jeudi 8 septembre 2011
Live report #11 : Jeremy Jay + Rubycube @ Le Saint des Seins
mardi 12 juillet 2011
Live report #10 : Pop & Merguez @ Saint-Jean-Ligoure
Après donc une après-midi et un début de soirée consacrés aux discussions, aux repas, et à l'entame de l'apéritif, ce sont les anglais de Peru (=>) qui ouvrent la soirée. Ce groupe est un vieux projet mené par le gentil et souriant Brian Price, qui avait écrit et enregistré tout un tas de chansons entre 1992 et 1996 (aujourd'hui compilées sur Across Blue Skies, chez Jigsaw Records), et qui reprend aujourd'hui du service (un EP est paru ce lundi), en empruntant quelques membres de The Kick Inside pour l'aider sur scène. Au menu, des pop-songs jangly comme il faut, et cette impression que le temps défile autrement, qu'on est retombés quelque part au début des années 1990. Anciennes et nouvelles compositions se succèdent dans une belle osmose, et dans un doux balancement porté par une guitare électrique alerte, et la voix timide de Brian Price. La superbe Clueless (=>) terminera ce set qui aura eu le mérite de bien nous mettre dans le bain : ici, l'indie-pop est reine, et il ne peut pleuvoir que des mélodies!
Venaient ensuite The Lost Homeboys (=>), débarqués de Goteborg. Cinq garçons qui jouent une musique retraçant la timidité et les images désabusées de Sarah Records. Souvent agrémentées d'un discret glockenspiel, ou d'un clavier épuisé, leurs chansons viennent immédiatement frapper en plein coeur, secouer les sentiments par leur douce mélancolie. Difficile donc de ne pas être touché par les saveurs nocturnes et nordiques propagées par leur son, superbement enrichi par la guitare acoustique à douze cordes du chanteur Gustaf Murman. On pense à tous ces groupes, de The Sweetest Ache à Brighter, qui naviguent dans une gêne et une indécision impressionnistes, préférant peindre leurs mélodies par petites touches, qui reliées donnent vie à de beaux tableaux. Et pas question de reprocher un manque de rythme : ces chansons se savourent avec délicatesse.
L'instant norvégien à suivre est surtout un instant twee, puisque c'est le trio de Bergen Soda Fountain Rag (=>) qui prend possession de la scène. La configuration est originale, puisque le très jolie Ragnhild joue de la batterie debout tout en chantant, quand elle ne prend pas quelque secondes pour user d'un mélodica. Les chansons sont fraîches, décomplexées, sautillantes, bref, il n'en faut pas plus pour que la salle entame des pas de danse convaincus et frétillants. D'autant que le groupe est en terrain conquis, puisque c'est Anorak Records qui avait édité en 2006 leur premier EP, Qui a besoin d'une voiture ?. Au bonheur de déguster ces hits de poche (Are Philosophers Lonely ? (=>), Go Bus Baby Go (=>) avec son synthé cheap mais ravageur, et puis toutes celles que je connaissais pas mais qui m'ont embarqué sans problème dans leur douce folie), s'ajoute donc pour beaucoup une petite valeur sentimentale, qui va rendre leur set résolument plaisant. On ne compte donc plus les sourires côté spectateurs, ni d'ailleurs les ballons de baudruche et les bulles de savon qui parcourent la salle, plongée dans une ambiance sucrée et enfantine. Une salle qui n'hésitera pas à réclamer et obtenir le premier rappel de la soirée.
Et on enchaîne dans l'énergie réjouissante avec les très sympathiques The Wendy Darlings (=>), nationaux de ce popfest puisqu'ils avaient fait le route depuis Clermont-Ferrand. La formation, à l'origine constituée en trio, accueillait deux membres de plus chargés respectivement des choeurs et d'une seconde guitare, donnant à leur son une épaisseur supplémentaire sans le moins du monde amputer cette dynamique foutraque qui les caractérise. Il faut dire que le groupe joue une musique rutilante, à la croisée des chemins entre indie-pop (pour l'aisance mélodique), garage (pour le punch et la vigueur), et le punk (pour la simplicité et l'efficacité). Largement de quoi retourner littéralement une salle qui saute dans tous les sens, au son de compositions jouissives (Enormous Pop (=>), grand moment de craquage). Le plaisir semble être partagé par les cinq, qui bougent bien sur scène, rendant immédiatement communicative leur bonne humeur. Après une reprise de The Pastels pour conclure, ils sont fort logiquement conviés à effectuer un rappel mené tambour battant. Ces gens sont tellement forts qu'ils ne devraient pas avoir beaucoup de mal à convaincre le public britannique à l'indietracks, fin Juillet.
