Je dois l'avouer tout de suite, je manque d'éléments biographiques pour évoquer le cas des Londoniens de Still Corners. Discrets sur la question de leurs individualités (Tessa Murray au chant, Leon Dufficy à la guitare, Greg Hughes au songwriting, c'est tout ce que j'ai pu trouver), les cinq membres du groupe s'activent depuis 2008 à faire vivre une musique qui semble venue d'un autre temps. Si leur première sortie (l'EP Remember Pepper, en Juin 2008) n'avait pas permis de les extirper de l'anonymat, ils éclatent à la face du monde l'été dernier avec la chanson Endless Summer, sortie digitale absolument monumentale, puis capitalisent aussi tôt sur 7' avec le double face-A Don't Fall In Love/Wish, hébergé par The Great Pop Supplement (obscur label s'il en est, qui a tout de même sorti ces derniers mois un single de Dean & Britta, ou des inédits de Spacemen 3, entre autres choses). Une occasion donc de les observer, au moment même où ils font l'actualité, leur signature en Mars chez Sub Pop étant le gage d'un avenir radieux.
Sur la première face-A, Dont Fall In Love (=>), l'atmosphère se pose dès la première seconde, mais avec une délicatesse certaine. Guitare légèrement écorchée (Sune Rose Wagner, es-tu là ?), basse reprenant à son compte la mélodie divaguante, choeurs évaporés, batterie rudimentaire : on respire d'emblée, et avec plaisir, l'influence 60's, évidente et diffuse, dans un flottement sensuel au goût de laisser-aller diabolique. Puis, le coup fatal est porté par cette voix d'ange fatigué, au souffle majestueux, perdue dans une brume de reverb, comme si Phil Spector avait croisé Rachel Goswell pour donner à ses productions le goût des illusions dream-pop. La composition s'étend ici avec une classe presque insolente, entre ce refrain qui s'envole puis s'évanouit dans un soupir, et ces éclairs de guitare suspendus. Un moment délicieux donc, et troublant de singularité.
L'autre face-A, Wish, choisit des contrées plus éthérées autour d'une guitare acoustique jouée d'un finger-picking doux comme une brise d'été. Les minuscules touches de guitare électrique, ou de piano, dévoilent un impressionnisme lumineux, mais c'est avant tout la voix de Tessa Murray, murmure et caresses mêlés, qui construit une mélodie à l'indicible pureté, surtout quand monte le refrain, porté par des mots envoûtants de simplicité ("I had dreams I can't remember, and you've had them too ..."), prononcés avec une tendre lenteur. On hésite sans doute encore un peu sur les sentiments à éprouver, tant la mélancolie est baignée de soleil, tant le moment est sublime, mais comme toujours, trop court. Pourtant, tout est dit dans ces 103 secondes contemplatives, à vivre comme un songe parfait, une respiration idéale. Des rêves comme celui-là, on aimerait en faire beaucoup, et ne jamais les oublier ...
dimanche 17 avril 2011
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