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jeudi 8 septembre 2011

Live report #11 : Jeremy Jay + Rubycube @ Le Saint des Seins

Tous à vos cartables, c'est la rentrée! Et dans notre nouvel agenda (sur lequel on écrira durant l'année plus de conneries que de devois à faire) trônait dès ce Mercredi 7 Septembre un concert estampillé FriendsOfP (=>). J'ai donc pris le court chemin menant au Saint des Seins, avec le retard qui me caractérise habituellement, pour y retrouver l'agréable trio féminin DanceToTheTuner (=>) / FuckTheClock (=>) / Don'tCallItArt (qui n'a pas de blog, car elle ne goûte peut-être pas le "plaifir narfifique d'écrire"). Tête d'affiche ce soir pour Jeremy Jay, jeune homme venu de Los Angeles, et à qui j'avais décidé d'accorder ma confiance en vertu de sa signature dans cette bonne vieille maison qu'est K Records, et ce même si je ne m'étais penché sur son cas (via Dream Diary, sorti en 2011) qu'à 20h le soir même. Autant donc vous dire qu'il s'agissait pour moi d'une vraie découverte. Les conditions de jeu vont largement peser sur la rencontre : il fait un peu lourd, donc un peu chaud (à la rigueur, peu importe), mais le public est clairsemé (la concurrence de Martine Aubry ?) et particulièrement bavard (faut bien se raconter ce qu'on a fait de son été ...).

La première partie était confiée aux locaux de Rubycube (=>). Cinq garçons jeunes, voire même très jeunes (enfin, je ne vais pas essayer de les dater au Carbone14, puis la dernière fois que j'ai dit que quelqu'un avait l'air jeune, j'ai cru que je m'étais transformé en Dieudonné de la scène rock toulousaine), aux looks que l'on qualifiera de "travaillés", et qui jouent une musique très grandement influencée par Foals (guitares angulaires, rythmique glaciale, chant faussement possédé). Alors on va faire simple, déjà c'est carrément pas ma came sur le principe (disons que ça me donne envie de se poster en fond de salle et de commander une pinte, ce qui a très exactement eu lieu). Mais on en a vu d'autres relever le truc et me convaincre, sauf qu'en l'occurrence ... Enfin bref, ils sont jeunes quoi (je sais, je me répète), donc ils ont le temps de s'améliorer, peut-être aussi d'avoir des idées moins caricaturales, et d'écrire un peu mieux. Faut bien commencer quelque part, d'une façon ou d'une autre, puis laisser le temps aux choses de se faire. Alors on en reparle dans 2 ou 3 ans, si j'ai pas foutu le camp entre temps.


Je le concède donc volontiers, je n'avais aucune connaissance du répertoire du sieur Jeremy Jay (=>), un grand garçon très attachant, qui semble plutôt timide, quoiqu'accessible. Il se charge du chant et de la guitare, au sein d'un quatuor de format classique : batterie, basse et claviers l'accompagnent, tous plutôt souriants. Nous nous avançons donc rapidement pour profiter des compositions construites sur le format d'une pop minimaliste et anachronique, et qui, bien qu'inconnues de mes oreilles, font indéniablement leur effet, dégageant une atmosphère très particulière : sur un tempo le plus souvent légèrement sautillant, les mélodies, d'un classicisme fou, se font accrocheuses, portées par le jeu de guitare nonchalant de Jeremy, qui dissout la facilité dans l'évidence. On se laisse aussi bercer par sa superbe voix, plongée dans une reverb d'un autre temps, à la douceur triste et désarmante. En fermant les yeux, avec un peu d'imagination, on croit entrevoir les paysages d'une Californie mélancolique, ces ciels bleus mais devenus froids, d'une fin d'été où les souvenirs ressemblent à des mirages. En définitive, ce set d'une petite heure au romantisme désabusé, conclu par deux rappels solitaires (chaleureusement demandés, il faut le signaler), aura provoqué un spleen d'une beauté fatale, et c'était, je crois, très bien comme ça. D'autant que pour la bonne humeur, la suite de la soirée, entre épicerie de nuit et casseroles musicales, jusqu'à un sacré dépassement horaire, fut une réussite.

mardi 12 juillet 2011

Live report #10 : Pop & Merguez @ Saint-Jean-Ligoure

Quand le label de Limoges Anorak Records (=>), actif depuis 1992, décide de réunir quelques groupes indie-pop venus d'un peu partout en Europe, et d'organiser, le 9 Juillet, autour de ces derniers, une grande soirée baptisée "Pop & Merguez", on ne peut que toucher au mémorable. Il faut bien dire que l'idée d'un popfest rural est génialement séduisante : la salle des fêtes (et ancienne école) d'un minuscule village (Saint-Jean-Ligoure), un festin pour le moins estival (du vin, des bières, une plancha qui tourne aux légumes, merguez et à l'andouillette, le tout compris dans le prix de la place) dans une cour de récré, de jolies rencontres (oui, c'est le genre d'endroit où on voit enfin "en vrai", et avec un immense plaisir, ses "amis facebook" ... et où on en trouve de nouveaux, et pas des moindres!), le stand de disques Hands&Arms qui fait peur tellement on a envie de tout acheter, six groupes de qualité, une ambiance décontractée et chaleureuse, et une fête qui se poursuit all night long puisque les premiers voisins sont assez loin (enfin, j'espère ...). En résumé, les ingrédients d'un très bon moment, placé sous le signe du partage de notre passion et notre amour de la pop (et des merguez ...). Alors en premier lieu, remerciements à Fabien, Fanou et Guillaume (et tous ceux qui les ont aidés) pour l'ensemble de leur oeuvre (qui va du covoiturage mis en place depuis la gare de Limoges, à leurs qualités d'organisateurs qui ont permis que tout se passe pour le mieux). Les conditions de jeu : salle décorée dans l'esprit du lieu (enfantin!), belle chaleur car le temps est assez lourd, bien que MétéoFrance ait toute la semaine annoncé de la pluie.


Après donc une après-midi et un début de soirée consacrés aux discussions, aux repas, et à l'entame de l'apéritif, ce sont les anglais de Peru (=>) qui ouvrent la soirée. Ce groupe est un vieux projet mené par le gentil et souriant Brian Price, qui avait écrit et enregistré tout un tas de chansons entre 1992 et 1996 (aujourd'hui compilées sur Across Blue Skies, chez Jigsaw Records), et qui reprend aujourd'hui du service (un EP est paru ce lundi), en empruntant quelques membres de The Kick Inside pour l'aider sur scène. Au menu, des pop-songs jangly comme il faut, et cette impression que le temps défile autrement, qu'on est retombés quelque part au début des années 1990. Anciennes et nouvelles compositions se succèdent dans une belle osmose, et dans un doux balancement porté par une guitare électrique alerte, et la voix timide de Brian Price. La superbe Clueless (=>) terminera ce set qui aura eu le mérite de bien nous mettre dans le bain : ici, l'indie-pop est reine, et il ne peut pleuvoir que des mélodies!


Venaient ensuite The Lost Homeboys (=>), débarqués de Goteborg. Cinq garçons qui jouent une musique retraçant la timidité et les images désabusées de Sarah Records. Souvent agrémentées d'un discret glockenspiel, ou d'un clavier épuisé, leurs chansons viennent immédiatement frapper en plein coeur, secouer les sentiments par leur douce mélancolie. Difficile donc de ne pas être touché par les saveurs nocturnes et nordiques propagées par leur son, superbement enrichi par la guitare acoustique à douze cordes du chanteur Gustaf Murman. On pense à tous ces groupes, de The Sweetest Ache à Brighter, qui naviguent dans une gêne et une indécision impressionnistes, préférant peindre leurs mélodies par petites touches, qui reliées donnent vie à de beaux tableaux. Et pas question de reprocher un manque de rythme : ces chansons se savourent avec délicatesse.