Puis c'est au tour de The Kick Inside (=>) (from Bristol, patrie d'un label indie-pop bien connu ...) d'entrer en scène, certains membres pour la seconde fois de la soirée. La principale attraction du groupe est la présence de Thomas, guitariste surdoué dont le jeu rappelle inévitablement Johnny Marr, dans cette capacité qu'avait le mélodiste de The Smiths d'enchaîner des arpèges à une vitesse vertigineuse, et des accords dont il avait seul le secret. C'est Don't Take This To Heart qui ouvre le set de façon réellement accrocheuse, mais en pointant aussi, à mon sens, la limite du groupe, qui réside dans le chanteur Sean, qui peine un peu à donner aux chansons la dimension qu'elles mériteraient. Reste tout-de-même qu'on passe un super moment à remuer, et surtout, qu'un concert comme celui-là donne une furieuse envie de jouer de la guitare! Et rien que pour ça ...
Pour finir, ce sont les cinq écossais de Wake The President (=>) qui sont attendus. Sans entrer dans les détails, je ne vous cache pas qu'ils se sont montrés parfois un peu ingérables, que ce soit en arrivant très en retard (ce qui les privera d'un soundcheck), ou en se bourrant la gueule magistralement toute la soirée. C'est d'ailleurs sur un "We are Wake The President, we are drunk" que le set est lancé par le chanteur Erik Sandberg. Un set tendu et urgent, réduit au minimum, où la communication avec le public va s'avérer un peu difficile (le contraste étant d'autant plus marqué qu'on s'est sentis très proches des autres groupes toute la journée et la soirée). Et c'est un peu dommage que l'ingrédient affectif manque, car ces gamins traînent des chanson absolument incroyables, perdues entre Orange Juice et le mouvement C86, mélodies d'un classicisme fou mises en avant, qu'elles soient issues de leur nouvel album, ou du précédent, comme en atteste leur intouchable single Miss Tierney (=>), qui fermera avec succès leur prestation.
La suite de la soirée appartient indéniablement à l'histoire, tant le duo Joanny/Rosa aura animé avec brio les platines de la salle (enfin, sur un Mac, d'abord via la sono officielle, puis grâce à un ampli guitare de fortune, mais rien ne pouvait nous arrêter) jusqu'au bout de la nuit. Les popkids que nous sommes (car même les un peu moins jeunes sont des popkids dans leur tête!) auront été gâtés par ce combo-DJ capable de choix pointus, mais aussi d'accompagner d'improbables délires (les FriendsOfPop en slip, le ping-pong improvisé, nos ridicules façons de danser ...), de Crush The Flowers à Age Of Consent, de Take On Me à Sensitive, de Young Adult Friction à Vamos A La Playa (?!), de La Revolition Sexual à Rain Of Crystal Spires. Alors qu'importe les heures de train, qu'importe les taux d'alcoolémie, qu'importe la fatigue du lendemain, car ce 9 Juillet était tout simplement magique.
PS : photos empruntées à Fanou aka Skittle Alley, et à Richard Hargrave. Merci à eux!
