L'ouverture est confiée à Imagine Hearts, promue au rang de single à l'automne 2010, craquage bruitiste, batterie en hésitation permanente, ligne de basse irréelle, et plaques de guitares tourbillonantes, donc instables. Sur cette base, une mélodie acidulée et éclatante rencontre la voix d'ange de la bassiste Alex Gehring, presque cynique de détachement. Si vous ne savez plus où vous êtes, ne cherchez plus, vous adhérez à la substance. On trouve à côté la massive Do It Everytime, beaucoup plus près du texte, fuzz classique et dégénérée, qui court comme un poulet sans tête vers un solo hors de contrôle, à peine perturbée par un chant partagé entre garçon et fille. On se sent cependant légèrement trahis, le niveau de la composition étant loin d'égaler les massacres perpétrés sur leur EP inaugural, empli jusqu'à l'excès de mélodies inoubliables. Une impression qui, malheureusement, se confirmera au cours d'une deuxième partie d'album solide sur la forme, mais manquant de génie.
Heureusement, d'ici là, on trouve quelques folies réjouissantes, telle le single So High, sorti il y a deux semaines en soutien de l'album. Un guitare acoustique y fait office de leurre, avant que forcément, tout explose devant nos yeux ébahis. Et c'est parti pour un brûlot d'à peine deux minutes totalement décomplexées (et hyper référencées) où les voix se répondent avec malice et délice sur une mélodie facile et sautillante. Des aplats guitaristiques emportent parfois le tout, mais n'empêchent pas le rythme éffréné de sévir, vers un refrain de joyeux drogués qui n'en ont, de toute façon, plus rien à foutre. Difficile de faire plus immédiat. C'est dans la foulée que se joue le très bon passage de l'album, avec d'abord Two Girls (=>), souffle enveloppant soutenu par une batterie martiale, et découpé par un interlude acoustique. Alex Gehring y chante de ce soupir tellement shoegaze, et surtout tellement sensuel, sur une ligne mélodique dont l'évidence évoque la caresse. Suit Kaleidoscope (=>), basée sur une rythmique défaitiste très Mary Chain, sur laquelle Elliott Frazier livre d'ailleurs une belle référence à Jim Reid au milieu d'un sombre vacarme. Preuve aussi que le groupe peut se permettre un registre à peine plus touchant, car on ressent bien ici que la sensibilité peut avoir sa place.
On pourra saluer aussi Day Dreamy (=>), basée sur une boucle d'effets moite, digne de Loveless, suggérant ces jours d'été à la chaleur étouffante. La voix d'Elliott murmure avec délicatesse, et les choeurs d'Alex relèvent de la divinité absolue, rêveurs et quasi-sexuels. C'est ensuite que les choses vont devenir un peu moins réjouissantes, le groupe sombrant quelque peu dans la facilité, avec des chansons sans grande personnalité. Rien d'inécoutable ou de spécialement gênant, mais rien non plus de véritablement marquant. Une fin de disque en demi-teinte, entre Chloe, presque réussie (et puis reprendre le gimmick de batterie de Only Shallow, sur le principe...), quelques lourdeur, ou Other Things et ses sympathiques adieux en mid-tempo. De quoi laisser un goût d'inachevé. Ringo Deathstarr avaient sans doute de quoi sortir un nouvel EP dément, voire un très bon mini-album en gardant 8 chansons pour les glisser sur un 10' (façon indie-pop des 90's), mais l'exercice longue durée ressemble bel et bien à une marche un peu trop haute. Mais si le trio parvient à préserver sa fougue, peut-être méritera-t-il une seconde chance ...
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