L'instant norvégien à suivre est surtout un instant twee, puisque c'est le trio de Bergen Soda Fountain Rag (=>) qui prend possession de la scène. La configuration est originale, puisque le très jolie Ragnhild joue de la batterie debout tout en chantant, quand elle ne prend pas quelque secondes pour user d'un mélodica. Les chansons sont fraîches, décomplexées, sautillantes, bref, il n'en faut pas plus pour que la salle entame des pas de danse convaincus et frétillants. D'autant que le groupe est en terrain conquis, puisque c'est Anorak Records qui avait édité en 2006 leur premier EP, Qui a besoin d'une voiture ?. Au bonheur de déguster ces hits de poche (Are Philosophers Lonely ? (=>), Go Bus Baby Go (=>) avec son synthé cheap mais ravageur, et puis toutes celles que je connaissais pas mais qui m'ont embarqué sans problème dans leur douce folie), s'ajoute donc pour beaucoup une petite valeur sentimentale, qui va rendre leur set résolument plaisant. On ne compte donc plus les sourires côté spectateurs, ni d'ailleurs les ballons de baudruche et les bulles de savon qui parcourent la salle, plongée dans une ambiance sucrée et enfantine. Une salle qui n'hésitera pas à réclamer et obtenir le premier rappel de la soirée.


Et on enchaîne dans l'énergie réjouissante avec les très sympathiques The Wendy Darlings (=>), nationaux de ce popfest puisqu'ils avaient fait le route depuis Clermont-Ferrand. La formation, à l'origine constituée en trio, accueillait deux membres de plus chargés respectivement des choeurs et d'une seconde guitare, donnant à leur son une épaisseur supplémentaire sans le moins du monde amputer cette dynamique foutraque qui les caractérise. Il faut dire que le groupe joue une musique rutilante, à la croisée des chemins entre indie-pop (pour l'aisance mélodique), garage (pour le punch et la vigueur), et le punk (pour la simplicité et l'efficacité). Largement de quoi retourner littéralement une salle qui saute dans tous les sens, au son de compositions jouissives (Enormous Pop (=>), grand moment de craquage). Le plaisir semble être partagé par les cinq, qui bougent bien sur scène, rendant immédiatement communicative leur bonne humeur. Après une reprise de The Pastels pour conclure, ils sont fort logiquement conviés à effectuer un rappel mené tambour battant. Ces gens sont tellement forts qu'ils ne devraient pas avoir beaucoup de mal à convaincre le public britannique à l'indietracks, fin Juillet.


Puis c'est au tour de The Kick Inside (=>) (from Bristol, patrie d'un label indie-pop bien connu ...) d'entrer en scène, certains membres pour la seconde fois de la soirée. La principale attraction du groupe est la présence de Thomas, guitariste surdoué dont le jeu rappelle inévitablement Johnny Marr, dans cette capacité qu'avait le mélodiste de The Smiths d'enchaîner des arpèges à une vitesse vertigineuse, et des accords dont il avait seul le secret. C'est Don't Take This To Heart qui ouvre le set de façon réellement accrocheuse, mais en pointant aussi, à mon sens, la limite du groupe, qui réside dans le chanteur Sean, qui peine un peu à donner aux chansons la dimension qu'elles mériteraient. Reste tout-de-même qu'on passe un super moment à remuer, et surtout, qu'un concert comme celui-là donne une furieuse envie de jouer de la guitare! Et rien que pour ça ...


Pour finir, ce sont les cinq écossais de Wake The President (=>) qui sont attendus. Sans entrer dans les détails, je ne vous cache pas qu'ils se sont montrés parfois un peu ingérables, que ce soit en arrivant très en retard (ce qui les privera d'un soundcheck), ou en se bourrant la gueule magistralement toute la soirée. C'est d'ailleurs sur un "We are Wake The President, we are drunk" que le set est lancé par le chanteur Erik Sandberg. Un set tendu et urgent, réduit au minimum, où la communication avec le public va s'avérer un peu difficile (le contraste étant d'autant plus marqué qu'on s'est sentis très proches des autres groupes toute la journée et la soirée). Et c'est un peu dommage que l'ingrédient affectif manque, car ces gamins traînent des chanson absolument incroyables, perdues entre Orange Juice et le mouvement C86, mélodies d'un classicisme fou mises en avant, qu'elles soient issues de leur nouvel album, ou du précédent, comme en atteste leur intouchable single Miss Tierney (=>), qui fermera avec succès leur prestation.
La suite de la soirée appartient indéniablement à l'histoire, tant le duo Joanny/Rosa aura animé avec brio les platines de la salle (enfin, sur un Mac, d'abord via la sono officielle, puis grâce à un ampli guitare de fortune, mais rien ne pouvait nous arrêter) jusqu'au bout de la nuit. Les popkids que nous sommes (car même les un peu moins jeunes sont des popkids dans leur tête!) auront été gâtés par ce combo-DJ capable de choix pointus, mais aussi d'accompagner d'improbables délires (les FriendsOfPop en slip, le ping-pong improvisé, nos ridicules façons de danser ...), de Crush The Flowers à Age Of Consent, de Take On Me à Sensitive, de Young Adult Friction à Vamos A La Playa (?!), de La Revolition Sexual à Rain Of Crystal Spires. Alors qu'importe les heures de train, qu'importe les taux d'alcoolémie, qu'importe la fatigue du lendemain, car ce 9 Juillet était tout simplement magique.
PS : photos empruntées à Fanou aka Skittle Alley, et à Richard Hargrave. Merci à eux!

vendredi 24 juin 2011

Live report #9 : The Pains Of Being Pure At Heart + Drownsoda @ La Fourmi - Limoges

Il y a des choses qu'on décide de faire, même si c'est pas raisonnable, juste parce qu'on en a gravement envie. The Pains Of Being Pure At Heart, groupe cher à mon coeur pour d'innombrables raisons, devaient passer par Toulouse, si j'en crois les toutes premières informations qu'ils avaient laissées à propos de cette tournée européenne. Sauf que bon, pour des raisons qui m'échappent, la ville rose n'a pu les accueillir. Alors, Limoges le 23 Juin ? Après tout, ça fait tout juste 3 heures de voiture (bon, allez, 4 depuis l'endroit où on veut bien me laisser prendre une voiture). Oh et puis merde, ce groupe vaut bien ça! Bon, du coup, ça aura occasionné plus d'un mois de recrutement pour le covoiturage (finalement au complet, et un immense merci aux demoiselles colocataires qui n'ont pas eu peur de nous, à Manu qui viendrait même si je lui annonçais qu'on part faire le Sahara sans bouteille d'eau, et même à Ben, bien qu'il préfère boire du Ricard avec des locaux plutôt que d'assister aux concerts d'indie-pop). Puisque j'en suis à remercier tout le monde, un immense merci à Fabien, d'abord pour les indications ultra-précises, et surtout pour tout ce qu'on s'est racontés avant, pendant, et après le concert. Dans le genre "bons gens", ça se pose là (coucou aussi à Skittle Alley et Doggy, donc au gang d'Anorak Records, pour faire simple). Et puis rendons à César, merci à l'asso (remuante) NoBrainNoHeadache (=>), parce qu'il faut bien des gens pour organiser tout ça! Et si tous ceux que je viens de remercier voyaient le sourire béat de crétin satisfait que je me traîne en écrivant ... Je n'oublie pas les conditions de jeu : très jolie petite salle, bon son, temps lourd donc grosse chaleur à l'intérieur.