vendredi 24 juin 2011
Live report #9 : The Pains Of Being Pure At Heart + Drownsoda @ La Fourmi - Limoges
mardi 14 juin 2011
Live report #8 : Crystal Stilts + Les Soldes @ Le Cri de la Mouette
vendredi 27 mai 2011
Live report #7 : Pulp @ Le Bikini
Pulp, oui, Pulp. On peine à y croire, mais ils étaient là, ce 25 Mai 2011, jour de la fin de mes partiels, pour jouer au Bikini. Un évènement déjà cocasse et improbable s'il n'avait été rendu encore plus irréel par le tourneur du groupe qui a refusé à la salle toulousaine toute promotion du concert. Il faut dire que la reformation la plus attendue de l'année est à l'affiche dans les plus grands festivals européens, dont le Primavera Sound le 27 Mai, qui tenait à préserver autant que possible le caractère exclusif de ce retour sur scène après 9 ans de hiatus. Bref, nous étions donc conviés en quelque sorte à un secret-gig dépourvu de première partie, dernier entraînement du groupe, presque grandeur nature, car contrairement à toutes les scènes gigantesques qu'il occupera cet été, la salle est ce soir à taille humaine, ce qui ajoute au plaisir immense de retrouver Jarvis Cocker la joie d'en profiter dans des conditions très spéciales. Arrivés (avec mon habituel camarade Sonic le hérisson) vers 21h sans se presser, nous passons la porte à l'instant même où retentit la musique d'introduction du groupe. Nous gagnons alors le 5 ou 6ème rang, bien décalés sur la gauche.
mardi 5 avril 2011
Live report #6 : Crocodiles + Ewes @ Le Saint des Seins
jeudi 10 mars 2011
Live report #5 : Allo Darlin' + Alone With Everybody @ Le Saint des Seins
En raison de mon retard, ne comptez pas trop sur moi pour vous offrir un récapitulatif correct et exhaustif de la prestation du Toulousain Alone With Everybody (=>). Camille, de son prénom, ancien guitariste de The Red Lips, groupe local émergé avec la vague post-punk de la dernière décennie, a pris ses aises en solo, à l'aide de sa guitare, autour d'accords simples mais agencés en de subtiles mélodies, et d'une jolie voix. Sur scène, en tous cas ce soir, en tous cas à partir du moment de son set où je suis arrivé, il est simplement accompagné d'un clavier qui saura se montrer discret, et souligner avec pertinence quelques passages. L'ensemble est souvent de cette tristesse légère, de cette solitude aussi, qui collent difficilement à l'ambiance de ce bar bruyant d'un sud de la France exubérant. La musique d'Alone With Everybody prend sans doute sa pleine mesure dans des environnements plus calmes, mais cet aperçu permet déjà d'observer de belles qualités dans la composition. Le garçon est donc à suivre.
La voie est libre pour accueillir, après quelques minutes passées étonnamment vite, le quatuor Allo Darlin'. La composition est ainsi faite : Michael Collins assure un job appliqué à la batterie, Paul Rains apporte du rêve grâce à sa guitare (et quand il prend sa Rickenbaker, ça en devient splendide), Bill Boting officie à la basse en sautillant avec un sourire inébranlable (détail qui tue, il enlèvera ses Converse dès le troisième morceau, pour passer toute la soirée en chaussettes), et enfin, last but not least, Elizabeth Morris joue de sa féminité, sa tendresse, un peu de sa timidité, et surtout de sa joie de vivre aux commandes d'un ukulélé que j'aurais imaginé moins présent, mais qui finalement sait trouver sa place dans un son juste assez bordélique pour être totalement ravissant. Alors que j'ai gagné le premier rang, le groupe ouvre sur If Loneliness Was Art et ses "shalala" qu'on ne peut s'empêcher de chanter, donnant au passage le ton du concert. La suite de la set-list saura passer en revue les tubes magistraux de leur premier album, tout en laissant une jolie place à quelques nouveaux morceaux (et peut-être à des faces-B qui m'auraient échappé ?). À ce petit jeu, je retiens, en vrac, The Polaroid Song ("A song about taking pictures", nous dit Elizabeth) (entrecoupée d'un pont spécial qui a débordé ma perception), la jouissive Kiss Your Lips, qui ouvre le droit d'exulter, et puis, et puis, je pourrais citer tous les morceaux de l'album joués, vous avez