jeudi 6 janvier 2011

Un single #15 : Memoryhouse - Caregiver [2010]

2011 pourrait bien être l'année du duo Memoryhouse. Ils l'abordent en tous cas avec le statut de grands espoirs, à l'heure où ils avouent eux-mêmes travailler à leur premier album. Et les raisons d'espérer sont nombreuses. Car les canadiens, d'abord sortis de nulle part grâce aux brestois de Beko, ont fait un véritable sans faute en 2010, au travers d'un EP digital (The Years) fait de chansons envoutantes, mais également par des prestations scèniques d'une singularité troublante. D'où une signature chez Suicide Squeeze pour la sortie en fin d'année et en édition limitée de ce single, Caregiver, tout juste second format physique pour le groupe, enregistré dans leur Ontario d'origine, avec des instrumentations plus étoffées, et qui annonce que le meilleur est sans doute encore à venir.

La première surprise à l'écoute de la face-A Caregiver (=>), c'est l'absence totale des samples qui constituaient jusque là l'essentiel du son du groupe. En lieu et place, on plonge dans un piano à l'incroyable ampleur (très new-wave dans l'esprit, d'ailleurs), et dans la voix de Denise Nouvion, toujours magistrale, satinée d'une légère reverb qui la rend calme, apaisée, sans pourtant ne rien enlever à son intensité. La composition évolue dans une mélodie lunaire, où le mystère se mue en perfection, avant de s'envoler sur un refrain, où, un peu comme sur Loveless, les mots disparaissent pour laisser place à des songes rêveurs, tandis qu'une guitare développe des nappes shoegaze chatoyantes en arrière-plan. Tout est ici dans la sensibilité, dans une forme de retenue qui donne aux choses une simplicité qu'on peut qualifier de simplement belle. Le final, où Denise chante de sublimes "Leaving all the ghosts behind." doublés d'un echo justement très fantomatique, est véritablement désarmant, comme le sont les derniers accords que la guitare glisse, seule avant que l'enregistrement ne se termine.



Et comme on ne peut s'arrêter en si bon chemin, la face-b Heirloom est peut-être encore meilleure. Tout commence par des nappes qui rappellent Windy & Carl, avant que ne s'impose un beat aussi imperturbable qu'irrésistible. L'atmosphère joue sans hésiter dans le shoegazing, avec des arpèges perdus dans une étendue de bruit qui produit une enveloppe douce, écrin parfait pour une Denise qui chante avec détachement. Le refrain, très 80's, est absolument tubesque, à peine remuant, clairement troublant. Mais le moment de grâce survient surtout lors d'un pont ultime, où des synthés, d'une splendide fragilité, se posent et laissent à la basse le soin de guider une mélodie du genre à briser le coeur. Une guitare émerge soundain pour entamer une course épique qui va emporter la chanson vers une fin où l'on se délecte, les yeux mi-clos, de l'évidence mélodique, de l'émotion qui submerge les sensations, les perceptions. Un signe, sans doute, qu'Evan et Denise ont cette capacité, si rare, à marquer les esprits, d'une sublime mélancolie.

2 commentaires:

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Ton article décrit bien le son de Memoryhouse, groupe au son très construit et sensible. J'espère moi aussi que le meilleur est à venir !

Anonyme a dit…

Très bon article faisant état des infinis espoir que l'on peut porter envers Memoryhouse.

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