L'ouverture, sur les coups de 22h, était confiée aux autochtones de Drownsoda (=>), un groupe tellement connu à Limoges que le bar de la Fourmi sert un cocktail du même nom! Ce duo guitare-basse use de samples électroniques pour créer une musique tout-à-fait NewOrderienne, en plus ensoleillé cependant. On regrettera que la première moitié du set ait laissé les instruments un peu trop en retrait face, justement, à des samples trop bruyants, mais une fois l'équilibre trouvé, ces garçons ont offert un set agréable, ponctué de quelques belles mélodies, de beaux éclairs de guitare. Je ne sais pas trop quoi penser du bassiste déluré qui aura passé la moitié du set à jouer dans le public : c'était très marrant, mais un peu hors-sujet ... Après tout, tout le monde a semblé bien s'amuser, je crois, et nous aussi.

Quelques minutes d'attente plus loin, The Pains Of Being Pure At Heart entrent en piste. Nous avons gagné avec grand plaisir le tout premier rang : j'ai le nez dans les effets de Kip, et les yeux sur la setlist, bref, on ne peut être plus près. Puisque je parle setlist, miracle : pour une fois, je peux vous la reconstituer avec la plus absolue fidélité ... puisque j'ai récupéré celle de Peggy (aidé par mon cher Manu qui a usé de sa taille pour l'atteindre), comme en atteste la photo prise ci-dessus. Bref, le set est lancé par la très intense Belong, avant que le premier relais soit pris par la vieillerie This Love Is Fucking Right!, reçue avec un plaisir maximal par un public pour le moins réjoui, qui esquissera dès lors très régulièrement d'engageants pas de danse. La suite est intouchable, entre la force déjà bien acquise de leur deuxième album (en particulier mise en lumière par la fatale Heart In Your Heartbreak, sautillante comme pas permis, le tube adolescent My Terrible Friend, ou encore la guitare exaltée de Christoph Hochheim sur Heaven's Gonna Happen Now), et les bonheurs de singles intemporels repêchés sur le premier, dont la magie semble ne jamais s'estomper (perfect pop-songs are forever ...). Comment ne pas se laisser emporter par le vent de fuzz nostalgique et les arpèges qui brisent le coeur sur Stay Alive ? Comment ne pas sauter partout sur Come Saturday, en se remémorant une ex qui prenait le bus tous les week-end ? Comment résister à l'envie d'exulter les "Don't check me out, don't check me out!" de la rutilante et insolante Young Adult Friction ? D'autant que le plaisir ressenti dans le public semble être partagé par le groupe : Peggy est inaudible mais souriante (et elle a revêtu sa plus belle paire de chaussettes), Kip toujours dans un entre-deux de timidité et d'éclate (sans compter la gentillesse avec laquelle il cite Fabien, ou remarque mon T-shirt Sarah Records, me faisant dans l'instant devenir aussi rouge que les cerises imprimées dessus), un Kurt métronomique nous soulève, tandis qu'Alex et Christoph donnent toute la consistance nécéssaire à ce que les compositions resplendissent, non sans manifester par leurs mouvements l'impression d'un groupe somme toute heureux d'être là et d'en découdre. La tornade Everything With You se charge de la conclusion, laissant l'occasion, dans l'enivrement, de remarquer que Kip joue de mieux en mieux ce solo d'anthologie. Resteront trois sucreries en rappel : Kip revient seul nous offrir l'émouvante Contender, avant que le groupe ne débarque au complet pour magnifier ce single déjà magistral qu'est Say No To Love (je ne me remettrai jamais de cette ambigüité entre une mélodie simplement éclatante, et des paroles lourdes de sens - ma chanson préférée du groupe ?). Enfin, le beat madchester et la lumière crépusculaire de Strange terminent comme par le plus beau des ciels étoilés ce concert qui gardera pour moi une valeur sentimentale toute particulière ("Our dreams are coming true ..."). Nous mettrons près d'une heure avant de reprendre la route, profitant de la disponibilité de Kip Berman, pour quelques instants privilégiés de discussion avec lui, autour de souvenirs d'un concert presque aussi mémorable à Toulouse il y a deux ans, et de questions sur la timidité et les grands festivals. Et à l'heure où j'écris ces lignes, le constat sonne tel une évidence : le souvenir de cette soirée sera inoubliable, tant il est synonyme d'un moment fort, d'un bonheur incandescent, et surtout, partagé.
PS : pour une autre vue, mademoiselle DanceToTheTuner (=>) participait au covoiturage, et a également rendu compte de la soirée.

mardi 14 juin 2011

Live report #8 : Crystal Stilts + Les Soldes @ Le Cri de la Mouette

En ce Lundi de Pentecôte était programmée l'ouverture de mon mois de Juin 2011, qui s'annonce tout simplement dantesque au niveau des concerts. Rendez-vous était pris sur la sympathique péniche du Cri de la Mouette, où les plutôt bien inspirés membres de l'asso FriendsOfPop (=>) faisaient venir les New-Yorkais de Crystal Stilts au beau milieu de leur tournée européenne consacrée à la défense de leur second album In Love With Oblivion (chez Slumberland Records outre-atlantique, et Fortuna Pop! par chez nous). Après une début de soirée consacré à la pétanque (oui oui, pourquoi pas ?), c'est en trio que nous nous rendons le long des allées de Barcelone, un trio par ailleurs original, comprenant en plus de votre serviteur les admirables Naudnaud et "Cocktail" Mallotov. Sans vraiment se presser, nous arrivons alors que Les Soldes, chargés de l'ouverture, ont déjà pris possession de la scène. Les conditions de jeu : foule honorable, chaleur encore supportable.


Les Soldes (=>) donc, nom probablement humouristique pour un groupe qui rassemble des gens qui font dans le commerce. Ce sont en effet des vendeurs de disque du centre-ville toulousains qui se sont rassemblés dans cette formation rutilante, qui mettrait en larmes n'importe quel commissaire européen vaguement soucieux des questions de concurrence libre et non-faussée. Le trio guitare-claviers-batterie martèle sans relâche un garage-rock bien noise, et surtout marqué par sa sauvagerie totale. C'est forcément brut, salement bruyant (en particulier la guitare, mais après tout, j'ai acheté Loveless à la personne qui en joue, donc j'étais prévenu). Les compositions sont de nature plutôt classique (ce qui constitue une forme de garantie), et l'une d'elles, basée sur la batterie éternelle de Be My Baby, sort même du lot. Tout ceci est dangereux pour l'ouïe, mais pas mal pensé.