très bien compris que j'ai adoré ... Comment résister au romantisme divin des couplets de Dreaming ? Comment ne pas se laisser emporter par la tempête du refrain marqué par une batterie dingue sur My Heart Is A Drummer ? Même les petites nouvelles sont immédiatement entrainantes (bon présage en vue d'un second album qu'ils enregistreront très bientôt), à l'image de Europe, qui si j'ai bien compris débute par une question existentielle, mais dérive bien vite vers un pur moment de magie. Les premiers rangs bougent sans retenue, s'éclatent et s'amusent, moi le premier, même si le prix des plus beaux pas de danse revient sans nul doute à mon camarade cité plus haut, qui bien qu'absolument pas connaisseur du groupe a semblé trouver le moment tout-à-fait agréable. Il faut dire que pendant tout le set, l'énergie twee est absolument prenante, communicative, toujours dansante, parfois émouvante aussi. Après avoir salué toute la soirée d'applaudissements nourris, le public demande fort logiquement un rappel, obtenu comme il se doit. Alors que des jeunes filles veulent obtenir en échange d'une rose dieu sait quelle faveur du bassiste, je réclame (au risque d'y laisser ma voix) avec un couple de voisins de concert particulièrement sympathiques que soit jouée la géniale Henry Rollins Don't Dance (=>) ... Nous serons entendus en clôture par le groupe pour un dernier très grand moment de bonheur, histoire de ne pas finir sans avoir laissé nos jambes s'épuiser complètement. La suite appartient à l'histoire, puisque j'escroque mon camarade de quelques euros pour acheter le CD du groupe sur leur stand, avant de danser ridiculement sur du Devo et du Kraftwerk (merci le DJ), puis, au moment de partir, d'aller remercier de quelques mots sans doute un peu maladroits (j'ai à l'évidence un déplorable accent quand je parle anglais et que j'ai un peu bu) Elizabeth pour ce concert qui a fait éclater ma jauge de joie de vivre. Et, signe qui ne trompe pas, en écoutant leur album ce matin (c'est-à-dire le lendemain du concert, au moment où j'écris ces lignes), en plus du sourire béat que ces chansons déposent sur mon visage, une pointe fine et délicieuse de nostalgie vient me rappeler qu'hier soir, tout était parfait ... au point de me rendre (ainsi qu'à, je l'espère, la plupart des gens venus au concert) tout simplement heureux.
vendredi 26 novembre 2010
Live Report #4 : Teenage Fanclub @ Théâtre Garonne
Qu'importe donc, nous aurons en tous cas attendu assez longtemps (et sans première partie), pour que vers 21h30 (après qu'un roadie plus tout jeune mais marrant comme tout ait tout accordé) débarquent cinq écossais souriants, devant un public très chaleureux. Et nous voila conquis d'emblée par Start Again qui ouvre le set en dévoilant ce qui sera le thème de la soirée : mélodies parfaites, compositions d'orfèvres, harmonies sublimes ... et les éclairs signés des solos de Raymond McGinley. Ces impressions ne seront à aucun moment démenties par la suite, où vont s'enchainer les petites dernières à retrouver sur l'album Shadows sorti cet été (Sometimes I Don't To Believe In Anything, ou Baby Lee, seront de vrais grands moments), et de glorieuses anciennes comme une Don't Look Back émouvante, ou encore Your Love Is The Place Where I Come From où Norman Blake nous sort son xylophone. Le fait marquant, c'est sans doute cette improbable magie qui permet de naviguer entre les songwritings (et donc les chants) de McGinley, Blake et Love, chacun légèrement différent, mais tous cohérents, et d'un niveau invariablement élevé. Mais on navigue aussi entre les époques et les albums, sans trop y faire attention, tant les chansons n'ont pas vieilli, tant leur écriture pop n'a pas pris de ride. Norman, petit par la taille, cardigan et lunettes sérieuses, est gentil comme tout, drôle comme un gamin, très agréable, et si les autres sont plus discrets et concentrés, la bande dégage pourtant une forme de joie de vivre plaisante. Je serais bien incapable de reconstituer toute la set-list, mais qu'importe, les tubes ne manquaient pas, et ce qu'ils ont joué nous a largement comblé.
