En ce Lundi de Pentecôte était programmée l'ouverture de mon mois de Juin 2011, qui s'annonce tout simplement dantesque au niveau des concerts. Rendez-vous était pris sur la sympathique péniche du Cri de la Mouette, où les plutôt bien inspirés membres de l'asso FriendsOfPop (=>) faisaient venir les New-Yorkais de Crystal Stilts au beau milieu de leur tournée européenne consacrée à la défense de leur second album In Love With Oblivion (chez Slumberland Records outre-atlantique, et Fortuna Pop! par chez nous). Après une début de soirée consacré à la pétanque (oui oui, pourquoi pas ?), c'est en trio que nous nous rendons le long des allées de Barcelone, un trio par ailleurs original, comprenant en plus de votre serviteur les admirables Naudnaud et "Cocktail" Mallotov. Sans vraiment se presser, nous arrivons alors que Les Soldes, chargés de l'ouverture, ont déjà pris possession de la scène. Les conditions de jeu : foule honorable, chaleur encore supportable.
Les Soldes (=>) donc, nom probablement humouristique pour un groupe qui rassemble des gens qui font dans le commerce. Ce sont en effet des vendeurs de disque du centre-ville toulousains qui se sont rassemblés dans cette formation rutilante, qui mettrait en larmes n'importe quel commissaire européen vaguement soucieux des questions de concurrence libre et non-faussée. Le trio guitare-claviers-batterie martèle sans relâche un garage-rock bien noise, et surtout marqué par sa sauvagerie totale. C'est forcément brut, salement bruyant (en particulier la guitare, mais après tout, j'ai acheté Loveless à la personne qui en joue, donc j'étais prévenu). Les compositions sont de nature plutôt classique (ce qui constitue une forme de garantie), et l'une d'elles, basée sur la batterie éternelle de Be My Baby, sort même du lot. Tout ceci est dangereux pour l'ouïe, mais pas mal pensé.
Après une petite vingtaine de minutes passée bière en main, nous nous avançons à la rencontre des Crystal Stilts. Je concède tout de suite mon erreur : je n'ai pas encore, à cet instant là, écouté leur nouvel album, et je serai donc assez clairement perdu pendant une grande partie du set. Reste que les derniers morceaux sont à l'image des précédents : les beats sont minimalistes et entraînants, la basse navigue façon missile à tête chercheuse pour dégager ses mélodies sombres et rugueuses, la guitare est triturée, le clavier soigne le paysage. Encore et toujours, le chant de Brad Hargett est hanté par les fantômes post-punk, bouffé par la reverb, et savamment mis en léger retrait. C'est le claviériste Kyle Forester qui se charge de la communication avec le public en répondant aux blagues qui fusent entre les morceaux (le thème de la soirée sera l'impossibilité de distinguer le batteur, posté dans un recoin mal éclairé de la minuscule scène). Je signale, à y être, que le guitariste JB Townsend est armé d'une Phantom Vox noire du plus bel effet, et que son jeu est acéré, délicieusement tranchant, soulignant à merveille cette atomsphère pop mais crade que dégage le groupe. Bref, toujours est-il que je réserve mon enthousiasme pour les apparitions de vieilleries : je remarque avec bonheur The Dazzled (=>), qui émerge dans un halo de noirceur. Surtout, je fonds mon plomb habituel à l'instant où je reconnais l'hymne noisy-surf Love Is A Wave, puisque je bouscule tous ceux qui me séparent de la proximité avec la scène, afin d'esquisser quelques pas de danse frénétiques. Me voila rassasié, et je reviens au calme d'une position plus reculée pour profiter de la fin du set et du vrai-faux rappel (au Cri de la Mouette, c'est petit au point que le groupe est obligé de fendre la foule pour fuir, donc plutôt qu'un rappel, disons qu'on empêche le groupe de partir quand il a fini). En définitive, la soirée, sans atteindre des sommets d'éclat (Crystal Stilts ne sont sans doute pas le groupe le plus brillant du moment, mais demeurent de fort solides outsiders), s'est avérée bien agréable. Et c'est déjà pas si mal!
1 commentaires:
Ici c'est bien chouette !
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