Après une petite vingtaine de minutes passée bière en main, nous nous avançons à la rencontre des Crystal Stilts. Je concède tout de suite mon erreur : je n'ai pas encore, à cet instant là, écouté leur nouvel album, et je serai donc assez clairement perdu pendant une grande partie du set. Reste que les derniers morceaux sont à l'image des précédents : les beats sont minimalistes et entraînants, la basse navigue façon missile à tête chercheuse pour dégager ses mélodies sombres et rugueuses, la guitare est triturée, le clavier soigne le paysage. Encore et toujours, le chant de Brad Hargett est hanté par les fantômes post-punk, bouffé par la reverb, et savamment mis en léger retrait. C'est le claviériste Kyle Forester qui se charge de la communication avec le public en répondant aux blagues qui fusent entre les morceaux (le thème de la soirée sera l'impossibilité de distinguer le batteur, posté dans un recoin mal éclairé de la minuscule scène). Je signale, à y être, que le guitariste JB Townsend est armé d'une Phantom Vox noire du plus bel effet, et que son jeu est acéré, délicieusement tranchant, soulignant à merveille cette atomsphère pop mais crade que dégage le groupe. Bref, toujours est-il que je réserve mon enthousiasme pour les apparitions de vieilleries : je remarque avec bonheur The Dazzled (=>), qui émerge dans un halo de noirceur. Surtout, je fonds mon plomb habituel à l'instant où je reconnais l'hymne noisy-surf Love Is A Wave, puisque je bouscule tous ceux qui me séparent de la proximité avec la scène, afin d'esquisser quelques pas de danse frénétiques. Me voila rassasié, et je reviens au calme d'une position plus reculée pour profiter de la fin du set et du vrai-faux rappel (au Cri de la Mouette, c'est petit au point que le groupe est obligé de fendre la foule pour fuir, donc plutôt qu'un rappel, disons qu'on empêche le groupe de partir quand il a fini). En définitive, la soirée, sans atteindre des sommets d'éclat (Crystal Stilts ne sont sans doute pas le groupe le plus brillant du moment, mais demeurent de fort solides outsiders), s'est avérée bien agréable. Et c'est déjà pas si mal!

vendredi 27 mai 2011

Live report #7 : Pulp @ Le Bikini


Pulp, oui, Pulp. On peine à y croire, mais ils étaient là, ce 25 Mai 2011, jour de la fin de mes partiels, pour jouer au Bikini. Un évènement déjà cocasse et improbable s'il n'avait été rendu encore plus irréel par le tourneur du groupe qui a refusé à la salle toulousaine toute promotion du concert. Il faut dire que la reformation la plus attendue de l'année est à l'affiche dans les plus grands festivals européens, dont le Primavera Sound le 27 Mai, qui tenait à préserver autant que possible le caractère exclusif de ce retour sur scène après 9 ans de hiatus. Bref, nous étions donc conviés en quelque sorte à un secret-gig dépourvu de première partie, dernier entraînement du groupe, presque grandeur nature, car contrairement à toutes les scènes gigantesques qu'il occupera cet été, la salle est ce soir à taille humaine, ce qui ajoute au plaisir immense de retrouver Jarvis Cocker la joie d'en profiter dans des conditions très spéciales. Arrivés (avec mon habituel camarade Sonic le hérisson) vers 21h sans se presser, nous passons la porte à l'instant même où retentit la musique d'introduction du groupe. Nous gagnons alors le 5 ou 6ème rang, bien décalés sur la gauche.


Pour se rappeler à nos bons souvenirs, c'est la géniale Do You Remember The First Time? qui ouvre le set, et envoie sans la moindre hésitation le premier refrain ultime d'une longue série. Le son est très propre, Jarvis est en forme olympique, sa voix semble la même qu'il y a 15 ans, bref, la totale de chez la totale, ça va être génial. On se marre pas mal quand ce même Jarvis commence dans un franglais génialissime à raconter des conneries entre les morceaux : évoquant un passage du groupe au Bikini en 1994, il demande si quelqu'un dans la salle est né en Février 1995. Un mec qui n'a sans doute pas très bien écouté lève la main dans le public, Jarvis le regarde, lui lance un mythique "Son, I came back to take you home !", et l'avalanche de tubes de continuer ! Mention forcément à l'enchaînement Disco 2000/Babies, au craquage général sur F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E., ou à la résurgence de This Is Hardcore ou de Sunrise (que j'adore parce qu'elle fait du bruit). Après un peu moins de 90 minutes, Jarvis demande au peuple s'il n'a pas oublié quelque chose ... Et démarre l'hymne absolu Common People, qui va conclure le set. Un moment de pure hystérie collective et de chant à tue-tête (malgré ma voix portée disparue), pendant lequel nous rejoignons la foule en délire plein axe face à la scène. C'est là que surviendra, dans le final épique ("Common people like youuuuuu, lalalala !"), le bad-trip improbable puisque je me retourne vers mon camarade qui a soudain du sang partout autour de lui (et même sur moi), et pour cause : dans la cohue, sa lèvre a éclaté sous le coup maladroit d'un coude voisin. Nous ne réclamons donc pas le rappel pour cause de passage par les toilettes pour réparation de fortune (rassurez-vous, il y avait assez de monde pour réclamer), mais revenons quand même pour l'écouter. L'occasion pour le groupe de jouer pas moins de 6 chansons de plus, terminant sur Mis-shapes un concert jouissif. Pour dire les choses un peu bêtement, les common people que nous sommes ont été comblés!

mardi 5 avril 2011

Live report #6 : Crocodiles + Ewes @ Le Saint des Seins

Le Lundi soir, c'est rarement la folie, faut bien l'avouer. Sauf que ce Lundi soir, 4 Avril, rendez-vous était donné par l'admirable asso La Chatte à la Voisine (=>) pour un concert du côté du Saint des Seins. En vedettes, les Californiens de Crocodiles (qui réussissent l'exploit de situer San Diego sur la carte), porteurs d'un noise-rock crasseux et bruyant, à l'énergie contagieuse, du moins sur album, comme en témoigne leur très bon second effort, quasiment sauvé des eaux par Fat Possum, et intitulé Sleep Forever. Un groupe passé par la ville rose il y a tout juste trois semaines, mais en première partie des White Lies, ce qui n'avait rien de très motivant, il faut bien l'avouer. Or, cette séance de rattrapage étant proposée pour 5 euros, et autant de minutes à pied, l'occasion était trop belle de plonger dans la reverb, tout en prenant quelques craquages guitaristiques dans les oreilles. Et j'étais loin d'être le seul à avoir adhéré à l'idée, puisque c'est une foule compacte qui occupe le bar à mon arrivée. Blouson de cuir de rigueur (désormais, ça relève plus de l'accessoire de mode qu'autre chose), même si je me démarque en ayant vu plus léger, puisqu'il fait sacrément chaud une fois à l'intérieur.


L'ouverture était assurée par les Toulousains de Ewes (=>), une bande qui avance sa mixité, et sans doute aussi sa jeunesse. Difficile de leur en vouloir : la chanteuse assure sans trembler, le guitariste au visage barré par une mèche de cheveux imposante se débrouille pas mal pour envoyer des riffs garage assez crades. Reste que les compositions peinent à susciter un réel intérêt, en l'absence de mélodies fortes, d'idées séduisantes, et alors que quelques breaks tombent plutôt à plat. Une sensation renforcée par le fait qu'ils jouent des reprises (Hard To Explain de The Strokes, notamment) qui fatalement, sortent du lot. De quoi satisfaire quelques amis à eux venus les soutenir, de quoi taper du pied aussi, de quoi faire honnêtement patienter donc, sans qu'ils ne se montrent ni brillants, ni gênants.