La fin de set est marquée par la doublette fatale Sparky's Dream/The Concept. La première est une référence power-pop joussive dont on ne se lasse pas, et sera, comme toutes les compositions de ce bon Gerard Love, particulièrement saluée. La seconde est elle un véritable hymne générationnel qui va provoquer la jubilation de la salle, qui reprend en choeur les "Oh Yeah" avec Norman. Je sais pas pourquoi, ça doit être la mélodie, mais j'ai envie de pleurer de bonheur tellement c'est bon. Je me retiens cependant pour mieux chanter tout ça, et prendre un plaisir fou à savourer l'outro désarmante. Forcément, le rappel est demandé et accordé : il commence de mémoire avec Sweet Days Waiting, romantique au possible, et se termine un peu plus loin avec la quasi-shoegaze Everything Flows, tout premier single du groupe, composition lumineuse comme peu le sont, avec ses guitares affolées et son refrain intemporel, où éclatent les sentiments. Les trentenaires sautent partout comme s'ils avaient 17 ans, tout le monde semble très très heureux d'être là. Le final instrumental est intense, et on aurait aimé qu'il dure des heures, que le toit de la salle s'échappe et nous laisse avec les étoiles. En rentrant chez moi, je repasse par le même pont qu'à l'aller, et je m'y attarde à nouveau. En fait, ce n'était pas simplement trop beau : c'était parfait.
dimanche 14 novembre 2010
Live report #3 : La Petite invite Les Nuits Sonores @ Théâtre Garonne
Jeudi 11 se présentait donc en premier lieu Francesco Tristano, pianiste barcelonais venu en quasi-voisin. Le garçon, au physique rappelant Luke Ridnour dans ses meilleures années à la fac d'Oregon (la parenthèse basket est refermée), parait, mais ça doit être l'instrument qui veut ça, complètement habité sur scène. Faut bien avouer que sa façon de faire nécéssite une concentration certaine dans la mesure où jouer du piano, gérer des samples sur un PC, triturer à la main des pédales d'effets et jouer du synthé, en même temps, n'est pas chose aisée. Son set va longtemps peiner à décoller, la faute à des progressions particulièrement lentes, et à un passage en mode Explosions In The Sky, joli mais qui n'avait rien à faire là. Car quand le jeune homme lâche ses beats et livre des accords lumineux, les mélodies sont accrocheuses, et l'ensemble séduisant. Les premiers pas de danse sont esquissés dans une atmosphère sympathique et colorée (à signaler que les light-shows furent plaisants les deux soirs). Le renversement est donc complet lorsqu'il faut accueillir ensuite le live de la DJ française Chloé. Car la techno de la demoiselle évolue dans des sphères très sombres, où la noirceur prend le pas sur la lumière, et où les mouvements s'inscrivent plus en moiteur qu'en sourires. Malgré l'âpreté mélodique de la chose, très monolithique (mais pourtant en perpétuelle évolution), le public prend possession de ce dancefloor des ténèbres. Les beats glauques et froids parlent avant tout au corps, et relèguent peut-être un peu loin les nappes diaphanes et les passages chantés d'une voix perdue par Chloé elle-même. Mon camarade de concerts (qui connaissait bien mieux son sujet que moi, venu quasi-sans rien connaitre les deux jours, je l'avoue) regrettera la durée trop courte du set, en outre marqué par un pain dommageable. C'est en tous cas sur ces constatations que s'achève la première soirée.
Vendredi 12, pas moins de cinq noms à l'affiche, même si seulement trois d'entre-eux parviendront jusqu'à nos oreilles. En effet, un problème de videur peu compréhensif (ai-je vraiment l'air d'avoir 16 ans ?) nous fait manquer l'ouverture assurée par Dunst. Notre soirée débute donc avec les français de Cercueil, premier et seul groupe à structure "rock" (batterie-synthé-basse) du festival. Ils jouent, devant une salle encore un peu clairsemée, un post-punk froid, bruyant, porté par des samples à mon sens trop présents, et par une batteur bon mais trop fort en volume. La chanteuse a une belle voix (quand on l'entend), est plutôt jolie, mais manque pas mal de charisme, aussi. Leurs chansons sont souvent brouillonnes (dont une, présentée comme nouvelle, sur laquelle ils s'y prendront à deux fois), partent un peu dans tous les sens, et manquent d'une ligne mélodique claire. Bref, à part un dernier morceau enfin engageant, pas la joie. Tout le contraire de la suite, qui nous amène en complets ignorants devant El Guincho, trio catalan amené par Pablo Diaz-Reixa aux synthé et sampler, accompagné d'un bassiste et d'un guitariste. Inspirés et à l'enthousiasme contagieux, les trois garçons vont être la claque de ma soirée. On pourrait décrire leur musique comme un road trip d'Animal Collective entre la feria de Pampelune et les