vendredi 13 mai 2011

Un single #21 : Galaxie 500 - Tugboat [1988]

Dean Wareham est reparti l'hiver dernier en tournée pour rejouer du Galaxie 500, 20 ans après la séparation du groupe. 20 ans donc que Damon Krukowski et Naomi Yang ont pris leurs distances. 20 ans aussi que Dean vogue de projet en projet (Luna, Dean & Britta). Surtout, 20 ans que ces guitares et ces chansons habitent nos rêves. Car les trois albums du groupe (Today en 1988, On Fire en 1989, This Is Our Music en 1990) sont constitués d'une dream-pop éclatante, celle qui étreint les nuits, ferme les yeux pour mieux ressentir, et souffle sa douceur sur nos nuques. Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, une oreille distraite par la légèreté printanière méritait bien de se poser sur le tout premier single du trio, Tugboat, sorti chez Aurora Records en 1988.


Tugboat, donc, laisse opérer sa magie sur la face-A. Il ne faut pas plus de deux accords à cette guitare pour mener l'ensemble du morceau dans une mélodie à la pureté fatale. Oui, il y a aussi cette lead qui s'embarque dans un solo posé comme une caresse. Mais franchement, ces deux accords inlassablement répétés, semblent tout emporter, respirer sans arrêt pour définir la sensualité. Alors Dean, plongé dans la reverb, balance, presque insolent, quelques mots qui paraissent ne pas revêtir grand sens ("I don't wanna stay at your party/I don't wanna talk with your friends/I don't wanna vote for your president/I just want to be your tugboat captain") ... avant pourtant que ne vienne se greffer un décollage probablement sexuel ("It's the place I'd like to be/The place I'd like to see/The place I'd be happy"). Plus rien ne s'opposera ensuite au désir brûlant qui gagne une montée ultime, orgasme musical où se consume une passion ardente, où se perd tout contrôle dans un délicieux vertige. Tout se termine enfin dans la plus grande délicatesse, et sans doute aussi dans un regard amoureux ...

Suit sur la face-B l'improbable King Of Spain (=>). Là encore, le minimalisme mélodique s'assume parfaitement, tout comme Dean Wareham, qui porte un regard altier, juste dans les limites du méprisant, tout en majesté, de sa voix un peu nasillarde. Pourtant, sur le refrain, ce petit "I'll never cry again" trahit de la fragilité, tant il est lancé avec plus d'espoir que de certitude. Le roi d'Espagne vacille donc, et dévoile encore un peu plus de sa fébrilité dans un final au mid-tempo mordant, soutenu par une basse toujours bien en chair, et une batterie feutrée mais enfin dynamique. Et la guitare de s'emporter, un peu désemparée, dans un final crépusculaire à la lumière bleutée. La contemplation s'impose alors, et avec elle, ce constat : les étoiles de cette galaxie sont tout simplement magnifiques ...

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