant à merveille ces sentiments ressentis par ceux qui vivent en secret un amour impossible ("So I'll just lie and dream of the chances I've missed./I'm in love with a girl who doesn't know I exist."). Ces paroles, on a envie de les chanter à gorge déployée (ou de les murmurer dans son coin) quand ça va pas fort, quand les jambes flanchent un peu, quand les yeux sont dans le vague, ou même qu'ils sont un peu humides ... Une chanson (un archétype ?), comme un signe ultime, probablement, que Sarah savait parler aux timides ...

Sur la face-B, encore deux pépites, à commencer par Things Will Be Nice (=>), elle aussi coincée sous les deux minutes, mais qui dévoile une ligne mélodique aussi claire qu'un "autre jour ensoleillé" ... Fondamentalement simple, à peine maladroit, inévitablement touchant. Encore une fois, les paroles sont légèrement amères, mais un espoir lumineux filtre par la fenêtre entrouverte. Pour finir, on plonge dans The Centre Of My Little World (=>). Un monument d'écriture pop naïve mais incandescente, où tout va bien, puis plus vraiment, et puis tampis puisqu'on peut toujours en faire une chanson parfaite. De ces montagnes russes émotionnelles (aux arpèges éclatants ...), on ressort un peu chamboulé, mais convaincu qu'existe une place pour ceux qui écrivent ce que dicte leur coeur, seuls depuis le fond de leur chambre. Au milieu de "leur petit monde", un peu fragile, mais où tout est possible, on croise cette fille (forcément), de l'amour (nécéssairement), des déceptions (fatalement), et surtout des pop-songs magistrales, manifestes sincères de leurs histoires introverties ...

samedi 6 novembre 2010

Un single #11 : East Village - Cubans In The Bluefields [1988]

East Village. Un nom qui bénéficie d'une raisonnance bien particulière pour les amoureux de jangle-pop. Un cult-band, comme disent les anglophones, notion assez intraduisible, mais à la signification réelle : ceux qui se souviennent du quatuor lui ont gardé une place à part dans leur coeur. Car après y avoir goûté, on n'oublie pas facilement ces guitares, si fragiles, et pourtant tellement pleines de sens. Mais avant de commencer à s'épancher sur quatre chansons au classicisme terrible, encore faut-il préciser qu'ils étaient anglais, et que ce Cubans In The Bluefields, premier single d'une discographie mince mais flamboyante, est sorti en 1988, chez Sub Aqua Records.

La chanson titre Cubans In The Bluefields (=>) s'offre en première position sur la face-A. L'atmosphère automnale est perceptible dès le départ, les influences 60's également. La guitare acoustique en rythmique, qui évoque une richesse rassurante, est soutenue par cette électrique qui se joue d'arpèges abiles, ou d'accords sublimes. Les voix, qui pourraient sembler limitées, portent une émotion infinie dans l'harmonie qui les lie sur le refrain. Un décor fait d'une simplicité qui touche à la perfection, pour donner à la composition, d'une justesse impressionnante, un espace d'épanouissement. Break Your Neck (=>), qui l'accompagne, s'invite dans le registre d'une tristesse ravagée. La ligne mélodique est d'une absolue clarté, la voix tremblante de Paul Kelly (dont j'imagine qu'il était le lead-singer, même si je n'en sais rien) s'évertue à faire vivre un dernier espoir dans des mots qui soulignent sa fragilité ("I can't promise you anything/I wish I could", dans un final fatal). Car East Village ne parait tenir qu'à un fil, un équilibre miraculeux qui magnifie les harmonies, rend les guitares inoubliables, et le romantisme bouleversant.

Sur la face-B, on trouve d'abord Strawberry Window (=>). Les sensations sont enjouées, d'une douceur agréable. La mélodie dessine une composition enamourée, une beauté naturelle qui laisse un petit sourire discret mais précieux à l'auditeur. Tout semble couler de source, évidence sans artifice, limpide sans être facile, sentiments touchant par l'évocation. Pour finir, on croise la route de Kathleen (=>), qui développe encore une mélodie d'orfèvre et de magie, et alterne paroles à la sensibilité pure et intouchable ("I suppose, she said, I'll see you once again/So I got the bus and she her train/And all that was between us was the sound of the rain/In a deep and rolling sky"), et refrains instrumentaux à l'intensité éblouissante. On se surprend à monter le son pour se laisser emporter par ces instants de mélancolie infinie, ces guitares qui sonnent comme un souvenir. East Village, c'était simplement ça, des pop-songs impossibles, touchées par la grâce, et qui se sont faites une place à tout jamais dans les coeurs de ceux qui les ont rencontrées ... et en sont tombés éperdument amoureux.
 
 
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