Le temps de discuter avec mon camarade de concerts venu en retard (quelle surprise ...), et les Crocodiles sont finalement rapidement en place. Nous sommes placés assez loin de la scène (tout est relatif vue la taille du bar) quand le set est entamé d'une intrigante Sleep Forever. S'en dégage une violence encore un peu contenue, mais surtout l'impression que quand tout va se déchirer, ça va être complètement sauvage. La confirmation vient assez vite, puisque les titres s'enchaînent sans temps mort (le groupe s'arrêtera pour nous remercier, et nous laisser les remercier en tout et pour tout une fois pendant le set, une fois pendant le rappel). Le single Hearts Of Love est glissé assez tôt dans le set au grand plaisir de l'assistance. Le groupe semble bien s'éclater sur scène, entre un Brandon Welchez possédé au chant (au passage, je précise que non seulement il ressemble énormément à un camarade, que je qualifierai de "cycliste" pour qu'il se reconnaisse, mais en plus, il lui a piqué toute sa gestuelle), un Charles Rowell branleur au possible à la guitare, mais tout de même très très bon pour faire ressortir des mélodies défoncées, et une section rythmique très solide, parfois brutale. Il y a aussi une fille aux claviers, mais trop effacée pour que je me prononce sur son cas. Bref, nous profitons de l'entrée dans Mirrors, qui a ma préférence depuis que j'ai découvert le groupe, pour nous frayer un chemin vers la scène, histoire aussi pour moi de mettre un peu de bordel, tellement cette composition bouge dans ma tête et me rend fou à chaque fois (les premiers rangs me pardonneront pour la légère bousculade occasionnée). Quel plaisir en tous cas, sur tout le set, de profiter de cette voix sous effets, clairement venue d'ailleurs, et de cette guitare tantôt tranchante, tantôt bruyante au point d'en être enveloppante (Summer Of Hate, noyée dans un bruit forcené). Et puis ces compositions respirent toutes une classe un peu usée, entre mélodies 60's d'évidence, et atmosphère frelatée, drogues et noirceur renvoyant aux Jesus & Mary Chain (mention entre autres à la superbe And All My Hate And My Hexes Are For You, qui pue l'absolu désespoir), ou à Spacemen 3. La seule pointe de frustration concernera finalement la durée du set, sans doute bien trop courte pour une tête d'affiche (allez, deux chansons de plus, et on aurait rien dit). Mais qu'importe, car cela joue peut-être aussi de la distance créée avec le public (avec l'absence quasi-totale de sourires, et de communication), qui rend la musique des Crocodiles non pas attachante, mais viscérale, hallucinée. Bien que vite traversé, le marécage laisse des traces, et aura surtout marqué les esprits.

jeudi 10 mars 2011

Live report #5 : Allo Darlin' + Alone With Everybody @ Le Saint des Seins

Rendez-vous (immanquable) était pris en ce Mercredi 9 Mars, au Saint des Seins, le bar "rock" de cette chère place Saint-Pierre, bien plus connue pour ses beuveries alcoolémiques que pour ses rassemblements de fans de twee-pop. Qu'importe, puisque c'est là, grâce aux bonnes âmes de l'asso Toulousaine FriendsofP (=>), que les anglais (à chanteuse australienne) d'Allo Darlin' nous avaient donné rendez-vous pour un de ces concerts à échelle réduite mais à plaisir maximal dont ils ont le secret. Concert de lancement de ma saison aussi, d'ailleurs. Bref, après avoir été embarqué dans un apéritif qu'on qualifiera de piégeux (du genre où il y à boire pour 5 ou 6, mais où on se retrouve à deux), puis dans un repas de "restauration rapide lente" (je sais pas comment qualifier ça autrement) trop longtemps attendu, je débarque en compagnie de mon cher meilleur ami (que j'amène souvent voir des trucs qui devraient le faire fuir, mais qui me fait une confiance surprenante, même si je lui paye la place pour le convaincre) sur les lieux aux environs de 21h30, ce qui semble raisonnable pour un concert annoncé vers 20h ou 20h30 selon les sources. J'ai mis, comme il se doit, mon plus beau T-shirt Sarah Records pour fêter tout ça.
En raison de mon retard, ne comptez pas trop sur moi pour vous offrir un récapitulatif correct et exhaustif de la prestation du Toulousain Alone With Everybody (=>). Camille, de son prénom, ancien guitariste de The Red Lips, groupe local émergé avec la vague post-punk de la dernière décennie, a pris ses aises en solo, à l'aide de sa guitare, autour d'accords simples mais agencés en de subtiles mélodies, et d'une jolie voix. Sur scène, en tous cas ce soir, en tous cas à partir du moment de son set où je suis arrivé, il est simplement accompagné d'un clavier qui saura se montrer discret, et souligner avec pertinence quelques passages. L'ensemble est souvent de cette tristesse légère, de cette solitude aussi, qui collent difficilement à l'ambiance de ce bar bruyant d'un sud de la France exubérant. La musique d'Alone With Everybody prend sans doute sa pleine mesure dans des environnements plus calmes, mais cet aperçu permet déjà d'observer de belles qualités dans la composition. Le garçon est donc à suivre.
La voie est libre pour accueillir, après quelques minutes passées étonnamment vite, le quatuor Allo Darlin'. La composition est ainsi faite : Michael Collins assure un job appliqué à la batterie, Paul Rains apporte du rêve grâce à sa guitare (et quand il prend sa Rickenbaker, ça en devient splendide), Bill Boting officie à la basse en sautillant avec un sourire inébranlable (détail qui tue, il enlèvera ses Converse dès le troisième morceau, pour passer toute la soirée en chaussettes), et enfin, last but not least, Elizabeth Morris joue de sa féminité, sa tendresse, un peu de sa timidité, et surtout de sa joie de vivre aux commandes d'un ukulélé que j'aurais imaginé moins présent, mais qui finalement sait trouver sa place dans un son juste assez bordélique pour être totalement ravissant. Alors que j'ai gagné le premier rang, le groupe ouvre sur If Loneliness Was Art et ses "shalala" qu'on ne peut s'empêcher de chanter, donnant au passage le ton du concert. La suite de la set-list saura passer en revue les tubes magistraux de leur premier album, tout en laissant une jolie place à quelques nouveaux morceaux (et peut-être à des faces-B qui m'auraient échappé ?). À ce petit jeu, je retiens, en vrac, The Polaroid Song ("A song about taking pictures", nous dit Elizabeth) (entrecoupée d'un pont spécial qui a débordé ma perception), la jouissive Kiss Your Lips, qui ouvre le droit d'exulter, et puis, et puis, je pourrais citer tous les morceaux de l'album joués, vous avez très bien compris que j'ai adoré ... Comment résister au romantisme divin des couplets de Dreaming ? Comment ne pas se laisser emporter par la tempête du refrain marqué par une batterie dingue sur My Heart Is A Drummer ? Même les petites nouvelles sont immédiatement entrainantes (bon présage en vue d'un second album qu'ils enregistreront très bientôt), à l'image de Europe, qui si j'ai bien compris débute par une question existentielle, mais dérive bien vite vers un pur moment de magie. Les premiers rangs bougent sans retenue, s'éclatent et s'amusent, moi le premier, même si le prix des plus beaux pas de danse revient sans nul doute à mon camarade cité plus haut, qui bien qu'absolument pas connaisseur du groupe a semblé trouver le moment tout-à-fait agréable. Il faut dire que pendant tout le set, l'énergie twee est absolument prenante, communicative, toujours dansante, parfois émouvante aussi. Après avoir salué toute la soirée d'applaudissements nourris, le public demande fort logiquement un rappel, obtenu comme il se doit. Alors que des jeunes filles veulent obtenir en échange d'une rose dieu sait quelle faveur du bassiste, je réclame (au risque d'y laisser ma voix) avec un couple de voisins de concert particulièrement sympathiques que soit jouée la géniale Henry Rollins Don't Dance (=>) ... Nous serons entendus en clôture par le groupe pour un dernier très grand moment de bonheur, histoire de ne pas finir sans avoir laissé nos jambes s'épuiser complètement. La suite appartient à l'histoire, puisque j'escroque mon camarade de quelques euros pour acheter le CD du groupe sur leur stand, avant de danser ridiculement sur du Devo et du Kraftwerk (merci le DJ), puis, au moment de partir, d'aller remercier de quelques mots sans doute un peu maladroits (j'ai à l'évidence un déplorable accent quand je parle anglais et que j'ai un peu bu) Elizabeth pour ce concert qui a fait éclater ma jauge de joie de vivre. Et, signe qui ne trompe pas, en écoutant leur album ce matin (c'est-à-dire le lendemain du concert, au moment où j'écris ces lignes), en plus du sourire béat que ces chansons déposent sur mon visage, une pointe fine et délicieuse de nostalgie vient me rappeler qu'hier soir, tout était parfait ... au point de me rendre (ainsi qu'à, je l'espère, la plupart des gens venus au concert) tout simplement heureux.

