Levons d'emblée toute ambiguïté : oui, Northern Portrait ressemblent énormément à The Smiths. Oui, la voix de Stefan Larsen évoque Morrissey. Oui, ces guitares respirent l'influence de Johnny Marr. Oui mais voila, usez du mot "copieurs" si ça vous chante, je n'en ai rien à faire. Car j'aime Northern Portrait, ce quatuor venu du Danemark, décidé à épouser la cause de "pop-songs sophistiquées" (c'est ainsi qu'ils les définissent eux-mêmes, et ils n'ont pas tort). Actif depuis l'été 2007 sous l'impulsion de son chanteur, le groupe a très rapidement (seules quelques demos postées sur myspace furent nécessaires) attiré l'attention du vénérable label américain Matinée Recordings, sur lequel ils ont sorti toutes leurs références. La plus marquante reste à mes yeux leur second EP, Napoleon Sweetheart, sorti en Septembre 2008.
L'EP s'ouvre sur I Give You Two Seconds To Entertain Me, titre à l'ironie mordante. On y tombe sur de la pure jangle-pop, entre des accords acoustiques soyeux, et des arpèges électriques délicats. Le rythme est plutôt enjoué, et Stefan Larsen commence, avec sa voix en plein survol, à évoquer une fille aussi jolie qu'insupportable. La sophistication évoquée plus haut touche en particulier la structure du morceau, très éloignée du couplet/refrain, mais pourtant fondamentalement pop dans l'agencement de mélodies empreintes de classicisme. C'est entraînant, malin, et pour tout dire, joussif. Sporting A Scar (=>) opère également dans le raffinement, avec, encore et toujours, des arpèges absolument lumineux. Cette composition en mid-tempo dévoile une mélodie vocale irradiée de nostalgie, et des paroles épuisées (finir une chanson par un "Let me disappear" ...). C'est d'ailleurs cette voix qui s'envole dans un final désarmant.
Suit In An Empty Hotel (=>), qui renoue avec un balancement agréable. La mélodie est encore une fois déconcertante de facilité, et se joue merveilleusement à plusieurs reprises d'une rupture subtile dans un break mené par une basse voluptueuse. L'impatience semble émerger de cette chambre d'hôtel qui s'apparente à un vrai nulle part, pas forcément déprimant pour autant (Weekend flies/Killing time with a smile/We will stay 'till we die."). Mais c'est encore la conclusion qui impressionne, les yeux fermés par l'évidence. Il est temps pour l'épique Our Lambrusco Days (=>) de fermer la marche, avec lenteur mais flamboyance. On y parle d'hier, du temps qui s'échappe, de ce qui change et de ce qui reste. Le morceau s'élève petit à petit, alors même que les guitares figurent un coucher de soleil aussi beau qu'émouvant. La voix de Stefan Larsen est brillante, les sentiments sont purs et majestueux. Puis ce "I wish myself back to those days" signifie beaucoup : certains frissons du passé méritent sans doute de renaître.
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