fêtes acidulées de la Costa Brava : en résumé, c'est complètement décomplexé, ça bouge comme pas permis, les mélodies sont génialement ensoleillées, et alcoolisées façon cocktail bien fruité. Une façon de mettre les collages sonores un peu cérébraux chers à Panda Bear au service de l'éclate avant tout. En tout, une grosse heure d'un set tubesque (terminé, en rappel, par une Antillas qui ne finissait jamais ... et tant mieux, parce qu'on en aurait redemandé jusqu'au bout de la nuit !) qui nous aura amené le plein été (transpiration en prime) au mois de Novembre, chose rare s'il en est, et surtout une heure absolument fatale pour toutes les paires de jambes et de fesses mises à contribution au cours de danses frénétiques ininterrompues. Complètement joussif. C'est donc un peu sur les genoux qui nous accueilleront pour terminer notre soirée Pantha Du Prince. Et c'est avec les forces insoupçonnées qu'il nous reste que l'on va encore bouger pendant une bonne heure sur une techno minimale puissante, mêlée de relents d'ambient, quand ce n'est pas de shoegazing. Après un début très bruitiste et flanqué d'une capuche façon magicien noir, le bonhomme va mettre très en avant ses beats pour se lancer dans un set passionnant, toujours partagé entre paysages épurés sur mélodies glacées, voyages épiques, et expérimentations parfois difficiles à appréhender (mais je ne suis pas du tout familier du genre, d'où ma possible incapacité à tout intégrer). Globalement quand même, Hendrik Weber (de son vrai nom) crée une atmosphère réellement prenante, où un romantisme diffus et subtil pousse à danser les yeux fermés, à se laisser glisser entre les champs de possibilités ouverts par chaque nouveau rythme, étouffants ou exaltants, souvent entrelacés. Des applaudissements très chalereux marqueront des remerciements sincères, pour cette rencontre enfin matérialisée. C'est très fatigués mais particulièrement heureux que nous quittons donc les lieux vers 2h30 (rester pour Acid Washed qui concluait jusqu'au matin étant problématique pour diverses raisons). Et si les horizons explorés lors de ces deux jours restent encore troubles pour moi, ce fut indéniablement l'occasion, en plus de satisfaire un peu de ma curiosité, de passer de superbes moments.
jeudi 21 octobre 2010
Live report #2 : Midnight Juggernauts + Anoraak @ Le Bikini
mercredi 14 juillet 2010
Live report #1 : Julian Casablancas + Girls @ Le Bikini
Après une longue attente devant la salle (depuis quand, au Bikini, on laisse rentrer les gens qu'à 21h alors qu'il y a écrit 20h30 sur le billet ?), je me poste tranquillement en plein milieu pour apprécier la première partie assurée par Girls, quatuor venu tout droit de San Francisco. Manque de pot, les gens (en particulier les trois mecs devant moi qui vont passer leur temps à discuter) ont majoritairement l'air de pas connaitre, ni de savoir que la bande de Christopher Owens (dont c'était semble-t-il l'anniversaire, et qui a coupé ses cheveux, et ça lui va pas si mal que ça) est peut-être le groupe le plus exaltant du moment (fort heureusement, la salle a applaudi assez généreusement). Nous voila donc embarqués dans une demi-heure résolument tubesque et jouissive. Les choses commencent par une face-b (bon, j'annonce tout de suite que je suis nul au jeu de la reconstitution des setlists), suivie de Laura (=>), singe extrait du génial Album (dont je parlerai bientôt si j'ai le temps). Un début en douceur donc, et la montée se fait lentement, avec deux "nouvelles", Substance (=>) d'abord, Heart Breaker ensuite. Le groupe tient la route, en particulier le second guitariste, moche comme tout mais très bon. Surtout, le talent dans l'art de la composition est indéniable, chaque chanson semble écorchée vive, prête à mettre les coeurs en miettes. Sur scène, cette force est décuplée par la timidité de Christopher Owens, plié sur sa guitare, leader malgré lui, mais aussi par un son lo-fi très légèrement crade, juste ce qu'il faut pour mettre en valeur des sentiments exacerbés. Un grand vent de sincérité souffle. Et en parlant de souffle, la fin du set amène vers l'explosion que je n'osais imaginer : à la suite d'une Lust For Life entrainante, la tremblante Hellhole Ratrace (=>) se mue dans son final en tornade shoegaze, bruit blanc en avant et toutes voiles dehors, pour déboucher sans transition sur la tuerie Morning Light (=>), qui emporte tout sur son passage. De quoi nous laisser de magnifiques souvenirs (et une envie régénérée de replonger dans leur disque), les meilleures choses ayant une fin, qui vient en l'occurence bien trop tôt, tant Girls auraient mérité de bénéficier d'un set de durée normale. Ce sera pour une autre fois, bientôt je l'espère.