vendredi 26 novembre 2010

Live Report #4 : Teenage Fanclub @ Théâtre Garonne

Il y a des soirs comme ça où on a bien besoin de réconfort, et où comme par miracle, 4 ou 5 bonhommes, avec des guitares, une basse et une batterie, viennent d'assez loin pour jouer des chansons impossibles, juste à côté. C'était le cas ce Jeudi 25 Novembre, où j'ai tout juste eu à prendre 15 minutes et à traverser la Garonne vers 20h15, afin de me rendre au Théâtre du même nom. Le vent était glacial sur le pont St-Pierre, la lune se reflétait sur le fleuve, j'étais légèrement tout seul ... Tout ça pouvait paraître un peu déprimant, et pourtant, ça me semblait simplement trop beau, et pour cause : le Teenage Fanclub était au bout du chemin. Et je n'étais pas le seul à les attendre impatience : sans être sold-out, la salle était bien pleine, majoritairement de trentenaires (voire quadragénaires), certains anglosaxons, l'air globalement fébriles à l'idée de retrouver un grand groupe de leur jeunesse. Un bon nombre de jeunes aussi cependant, beaucoup plus relax d'ailleurs, sans doute parce qu'ils ne mesuraient pas pleinement à quel point le TFC peut être un groupe générationnel pour ceux qui étaient là au départ.

Qu'importe donc, nous aurons en tous cas attendu assez longtemps (et sans première partie), pour que vers 21h30 (après qu'un roadie plus tout jeune mais marrant comme tout ait tout accordé) débarquent cinq écossais souriants, devant un public très chaleureux. Et nous voila conquis d'emblée par Start Again qui ouvre le set en dévoilant ce qui sera le thème de la soirée : mélodies parfaites, compositions d'orfèvres, harmonies sublimes ... et les éclairs signés des solos de Raymond McGinley. Ces impressions ne seront à aucun moment démenties par la suite, où vont s'enchainer les petites dernières à retrouver sur l'album Shadows sorti cet été (Sometimes I Don't To Believe In Anything, ou Baby Lee, seront de vrais grands moments), et de glorieuses anciennes comme une Don't Look Back émouvante, ou encore Your Love Is The Place Where I Come FromNorman Blake nous sort son xylophone. Le fait marquant, c'est sans doute cette improbable magie qui permet de naviguer entre les songwritings (et donc les chants) de McGinley, Blake et Love, chacun légèrement différent, mais tous cohérents, et d'un niveau invariablement élevé. Mais on navigue aussi entre les époques et les albums, sans trop y faire attention, tant les chansons n'ont pas vieilli, tant leur écriture pop n'a pas pris de ride. Norman, petit par la taille, cardigan et lunettes sérieuses, est gentil comme tout, drôle comme un gamin, très agréable, et si les autres sont plus discrets et concentrés, la bande dégage pourtant une forme de joie de vivre plaisante. Je serais bien incapable de reconstituer toute la set-list, mais qu'importe, les tubes ne manquaient pas, et ce qu'ils ont joué nous a largement comblé.


La fin de set est marquée par la doublette fatale Sparky's Dream/The Concept. La première est une référence power-pop joussive dont on ne se lasse pas, et sera, comme toutes les compositions de ce bon Gerard Love, particulièrement saluée. La seconde est elle un véritable hymne générationnel qui va provoquer la jubilation de la salle, qui reprend en choeur les "Oh Yeah" avec Norman. Je sais pas pourquoi, ça doit être la mélodie, mais j'ai envie de pleurer de bonheur tellement c'est bon. Je me retiens cependant pour mieux chanter tout ça, et prendre un plaisir fou à savourer l'outro désarmante. Forcément, le rappel est demandé et accordé : il commence de mémoire avec Sweet Days Waiting, romantique au possible, et se termine un peu plus loin avec la quasi-shoegaze Everything Flows, tout premier single du groupe, composition lumineuse comme peu le sont, avec ses guitares affolées et son refrain intemporel, où éclatent les sentiments. Les trentenaires sautent partout comme s'ils avaient 17 ans, tout le monde semble très très heureux d'être là. Le final instrumental est intense, et on aurait aimé qu'il dure des heures, que le toit de la salle s'échappe et nous laisse avec les étoiles. En rentrant chez moi, je repasse par le même pont qu'à l'aller, et je m'y attarde à nouveau. En fait, ce n'était pas simplement trop beau : c'était parfait.

dimanche 14 novembre 2010

Live report #3 : La Petite invite Les Nuits Sonores @ Théâtre Garonne

La curiosité mène parfois à des nuits courtes, ainsi qu'à de belles découvertes. En somme, c'est le constat de l'invitation donnée par l'asso toulousaine La Petite au festival lyonnais Les Nuits Sonores (La Petite invite chaque année un festival différent à programmer un long week-end dans la ville rose). Un dénominateur commun pour ces deux soirées au Théâtre Garonne les 11 et 12 Novembre : la musique électronique, sous des formes variées, mais en présence de pointures (Pantha du Prince en particulier, après le rendez-vous manqué pour cause de trains défaillants lors des Siestes Electroniques en Juin). Autant cependant souligner d'emblée que contrairement aux Siestes, institution plutôt ouverte et relax, on nageait Jeudi comme Vendredi en plein délire arty et largement poseur, dans lequel on se sentirait vite mal à l'aise. L'installation très art contemporain de la salle-buvette avait de quoi surprendre (avec deux illuminés qui jouaient de la musique -toujours le même morceau, ou à peu près- avec des Nintendo DS devant un projecteur qui diffusait des vidéos de skateboard et permettait de jouer à Pac-Man ou Space Invaders), alors que la salle de concert proprement dite s'avérait elle d'une sobriété presque inquiétante. Point positif : malgré ses défauts, le public sera les deux soirs entièrement acquis à la cause des artistes, encourageant copieusement, et dansant dès que le son s'y prêtait.


