Dans un grand moment de théorisation probablement empreint d'une légère d'ironie, Matt Haynes, co-fondateur (avec Clare Wadd) de Sarah Records aurait expliqué que tout label se devait d'avoir un groupe dont le nom contiendrait un point d'exclamation ... Pour ne pas déroger à cette règle, la structure de Bristol accueille donc dès Février 1990 la formation de Brighton Action Painting!, un quatuor mystérieux à la destinée météorique (trois singles chez Sarah, un chez Damaged Goods, et ce sera tout). L'occasion de découvrir Sarah sous le jour nouveau et intéressant de l'influence punk, dont on sait que l'éthique Do It Yourself a eu une importance fondamentale, mais qui parfois a irradié une part du son de certains groupes, en plus de leur vision de la pop-song immédiate, jouée vite et à l'arrache. Ainsi, ce These Things Happen est introduit par quelques mots malicieux qu'on peut lire au dos de la pochette du 45 tours : "Two pop-songs before our instruments bust, amen!"
Sur la face-A, c'est These Things Happen (=>) qui nous accueille avec une (ou plusieurs ?) guitare acoustique qui carillonne, très C86 en ce qu'elle mêle soleil radieux et douceur matinale. La voix du chanteur ne se pose pas, préférant voler très loin au dessus, évoquant la distance et la hauteur qui caractérisent la présence d'un Robert Smith. La ligne mélodique qui mène au refrain est très intéressante, puisque les guitares dansent et tourbillonnent, hésitent un peu, avant finalement de se lancer, relayées par un synthé qui sonne fatalement cheap (disons que la cold-wave s'est égarée là). Ce refrain sonne, malgré ses paroles ambiguës ("So sad to see the way you turn now I said/I never ever see you cry/I never meant a single word that I said/Lie lie lie"), comme un passage enthousiasmant et entraînant, tant le rythme y est soutenu, tant les guitares virevoltent avec légèreté. Des guitares qui laissent un vide à couper le souffle dans un final où synthé et voix se trouvent seuls, pris de vertige. Un dernier éclair, et c'est terminé ...
Côté face-B, Boy Meets World (=>) démarre sur les mêmes bases : des six cordes brûlantes qui cavalent (on pense à The Wedding Present), sur une batterie qui cette fois fleure bon la rythmique punk qui tabasse, tête baissée et grosse envie d'en découdre. Le chant lui-même est bien moins soigné, plus sauvage et déraillant que sur l'autre face. Mais de toute façon, ces "Wake up, wake up!" et autres "Shake up, shake up!" ne peuvent s'exprimer que sous cette forme, non ? La surprise du morceau, c'est d'entendre distinctement la basse, qui par ailleurs porte à elle seule la mélodie. Toujours est-il que l'ensemble, troussé dans un amateurisme rafraîchissant (le pseudo-solo final vire presque au n'importe quoi), peut mettre du haut de ses moins de deux minutes d'urgence ravagée, un joli bordel au fond des chambres des amoureux de Sarah ...
1 commentaires:
salut du courage
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