Que pouvais-je attendre de Julian Casablancas hier soir ? Je dois bien avouer que je ne savais pas trop, dans la mesure où je n'avais pas écouté une seule fois son album solo (je devais avoir en tête disons 3 chansons, qui sont Left & Right In The Dark, Out Of The Blue et 11th Dimension), principalement pour cause de production pas vraiment à mon goût (abus de claviers, qui ont tendance à dégouliner un peu trop). Mais d'un autre côté, autant avouer que j'ai, comme pas mal de gens de mon âge, largement usé les deux premiers albums de The Strokes (un peu moins le troisième), et qu'à ce titre, Julian reste quelqu'un de culte, le genre de personne qui me transformerait presque en groupie. Presque, parce qu'il faut bien avouer que ma "groupitude" demeurait hier soir largement inférieure à celle des bataillons de gamines de 15 à 19 ans qui peuplaient majoritairement la salle. Bref, le Jules ouvre (de mémoire) sur 11th Dimension (=>) plutôt dansante, et c'est l'occasion de se remémorer les talents du bonhomme, surtout la chose qui finalement restera comme la plus marquante de ma soirée : Julian est un putain de mélodiste. Les compositions sont parfois un peu compliquées à appréhender, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a des mélodies partout, et des mélodies magnifiques, attention. Bref, l'occasion de mettre le feu à l'assistance n'est pas manquée par Hard To Explain (=>), première bombe Strokesienne envoyée à nos jambes, puisque tout le monde saute partout. La suite suit un peu ce schéma inaugural, enchainant chansons du projet solo, et génialeries plus anciennes. Je retiendrai à ce petit jeu Out Of The Blue (=>) et I Wish It Was Christmas Today (=>), particulièrement sympathiques, mais également Automatic Stop (=>) et Electricityscape (=>) (pourtant pas forcément ma came d'habitude pour cette dernière), qui sont un bonheur à réentendre. Julian apparait plutôt à l'aise (même si c'est à lui de faire toute l'animation scénique), raconte quelques conneries entre les morceaux ("I feel like Woody Allen"), souvent en français (le garçon a parait-il quelques notions, bien plus qu'il ne le laisse croire d'ailleurs). Niveau look, il est pas dans sa période la plus classe, loin de là, il a pas eu l'air aussi paumé depuis la tournée post-Room On Fire, cette mèche blonde sur le côté est odieuse, sa veste rouge d'un goût douteux (mais bon, tout ceci relève du détail, j'allais pas à un défilé de mode). Côté voix, c'est saturé d'effets, on le sent bien, mais il s'en sort de manière plutôt agile, et puis autant dire que j'adore sa voix, de toute façon. Pour ce qui est du groupe avec lui, ça joue à peu près carré (mouais), les guitares sont bien plus présentes que sur son album (ce que je considère comme un point très positif), mais par contre je crois pas qu'ils aient besoin d'être aussi nombreux (surtout si c'est pour surcharger le tout en faisant de la merde), ça sent fort les emplois fictifs cette affaire. Bref, fin de set (je crois) sur Left & Right In The Dark (=>) ("Oh wake up wake up, oh wake up wake up ..."). Rappel tout de même, avec une chanson (assez calme) que je ne connaissais pas, et puis surtout le moment de pétage de plombs de la soirée sur The Modern Age, ma chanson préférée de The Strokes, où Julian livre d'ailleurs une performance vocale de premier ordre (la voix qui monte sur "Do it just to please me", woaw). L'orgasme est atteint, j'ai gagné le droit d'aller me coucher (mais la prochaine fois, j'exige The Strokes, les vrais et en entier).