Jeudi 11 se présentait donc en premier lieu Francesco Tristano, pianiste barcelonais venu en quasi-voisin. Le garçon, au physique rappelant Luke Ridnour dans ses meilleures années à la fac d'Oregon (la parenthèse basket est refermée), parait, mais ça doit être l'instrument qui veut ça, complètement habité sur scène. Faut bien avouer que sa façon de faire nécéssite une concentration certaine dans la mesure où jouer du piano, gérer des samples sur un PC, triturer à la main des pédales d'effets et jouer du synthé, en même temps, n'est pas chose aisée. Son set va longtemps peiner à décoller, la faute à des progressions particulièrement lentes, et à un passage en mode Explosions In The Sky, joli mais qui n'avait rien à faire là. Car quand le jeune homme lâche ses beats et livre des accords lumineux, les mélodies sont accrocheuses, et l'ensemble séduisant. Les premiers pas de danse sont esquissés dans une atmosphère sympathique et colorée (à signaler que les light-shows furent plaisants les deux soirs). Le renversement est donc complet lorsqu'il faut accueillir ensuite le live de la DJ française Chloé. Car la techno de la demoiselle évolue dans des sphères très sombres, où la noirceur prend le pas sur la lumière, et où les mouvements s'inscrivent plus en moiteur qu'en sourires. Malgré l'âpreté mélodique de la chose, très monolithique (mais pourtant en perpétuelle évolution), le public prend possession de ce dancefloor des ténèbres. Les beats glauques et froids parlent avant tout au corps, et relèguent peut-être un peu loin les nappes diaphanes et les passages chantés d'une voix perdue par Chloé elle-même. Mon camarade de concerts (qui connaissait bien mieux son sujet que moi, venu quasi-sans rien connaitre les deux jours, je l'avoue) regrettera la durée trop courte du set, en outre marqué par un pain dommageable. C'est en tous cas sur ces constatations que s'achève la première soirée.


Vendredi 12, pas moins de cinq noms à l'affiche, même si seulement trois d'entre-eux parviendront jusqu'à nos oreilles. En effet, un problème de videur peu compréhensif (ai-je vraiment l'air d'avoir 16 ans ?) nous fait manquer l'ouverture assurée par Dunst. Notre soirée débute donc avec les français de Cercueil, premier et seul groupe à structure "rock" (batterie-synthé-basse) du festival. Ils jouent, devant une salle encore un peu clairsemée, un post-punk froid, bruyant, porté par des samples à mon sens trop présents, et par une batteur bon mais trop fort en volume. La chanteuse a une belle voix (quand on l'entend), est plutôt jolie, mais manque pas mal de charisme, aussi. Leurs chansons sont souvent brouillonnes (dont une, présentée comme nouvelle, sur laquelle ils s'y prendront à deux fois), partent un peu dans tous les sens, et manquent d'une ligne mélodique claire. Bref, à part un dernier morceau enfin engageant, pas la joie. Tout le contraire de la suite, qui nous amène en complets ignorants devant El Guincho, trio catalan amené par Pablo Diaz-Reixa aux synthé et sampler, accompagné d'un bassiste et d'un guitariste. Inspirés et à l'enthousiasme contagieux, les trois garçons vont être la claque de ma soirée. On pourrait décrire leur musique comme un road trip d'Animal Collective entre la feria de Pampelune et les fêtes acidulées de la Costa Brava : en résumé, c'est complètement décomplexé, ça bouge comme pas permis, les mélodies sont génialement ensoleillées, et alcoolisées façon cocktail bien fruité. Une façon de mettre les collages sonores un peu cérébraux chers à Panda Bear au service de l'éclate avant tout. En tout, une grosse heure d'un set tubesque (terminé, en rappel, par une Antillas qui ne finissait jamais ... et tant mieux, parce qu'on en aurait redemandé jusqu'au bout de la nuit !) qui nous aura amené le plein été (transpiration en prime) au mois de Novembre, chose rare s'il en est, et surtout une heure absolument fatale pour toutes les paires de jambes et de fesses mises à contribution au cours de danses frénétiques ininterrompues. Complètement joussif. C'est donc un peu sur les genoux qui nous accueilleront pour terminer notre soirée Pantha Du Prince. Et c'est avec les forces insoupçonnées qu'il nous reste que l'on va encore bouger pendant une bonne heure sur une techno minimale puissante, mêlée de relents d'ambient, quand ce n'est pas de shoegazing. Après un début très bruitiste et flanqué d'une capuche façon magicien noir, le bonhomme va mettre très en avant ses beats pour se lancer dans un set passionnant, toujours partagé entre paysages épurés sur mélodies glacées, voyages épiques, et expérimentations parfois difficiles à appréhender (mais je ne suis pas du tout familier du genre, d'où ma possible incapacité à tout intégrer). Globalement quand même, Hendrik Weber (de son vrai nom) crée une atmosphère réellement prenante, où un romantisme diffus et subtil pousse à danser les yeux fermés, à se laisser glisser entre les champs de possibilités ouverts par chaque nouveau rythme, étouffants ou exaltants, souvent entrelacés. Des applaudissements très chalereux marqueront des remerciements sincères, pour cette rencontre enfin matérialisée. C'est très fatigués mais particulièrement heureux que nous quittons donc les lieux vers 2h30 (rester pour Acid Washed qui concluait jusqu'au matin étant problématique pour diverses raisons). Et si les horizons explorés lors de ces deux jours restent encore troubles pour moi, ce fut indéniablement l'occasion, en plus de satisfaire un peu de ma curiosité, de passer de superbes moments.

jeudi 21 octobre 2010

Live report #2 : Midnight Juggernauts + Anoraak @ Le Bikini

Concert décidé au dernier moment ce Mercredi 20 Octobre, puisqu'un camarade m'a lancé l'idée d'aller au Bikini plutôt tardivement. J'avais pas du tout noté les Midnight Juggernauts sur mon agenda, et pour cause, je ne les connais que de nom. Mais face à la pénurie de concerts que connait la région toulousaine (oui, en plus de l'essence), et n'ayant toujours rien vu de scénique depuis la rentrée, je me suis laissé convaincre par le prix plutôt modique, en me disant que bon, après tout, allez savoir. Faut bien patienter jusqu'à la venue du Teenage Fanclub en Novembre ... Fatalement, je n'ai eu le temps d'écouter, 30 minutes avant de partir, qu'un single des Midnight Juggernauts (Shadows, sur leur premier album), et que 3 chansons d'Anoraak, qui ouvraient la soirée. D'où un Live Report à l'arrache.


L'arrivée se fait en retard au point de manquer la "première première partie" qui était assurée par The Red Lips, groupe d'indie-rock toulousain actif depuis suffisamment de temps pour que je les aie déjà vus 3 fois (quand je ne les croise pas à ma fac). Qu'importe, le temps d'aller chercher une bière, et l'on s'avance pour Anoraak. Halte à la tromperie, il ne s'agit pas du tout d'un groupe d'anorak-pop ! Ce qui n'empêche pas le projet de Frédéric Rivière (Carcassonnais de naissance, c'est à noter) d'avoir un intérêt certain : accompagné d'un batteur et d'un bassiste, il délivre une electro-pop synthétique très 80's (beaucoup de claviers, samplés ou non), quelque part entre New Order 84' et GTA Vice City (on a les références qu'on peut), à consommer par une nuit d'été sur l'autoroute. Si l'on peut reprocher des lignes de chant limitées, et des paroles pour le moins futiles, force est de constater que le trio impressionnait dans des passages instrumentaux de haute volée mélodique. Le bilan (outre les solos de voix au vocoder, qui ont forcé l'admiration de mon camarade, il est vrai spécialiste des solos de guitares bruités à la bouche), c'est une grosse demi-heure passée à danser (le batteur, au jeu précis et épuré, faisant des merveilles) et à se régaler de synthés kitsh mais touchants, ou d'arpèges étoilés. Belle surprise donc.


