Se lancer à parler de St. Christopher, c'est évoquer un des groupes les plus majestueux du mouvement indie-pop. Le groupe de Glenn Melia (seul dénominateur commun, entouré aujourd'hui d'intervenants différents) s'active depuis 1984 (et un premier single chez Bluegrass Records) à faire vivre des perfect pop-songs toujours charmeuses, à la fois fragiles et éclatantes. Entre des passages chez The Bus Stop Label, Slumberland Records ou Elefant (sacré CV, il faut bien l'avouer), le trio formé à York s'arrête surtout chez Sarah Records, de 1989 à 1991, pour publier un album et quatre singles. Le dernier, celui qui met un point final à la relation, c'est ce Say Yes To Everything, référence numéro 46 à Bristol, sortie en Mai 1991. Pas forcément le plus connu d'ailleurs (tant All Of A Tremble, en particulier, reste dans beaucoup de mémoires, et son heure viendra en ce lieu, un jour ou l'autre), mais assurément mon préféré, allez savoir pourquoi.
La chanson titre Say Yes To Everything (=>) se voit logiquement confier la face-A. Ce qui peut surprendre au premier abord, c'est cette batterie, forte et énergique, finalement assez éloignée de ce qu'on a l'habitude de rencontrer chez Sarah Records. La guitare déboule par dessus tout ça en des accords libérés, et envoie un grand coup d'adrénaline, comme si les choses s'échappaient de tout contrôle, comme si l'envie de danser prenait le dessus, irrémédiablement. C'est entraînant (sans forcément être totalement joyeux, l'ambivalence n'étant jamais très loin), et ça respire même carrément l'insouciance quand le premier couplet s’épanche, Glenn Melia osant s'exclamer, alors que sa voix d'une douceur et d'une pureté incroyables, ne semble pas lui permettre d'être aussi aventureux. La mélodie est directe, séduisante et sucrée, et débouche avec une impossible fluidité vers un refrain à la classe infinie, choeur discret, mais envolée exaltée. L'évidence est telle qu'on aimerait que le second refrain ne se termine jamais, ce qu'il a la bonne idée de tenter de faire en ne prenant pas fin trop tôt, étalant sa légèreté sur quelques mesures de plus, nous laissant au passage sautillants, euphoriques, et la tête dans les étoiles.
Sur la face-B, la rencontre est empreinte de plus de mélancolie. It's Snowing On The Moon (=>) s'ouvre par des arpèges furtifs, déposés comme autant de faux départs, qui préfigurent pourtant une mélodie illuminée. De ce commencement, où chacun se met en place avec une facilité déconcertante, se dégage un violon qui apporte une texture rassurante tout autant que déchirante. Puis vient une batterie en mid-tempo passif, une basse qui semble avoir du mal à se retenir de bouger, et la voix de Glenn Melia, parfaite en ce qu'elle souligne des émotions immaculées sans jamais trop en faire. Le refrain, d'une simplicité désarmante, prend toute sa dimension dans sa seconde occurrence, où le groupe joue avec un quasi-silence virginal pour créer un souffle touchant, entre questionnement et vague tristesse, à la manière d'un vent hivernal tacheté de quelques flocons, venu suggérer un chagrin éclatant. Puis, après un dernier "Know by now" dont on jurerait qu'il est suivi de points de suspension, une ligne de basse élastique s'empare d'un final bien vite dissolu dans un fade-out fatalement trop court. Sans doute le signe que les chansons de St. Christopher sont attachantes au point qu'on aimerait ne jamais devoir les quitter.
mercredi 23 février 2011
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