Le second acte est donc assuré par les Midnight Juggernauts, trio australien auteur de ce qu'on pourrait décrire comme une electro-rock rugueux, dansant et psychédélique. Claviers omniprésents, basse souvent ravageuse et voix à l'importance plutôt limitée, pour situer. Côté négatif, je note un batteur au look génial, mais qui est à mon sens beaucoup trop mis en avant (déjà qu'il a un jeu que je qualifierais "d'excessif", lui confier autant de solos me rend pas spécialement heureux, mais je suis un amateur de boite à rythmes, donc ce n'est que mon avis). Aussi, certaines chansons, trop foutraques, manquent de lignes mélodiques claires. Enfin, le son trop fort, mais bon, je devais être fatigué. Malgré ça, de très bons moments également, comme sur Shadows (à la ligne de basse terrible) ou Into The Galaxy (les singles, pour faire simple). Malheureusement, les transports en commun étant un passage obligé, nous raterons la fin du set en partant aux environs de la 50ème minute de celui-ci. Rien de dramatique vous l'aurez compris, même si je retiendrai de cette soirée en forme de mise en jambes qu'à défaut d'avoir déclenché les passions, elle constitua un agréable moment.

mercredi 14 juillet 2010

Live report #1 : Julian Casablancas + Girls @ Le Bikini

Double affiche de folie hier soir à Toulouse, puisque venaient en pays du cassoulet à la fois Julian Casablancas (songwriter et chanteur magique au sein de The Strokes, en pleine escapade solo), et Girls (sensation pop lo-fi du moment). Temps lourd (chaleur moite), son de qualité (raaah, le Bikini), et salle pleine à quelque chose comme 90%.

Après une longue attente devant la salle (depuis quand, au Bikini, on laisse rentrer les gens qu'à 21h alors qu'il y a écrit 20h30 sur le billet ?), je me poste tranquillement en plein milieu pour apprécier la première partie assurée par Girls, quatuor venu tout droit de San Francisco. Manque de pot, les gens (en particulier les trois mecs devant moi qui vont passer leur temps à discuter) ont majoritairement l'air de pas connaitre, ni de savoir que la bande de Christopher Owens (dont c'était semble-t-il l'anniversaire, et qui a coupé ses cheveux, et ça lui va pas si mal que ça) est peut-être le groupe le plus exaltant du moment (fort heureusement, la salle a applaudi assez généreusement). Nous voila donc embarqués dans une demi-heure résolument tubesque et jouissive. Les choses commencent par une face-b (bon, j'annonce tout de suite que je suis nul au jeu de la reconstitution des setlists), suivie de Laura (=>), singe extrait du génial Album (dont je parlerai bientôt si j'ai le temps). Un début en douceur donc, et la montée se fait lentement, avec deux "nouvelles", Substance (=>) d'abord, Heart Breaker ensuite. Le groupe tient la route, en particulier le second guitariste, moche comme tout mais très bon. Surtout, le talent dans l'art de la composition est indéniable, chaque chanson semble écorchée vive, prête à mettre les coeurs en miettes. Sur scène, cette force est décuplée par la timidité de Christopher Owens, plié sur sa guitare, leader malgré lui, mais aussi par un son lo-fi très légèrement crade, juste ce qu'il faut pour mettre en valeur des sentiments exacerbés. Un grand vent de sincérité souffle. Et en parlant de souffle, la fin du set amène vers l'explosion que je n'osais imaginer : à la suite d'une Lust For Life entrainante, la tremblante Hellhole Ratrace (=>) se mue dans son final en tornade shoegaze, bruit blanc en avant et toutes voiles dehors, pour déboucher sans transition sur la tuerie Morning Light (=>), qui emporte tout sur son passage. De quoi nous laisser de magnifiques souvenirs (et une envie régénérée de replonger dans leur disque), les meilleures choses ayant une fin, qui vient en l'occurence bien trop tôt, tant Girls auraient mérité de bénéficier d'un set de durée normale. Ce sera pour une autre fois, bientôt je l'espère.



Que pouvais-je attendre de Julian Casablancas hier soir ? Je dois bien avouer que je ne savais pas trop, dans la mesure où je n'avais pas écouté une seule fois son album solo (je devais avoir en tête disons 3 chansons, qui sont Left & Right In The Dark, Out Of The Blue et 11th Dimension), principalement pour cause de production pas vraiment à mon goût (abus de claviers, qui ont tendance à dégouliner un peu trop). Mais d'un autre côté, autant avouer que j'ai, comme pas mal de gens de mon âge, largement usé les deux premiers albums de The Strokes (un peu moins le troisième), et qu'à ce titre, Julian reste quelqu'un de culte, le genre de personne qui me transformerait presque en groupie. Presque, parce qu'il faut bien avouer que ma "groupitude" demeurait hier soir largement inférieure à celle des bataillons de gamines de 15 à 19 ans qui peuplaient majoritairement la salle. Bref, le Jules ouvre (de mémoire) sur 11th Dimension (=>) plutôt dansante, et c'est l'occasion de se remémorer les talents du bonhomme, surtout la chose qui finalement restera comme la plus marquante de ma soirée : Julian est un putain de mélodiste. Les compositions sont parfois un peu compliquées à appréhender, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a des mélodies partout, et des mélodies magnifiques, attention. Bref, l'occasion de mettre le feu à l'assistance n'est pas manquée par Hard To Explain (=>), première bombe Strokesienne envoyée à nos jambes, puisque tout le monde saute partout. La suite suit un peu ce schéma inaugural, enchainant chansons du projet solo, et génialeries plus anciennes. Je retiendrai à ce petit jeu Out Of The Blue (=>) et I Wish It Was Christmas Today (=>), particulièrement sympathiques, mais également Automatic Stop (=>) et Electricityscape (=>) (pourtant pas forcément ma came d'habitude pour cette dernière), qui sont un bonheur à réentendre. Julian apparait plutôt à l'aise (même si c'est à lui de faire toute l'animation scénique), raconte quelques conneries entre les morceaux ("I feel like Woody Allen"), souvent en français (le garçon a parait-il quelques notions, bien plus qu'il ne le laisse croire d'ailleurs). Niveau look, il est pas dans sa période la plus classe, loin de là, il a pas eu l'air aussi paumé depuis la tournée post-Room On Fire, cette mèche blonde sur le côté est odieuse, sa veste rouge d'un goût douteux (mais bon, tout ceci relève du détail, j'allais pas à un défilé de mode). Côté voix, c'est saturé d'effets, on le sent bien, mais il s'en sort de manière plutôt agile, et puis autant dire que j'adore sa voix, de toute façon. Pour ce qui est du groupe avec lui, ça joue à peu près carré (mouais), les guitares sont bien plus présentes que sur son album (ce que je considère comme un point très positif), mais par contre je crois pas qu'ils aient besoin d'être aussi nombreux (surtout si c'est pour surcharger le tout en faisant de la merde), ça sent fort les emplois fictifs cette affaire. Bref, fin de set (je crois) sur Left & Right In The Dark (=>) ("Oh wake up wake up, oh wake up wake up ..."). Rappel tout de même, avec une chanson (assez calme) que je ne connaissais pas, et puis surtout le moment de pétage de plombs de la soirée sur The Modern Age, ma chanson préférée de The Strokes, où Julian livre d'ailleurs une performance vocale de premier ordre (la voix qui monte sur "Do it just to please me", woaw). L'orgasme est atteint, j'ai gagné le droit d'aller me coucher (mais la prochaine fois, j'exige The Strokes, les vrais et en entier).

 
 
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